Les humoristes invités au gala animé de Rachid Badouri, hier soir, au Théâtre Saint-Denis, s'étaient-ils donné le mot? Presque tous se sont présentés au public en complet ajusté, comme s'ils avaient pris part à une réception de mariage. Il était chic le gala de Badouri! Le premier du jeune humoriste berbère qui ne semble pas encore en revenir de s'être vu confier sa soirée d'humour, cette année au Festival Juste pour rire. Soit, on le rappelle, trois petites années après avoir été révélé sur la même scène, lors d'un gala animé par Louis-José Houde.

«Bienvenue dans mon gala! Je capote!» a lancé l'humoriste-carte-de-mode, au début d'un spectacle qui allait être plus une belle soirée entre humoristes qu'un véritable happening humoristique.

L'animateur n'a pas mis de temps pour rappeler qu'il est une bête de scène. Son gala s'est notamment ouvert avec un numéro de danse. Celui qui sait pointer en une phrase ou un coup de hanche les travers des Français, Haïtiens, Italiens et autres Vietnamiens s'est ensuite fait le porte-parole de plusieurs communautés culturelles. Pour le meilleur et pour le rire, il a notamment cédé SA scène à une brochette d'humoristes de toute origine, des artistes verts, pour la plupart, qui ne lui ont pas fait honte. «Je suis commandité par Le Château, a lancé le Laotien Metaya. Façon de parler: c'est ma famille qui coud leur linge!»

Badouri, qui a animé une soirée raisonnable (dans le sens d'accommodement...), l'an dernier, a eu l'idée de présenter, en début de gala, un humoriste qui ne l'est pas du tout (raisonnable, dans le premier sens du terme). Avec la hargne qu'il aime afficher sur scène, Jean-François Mercier s'est «attaqué» aux spectateurs qui ne sont pas ponctuels, en les regardant droit dans les yeux. Ça lançait bien une soirée (ou mal du côté des retardataires!) qui, somme toute, fut assez gentille, côté humour.

Il a fallu attendre en deuxième partie pour refaire vibrer nos tympans grâce à Cathy Gauthier qui manie à merveille l'humour «pas de classe» et qui a le don de nous faire rire en parlant de seins surdimensionnés.

Plus tôt, Stéphane Rousseau s'était mérité une ovation pour un numéro sur sa vieille tante Mary plus touchant que drôle. La brève présence de Louis-José Houde, venu présenter un nouveau venu dans l'univers de l'humour, relève plus du coït interrompu que du véritable stunt sur scène.

Quand la représentante de La Presse a quitté le Saint-Denis, heure de tombée oblige, Badouri venait de s'éclater sur scène avec l'excellent bruiteur Charlypop aux commandes. On suppose que l'animateur a quitté la scène, en fin de soirée, le sourire aux lèvres, fier d'avoir animé son premier gala. Un rêve de jeunesse.

Le gala de Rachid Badouri, ce soir, à 19h30, au Théâtre Saint-Denis.