En juin dernier, la première politique culturelle du Québec depuis 1992 a été présentée par le Parti libéral. Or, le thème de la culture s'est fait plutôt discret tout au long de la campagne électorale. La Presse a donc demandé aux quatre principaux partis de se prononcer sur les grands enjeux culturels.

Marie Montpetit - Parti libéral du Québec

Candidate du Parti libéral du Québec dans Maurice-Richard, ministre sortante de la Culture et des Communications et ministre sortante responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française

Comment favoriser la diversité sur les plateaux de tournage et les scènes du Québec?

L'objectif de favoriser la diversité est très important dans notre politique culturelle dévoilée en juin dernier. Mais il faut trouver un moyen de représenter la diversité tout en respectant la liberté de création et d'expression. Nous avons un volet voué à une meilleure inclusion de tous les talents. Le Conseil des arts et des lettres a mis en place un programme qui s'adresse aux Premières Nations et aux Inuits. Et la SODEC va mettre en place deux comités pour s'assurer que l'ensemble des programmes va répondre aux réalités et aux enjeux entourant la parité/diversité et les autochtones.

Que pensez-vous d'une politique du prix unique du livre?

C'est quelque chose qu'on a exclu dès le début de notre mandat en 2014. On voulait stimuler et augmenter la vente de livres québécois et favoriser la fréquentation des librairies, notamment des librairies indépendantes. Plutôt que d'opter pour la fixation d'un prix unique, on a adopté un plan plus large en avril 2015 en lançant le Plan d'action sur le livre, dans lequel on retrouvait 12 mesures avec un investissement de 15 millions. Dans la première année, les ventes des librairies indépendantes ont augmenté de 4,5 %. C'est encore fragile et il reste de nombreux défis, mais on est heureux d'avoir opté pour un plan plus vaste.

Tous les partis semblent s'accorder pour dire que les sorties culturelles scolaires sont un enjeu important. Mais comment les choisir et s'assurer qu'il s'agisse de choix éclairés?

J'ai mis un accent particulier là-dessus dans la politique culturelle. Il y a les sorties culturelles, mais aussi les activités culturelles en milieu scolaire, que ce soit l'impro, la musique, le théâtre, etc. On est venu conclure une nouvelle alliance avec des sommes très importantes redonnées et on élargit même aux CPE. Les écoles font leur planification annuelle auprès des organismes inscrits dans le répertoire des ressources en culture et éducation du Ministère. C'est donc déjà balisé. Les équipes-écoles sont les mieux placées pour déterminer ce qui répond aux besoins des enfants et doivent choisir dans ce répertoire. On ajoute 65 millions, mais on n'oblige pas les écoles à un nombre de sorties ou d'activités.

Quels autres moyens peuvent être mis en place pour s'assurer que les jeunes ont accès à la littérature québécoise?

L'automne dernier, on a donné près de 1 million supplémentaire pour l'ensemble des écoles pour acheter de la littérature jeunesse québécoise pour les classes du préscolaire, et de première à sixième année. L'idée était de regarnir les bibliothèques pour donner un accès aux enfants à cette littérature. Il est prévu aussi dans la stratégie Tout pour nos enfants qu'un journal périodique pour les enfants soit élaboré pour mettre en vedette des auteurs et illustrateurs québécois. Il y a aussi des capsules à Télé-Québec sur le site La CLEF, qui a été créé pour aider les parents avec leurs enfants dans l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.

De quelle manière comptez-vous combattre les géants du numérique américains?

On a été très rapides à s'engager à obliger les grandes plateformes à payer leurs taxes pour s'assurer d'une équité de l'ensemble des plateformes, internationales et québécoises. On a aussi mis des sommes considérables pour soutenir nos créateurs. Les joueurs doivent pouvoir évoluer rapidement sur le plan de la création, de la production et de la diffusion.

Quel est le plan du PLQ pour favoriser l'accès et le soutien à la culture en région?

Chaque région a sa personnalité et elle s'exprime beaucoup par sa dynamique culturelle, notamment par ses infrastructures. Dans la dernière année, on a annoncé la reconstruction du Théâtre de la Vieille Forge à Petite-Vallée pour permettre au festival de continuer, mais aussi la construction de la maison de la culture à Sainte-Anne-des-Monts ou la rénovation du Théâtre du Bic. On va poursuivre avec la gratuité des musées le premier dimanche du mois, une mesure très concrète et appréciée, spécialement en région. L'aide à la tournée des artistes est aussi importante. Nous avons bonifié l'enveloppe à la conservation du patrimoine religieux dans les régions du Québec et donné 28 millions aux régions pour développer leurs projets culturels.

