Une centaine d'artisans du milieu culturel, parmi lesquels l'écrivaine Margaret Atwood, le metteur en scène Dominic Champagne et le cinéaste Philippe Falardeau, transmettent une lettre ouverte au gouvernement du Canada pour l'inciter à protéger fermement la culture dans l'ALENA et même à y ajouter des dispositions concernant le numérique.

Certains d'entre eux ont rencontré la presse au cours d'une conférence, mercredi à Montréal, pour exposer leurs revendications dans le cadre de la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain.

Devant le vent de nationalisme protectionniste qui souffle sur les États-Unis, sous l'ère du président Donald Trump, «on est très inquiets de ce qu'il peut faire de la culture, après ce qu'on a vu hier sur Bombardier», a lancé Ronald Cameron, du Réseau québécois sur l'intégration continentale.

«Nos récents succès internationaux, plus particulièrement dans les domaines de la musique et de la littérature, sont attribuables aux règles en matière de contenu canadien. Ces dernières permettent à nos interprètes et à nos musiciens d'être entendus sur les ondes des radios canadiennes et d'accorder des subventions à nos auteurs et à nos maisons d'édition», écrivent les signataires.

Ils demandent donc au gouvernement du Canada de ne pas remettre en question les protections qui sont accordées aux industries culturelles et même d'adapter les dispositions aux plateformes numériques qui servent maintenant à la diffusion de la culture.

Le statu quo, disent-ils, ne suffit plus. «Les positions du gouvernement du Canada doivent être plus fermes», a tonné M. Cameron.

Netflix et cie.

La question de la taxation des Netflix, Amazon et Google revient inévitablement au menu, puisque leurs concurrents canadiens, eux, sont taxés et que les sommes ainsi amassées servent à mieux financer le contenu culturel canadien.

La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, s'est déjà montrée réticente à imposer une taxe à ces géants et a dit récemment préférer des ententes bilatérales.

L'un des signataires de la lettre ouverte, l'ancien président de l'Union des artistes et comédien Pierre Curzi, n'est pas du tout rassuré par ce choix de la ministre Joly.

«Ça nous fait peur; ça nous fait peur. Des ententes bilatérales, ça veut dire quoi? Ça veut dire qu'à la pièce, chacun va pouvoir aller négocier le régime qui lui convient?» s'est-il interrogé.

«Ce qu'on demande, c'est de l'équité. Et une équité, ce n'est pas basé sur des négociations à la pièce, c'est basé sur le respect d'un certain nombre de principes. Et le premier, c'est qu'il y ait une concurrence au niveau des taxes - la TPS et la TVQ devraient s'appliquer - et le deuxième, à mon sens, devrait être un retour sur les profits, que ce soit sous forme d'impôt ou autre. Ce qu'on privilégie, nous du milieu culturel, c'est qu'il y ait un retour dans le contenu», a plaidé M. Curzi.