Comment comptez-vous favoriser l'ouverture et le rapprochement avec les cultures autochtones?

Il y a une section particulière dans la politique culturelle. On avait procédé à une consultation auprès des nations autochtones. Il y a un besoin qui leur est propre sur le plan de leur reconnaissance, de leur culture et de la transmission de leur langue. L'idée est de s'assurer de soutenir des projets culturels pour les jeunes autochtones, notamment, qui leur permettent de mettre de l'avant leur art. Il y a aussi la question de la transmission des langues qu'on vient soutenir. On va développer ces projets avec les Premières Nations. L'objectif est de faire les choses ensemble, en mettant en place les lieux pour en discuter.

Quelles mesures spécifiques comptez-vous mettre en place pour remédier à la précarité des artistes?

On avait mis en place les premières lois sur le statut de l'artiste en tant que gouvernement et on a annoncé leur révision dans la nouvelle politique culturelle. On veut s'assurer de faire des changements fiscaux pour mieux répondre aux réalités des artistes qui comptent beaucoup de travailleurs autonomes. La sécurité au travail, la transition de carrière, la retraite, etc. Par exemple, on a annoncé une entente avec la Commission des normes du travail pour que les artistes du cirque ne soient pas seulement protégés quand ils sont en spectacle, mais aussi pendant les entraînements; 70 pistes de travail ont déjà été élaborées.

Claire Samson - Coalition avenir Québec

Députée sortante et candidate de la Coalition avenir Québec dans Iberville

Comment favoriser la diversité sur les plateaux de tournage et les scènes du Québec?

Le Québec est un bel exemple de diversité, mais on peut toujours faire mieux. Ça vient d'abord des décideurs, donc des réseaux de télévision. On sent de plus en plus une volonté de leur part d'aller en ce sens, alors ça va contribuer à encourager les producteurs et les auteurs à poursuivre dans cette voie. Je crois qu'il y a de la sensibilisation à faire. Cependant il est essentiel de protéger la liberté d'expression et de création. Pas question pour nous d'instaurer des quotas liés au financement sur la question de la diversité. Le programme de la SODEC 1+1 (pour atteindre la parité d'ici 2020) a peut-être de bons côtés, mais peut-on se permettre d'écarter un bon projet sur la base que le second ne remplit pas les conditions du 1+1 ?

Que pensez-vous d'une politique du prix unique du livre?

Ce n'est pas quelque chose qu'on soutient particulièrement. Il y a un travail à faire dans le milieu du livre, pour mieux appuyer nos libraires indépendants en soutenant l'achat local et en adoptant plein d'initiatives pour motiver le volet lecture au Québec. Mais de là à instaurer un prix unique... C'est une arme dangereuse.

Tous les partis semblent s'accorder pour dire que les sorties culturelles scolaires sont un enjeu important. Mais comment s'assurer qu'il s'agisse de choix éclairés?

Le pont entre éducation et culture est essentiel. Ce n'est pas nouveau pour nous, c'était déjà dans la plateforme en 2014. On va commencer par instaurer deux sorties gratuites par années pour les élèves du préscolaire, du primaire et du secondaire. Les enseignants et les équipes-écoles vont décider des sorties, pas les commissions scolaires. Ça peut être des sorties ou des invitations. Rien n'interdit d'inviter des peintres et des sculpteurs à parler aux élèves. Avec les technologies d'aujourd'hui, rien n'empêche un auteur de livre jeunesse de s'adresser à un ensemble de classes par vidéoconférence.

Quels autres moyens peuvent être mis en place pour s'assurer que les jeunes ont accès à la littérature québécoise?

On pourrait commencer à mettre à niveau nos bibliothèques scolaires. Ça fait dur dans bien des endroits! Pas juste à cause de l'allure des livres, mais aussi du fait que ce ne sont pas toujours des oeuvres récentes et pertinentes. On injecterait de l'argent pour ça. Avec le ministère de l'Éducation, on peut aussi s'assurer que la lecture des oeuvres québécoises est bien mise en valeur dans le programme scolaire.

De quelle manière comptez-vous combattre les géants du numérique américains?

Le Québec a complètement manqué son virage numérique. On va s'assurer que nos entreprises reçoivent le soutien nécessaire pour s'adapter à ce défi. L'industrie de la musique a été frappée de plein fouet par l'arrivée du numérique. Depuis des années, on a mis des millions et on n'a toujours pas réglé le problème. Je compte sur un outil très important dans le coffre à outils du gouvernent: Télé-Québec, qui n'est pas financé aujourd'hui comparé à ce qu'il était il y a 15 ans. Il est temps de s'en servir comme vitrine majeure pour les oeuvres télévisuelles, cinématographiques, mais aussi théâtrales et musicales. Ça vaut 150 fois Netflix, et il faut se servir de cet actif! Et si on est capable de diffuser en direct du hockey, on devrait aussi pouvoir le faire avec des oeuvres québécoises.

Quel est le plan de la CAQ pour favoriser l'accès et le soutien à la culture en région?

Je reviens avec Télé-Québec, qui dispose de tout ce qu'il faut pour refléter ce qui sera fait en région sur son réseau et de diffuser les grands créateurs de Montréal et Québec à travers la province. Il se fait des choses merveilleuses en région, mais on ne les voit pas! Il faut aussi aider les regroupements culturels en région.

Comment comptez-vous favoriser l'ouverture et le rapprochement avec les cultures autochtones?

C'est très complexe, car il y a 11 nations autochtones au Québec, donc 11 cultures distinctes. Imaginez-vous le défi de les développer et de les protéger quand on a déjà du mal à conserver la nôtre? Il faut commencer par respecter l'autonomie des nations et développer une littérature jeunesse en langues autochtones. Il est important qu'elles puissent protéger et transmettre leurs langues. J'aimerais aussi regarder le projet destiNATIONS plus à fond, qui est un futur carrefour international des cultures et des arts autochtones. Il y a peut-être moyen de faire mieux encore.

Quelles mesures spécifiques comptez-vous mettre en place pour remédier à la précarité des artistes?

Le gouvernement libéral a fait une étude [sur la loi 32, sur le statut des artistes] il y a quelques années qui a donné lieu au rapport L'Allier. Il a coûté des millions de dollars et s'est retrouvé sur une tablette. Il y avait des recommandations pas faciles à mettre en place, mais qui avaient beaucoup de sens. Il n'est pas normal après 30 ans de loi 32 sur le statut de l'artiste que les éditeurs et les écrivains n'aient toujours pas d'entente, que les artistes peintres payent encore pour être exposés. La survie de la musique est un autre beau cas. Je m'engage à revoir les deux lois à partir du rapport L'Allier pour améliorer la situation.

Que comptez-vous faire avec la politique culturelle dévoilée en juin dernier par Marie Montpetit?

Ça a pris quatre ans de consultation et trois ministres. On a été déçus que ça sorte quelques jours avant la fin de la session à l'Assemblée nationale. On s'engage à ce que les sommes d'argent dégagées pour cette politique soient maintenues. Cependant, les priorités pourraient changer, notamment si on veut que Télé-Québec devienne le navire amiral. Ce n'est plus le temps de faire des études comme le prévoit la politique, comme celle sur le statut de l'artiste. On a des outils, on est capables, avec des gens brillants et de la bonne volonté, d'y arriver!

PHOTO FOURNIE PAR LA COALITION AVENIR QUÉBEC

Claire Samson, députée sortante et candidate de la Coalition avenir Québec dans Iberville

Pascal Bérubé - Parti québécois

Député sortant et candidat du Parti québécois dans Matane-Matapédia

Comment favoriser la diversité sur les plateaux de tournage et les scènes du Québec?

Il est souhaitable qu'il y ait plus de diversité dans nos productions culturelles. Les producteurs y gagnent auprès de l'ensemble des Québécois, car ils ont intérêt à ce que tout le monde se sente représenté. C'est un débat qui devra avoir lieu à l'Union des artistes avec les créateurs et les institutions concernées. On ne propose pas de mesure à ce sujet, que ce soit coercitive ou d'incitation [financière].

Que pensez-vous d'une politique du prix unique du livre?

On veut instaurer une politique du prix plancher du livre pour protéger la diversité de notre littérature et la vitalité de nos libraires indépendants pour qui on a un préjugé favorable. Cette mesure évite que de grandes chaînes cassent les prix et ça fait en sorte que les gens peuvent continuer à aller chez leurs libraires indépendants qui proposent une belle diversité de livres québécois.

Tous les partis semblent s'accorder pour dire que les sorties culturelles scolaires sont un enjeu important. Que proposez-vous?

On propose le passeport culturel pour donner accès à la culture à l'école ou ailleurs. Remis aux élèves de troisième, quatrième et cinquième secondaire. Il comprendrait un crédit de 50 $ échangeable auprès des institutions participant au programme. On retrouverait bien entendu des productions québécoises de qualité qui siéent bien à l'auditoire d'adolescents.

Quels autres moyens peuvent être pris pour s'assurer que les jeunes ont accès à la littérature québécoise?

On prévoit offrir un livre québécois à chaque enfant, chaque année de l'école primaire. C'est une proposition de départ qui pourrait être bonifiée après discussion avec les partenaires du milieu comme les enseignants et les libraires.

De quelle manière comptez-vous combattre les géants du numérique américains?

On souhaite que les Netflix, iTunes, Spotify réservent une vitrine plus grande aux productions québécoises, voire un espace réservé. Ces entreprises y gagnent également. C'est relativement simple à faire selon les marchés: les câblodistributeurs le font déjà pour retrouver les productions québécoises plus facilement. Netflix a commencé à bouger, notamment avec l'humour, en enregistrant des captations à Montréal. On veut bien sûr qu'ils jouent selon les mêmes règles que les entreprises d'ici, pour une concurrence juste entre les joueurs du commerce en ligne. Ce qui passe par la perception d'une taxe de vente qui pourrait permettre de réinvestir en culture.

Quel est le plan du PQ pour favoriser l'accès et le soutien à la culture en région?

Le passeport culturel s'applique à l'ensemble des régions. Il va aider à éveiller l'intérêt pour les futurs consommateurs adultes. On veut aussi améliorer le système de tournée en redirigeant une partie du financement vers les diffuseurs régionaux. Il faut également inciter les leaders de chaque région à intégrer la culture dans leur stratégie de développement économique.

Comment comptez-vous favoriser l'ouverture et le rapprochement avec les cultures autochtones?

En 1985, le Parti québécois a été le premier à reconnaître les 11 nations autochtones. Au-delà de la controverse de cet été avec Kanata, on gagne à connaître ces peuples qui contribuent à notre identité. Lorsque ces oeuvres sont accessibles, il y a toujours de l'intérêt et ça permet de vaincre des préjugés. Le Québec doit beaucoup aux peuples autochtones et leur doit un support important. Il existe tout un circuit qui mérite d'être mis plus en lumière, comme le Wapikoni mobile pour le cinéma. En se concentrant sur le positif, on favorise le rapprochement entre les peuples.

Quelles mesures spécifiques comptez-vous mettre en place pour remédier à la précarité des artistes?

Lorsqu'on a rencontré les membres de la coalition «La culture, le coeur du Québec», une des premières questions qu'on leur a posées était sur le statut de l'artiste. On leur a demandé de revenir avec des mesures très concrètes sur comment on peut s'assurer que les artistes peuvent vivre de leur art, améliorer la prévisibilité de leur revenu, etc. Il est important d'évaluer comment faire en sorte que l'artiste soit le premier considéré quant au revenu de ses oeuvres, notamment en musique. Est-ce qu'on peut regarder les revenus engendrés par la culture et avoir une meilleure répartition? On est partants pour avoir ce débat.

Que comptez-vous faire avec la politique culturelle dévoilée en juin dernier par Marie Montpetit?

On a très bien reçu cette politique culturelle, c'est un bel exercice, bien fait. L'annonce est arrivée tardivement, mais l'important, c'est qu'on l'a! On ne veut que la bonifier. On veut surtout ajouter quelque chose au niveau du statut de l'artiste.

PHOTO FOURNIE PAR LE PARTI QUÉBÉCOIS

Pascal Bérubé, député sortant et candidat dans Matane-Matapédia pour le Parti québécois

Catherine Dorion - Québec solidaire

Candidate de Québec solidaire dans Taschereau

Comment favoriser la diversité sur les plateaux de tournage et les scènes du Québec?

On veut améliorer la diversité. Si QS gagne les élections, en tant qu'employeur, l'État, on veut embaucher 25 % de personnes des minorités visibles dans nos nouvelles embauches jusqu'à atteindre 13 %, soit la proportion de personnes racisées qu'on retrouve au sein de la population. Les institutions publiques culturelles seraient donc soumises au même quota. Mais sur les plateaux et les scènes, c'est autre chose, car la liberté artistique doit être préservée. On espère favoriser le dialogue en donnant l'exemple.

Que pensez-vous d'une politique du prix unique du livre?

C'est une excellente idée pour laquelle nous avons milité aux côtés des groupes de tout le milieu du livre qui sont unanimes. On a une spécificité très intéressante avec les librairies indépendantes au Québec. On a un rapport au livre différent alors on ne veut pas que seuls les Costco et Walmart survivent comme aux États-Unis. On appuie à 100 % une politique du prix unique.

Tous les partis semblent s'accorder pour dire que les sorties culturelles scolaires sont un enjeu important. Mais comment les choisir et les organiser?

On veut que les sorties culturelles fassent partie du cursus éducatif, que ça soit intégré dans le programme. On veut minimum quatre sorties par année au primaire et au secondaire. Les professionnels de l'enseignement seraient responsables de les choisir, on leur fait confiance pour déterminer les événements locaux qui vont intéresser leurs étudiants. Le tout gratuitement, bien évidemment.

Quels autres moyens peuvent être pris pour s'assurer que les jeunes ont accès à la littérature québécoise?

Les bibliothèques doivent être bien garnies. C'est extrêmement important. Yves Bolduc avait déclaré qu'il n'y avait pas un enfant qui allait mourir si on n'achetait pas de nouveaux livres dans les écoles. Il faut vraiment ne pas aimer la littérature pour dire quelque chose comme ça! Il faut renouveler l'offre.

De quelle manière comptez-vous combattre les géants du numérique américains?

Il faut s'assurer d'avoir un contrôle sur notre production. Comme l'ont un peu mollement proposé les libéraux récemment, demander à Netflix combien de contenu sera produit chez nous. Je pense qu'il faut avoir une part de responsabilité dans la production télé et cinématographique locale. Il faut absolument taxer les géants du web et du numérique. On avait proposé un projet de loi pour que toutes les compagnies ayant une présence numérique significative soient considérées comme étant établies au Québec et que les compagnies de cartes de crédit agissent comme mandataire du gouvernement pour prélever une taxe. Cela permettrait de financer nos productions. On veut aussi mettre 25 millions de dollars par année pour développer une plateforme locale comme Netflix qui serait Télé-Québec. On commencerait par remplir avec des émissions jeunesse.

Quel est le plan de QS pour favoriser l'accès et le soutien à la culture en région?

En plus de la politique culturelle des libéraux, on veut [qu'une somme] aille obligatoirement dans les régions. On sait que Montréal et Québec reçoivent un budget d'environ 300 $ par personne pour la culture alors qu'en région, on parle environ de 55 $. Il y a une injustice culturelle entre les régions et les villes. En région aussi, les artistes ont des choses à exprimer. On ajouterait pour cela 30 millions de dollars à cette section de la politique culturelle.

Comment comptez-vous favoriser l'ouverture et le rapprochement avec les cultures autochtones?

Il y a très peu de financement pour l'art autochtone et les demandes de subventions sont très dures à remplir. J'ai tourné un documentaire dans plusieurs communautés innues. Manon Massé connaît très bien Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador. On a même une candidate inuite dans Ungava. Ce qu'on a appris à travers ces liens-là, c'est que la première chose à faire n'est pas de lancer des mesures. Il faut développer des liens, une sensibilité commune, comprendre ce qui est demandé de leur part. Sinon on est pour toutes les mesures favorisant les créations des artistes autochtones déjà en place au Conseil des arts ou autres institutions.

Quelles mesures spécifiques comptez-vous mettre en place pour remédier à la précarité des artistes?

Les artistes gagnent en moyenne 21 000 $. On a affirmé qu'on débloquerait 4 millions pour un soutien aux travailleurs de la culture quand les revenus sont en dent de scie. On est à voir la manière dont cela sera distribué avec le milieu des arts. Ce n'est pas énorme, mais deux fois plus que ce que les libéraux promettent. QS veut ramener un filet social fort et des services universels. Beaucoup de ces mesures sont bonnes pour les artistes ayant un niveau de vie qui ont ce genre de données socioéconomiques. Ces mesures ne rentrent pas dans la sphère culturelle, mais vont leur permettre de ralentir de rythme pour faire des créations de qualité.

Que comptez-vous faire avec la politique culturelle dévoilée en juin dernier par Marie Montpetit?

On part de cette politique assez intéressante. On aurait voulu plus dans certains domaines. Nous, on ajouterait 90 millions aux 120 millions des libéraux. Disons qu'on fait monter la culture plus haut dans l'échelle des choses importantes.

Photo fournie par Québec solidaire

Catherine Dorion, candidate de Québec solidaire dans Taschereau