S'il n'en tient qu'à Culture Montréal, les chefs des partis politiques fédéraux vont commencer à répondre à des questions «culturelles» pas plus tard que jeudi alors que, à trois semaines de l'élection, ils seront à la Maison de Radio-Canada pour un premier débat en français.

«Ces débats sont souvent l'occasion pour les chefs de présenter leur vision du pays», a rappelé Manon Barbeau, la présidente de Culture Montréal, qui présentait jeudi dernier sa plateforme de recommandations que le «mouvement citoyen non partisan» voit aussi comme un «plan de travail» pour le parti qui prendra le pouvoir.

«Nous aimerions que les chefs parlent de culture, mais aussi qu'ils répondent à des questions sur le sujet», a ajouté Mme Barbeau. Il y a fort à parier qu'au moins une question portera sur Radio-Canada, au centre de tous les questionnements «nationaux» depuis plus de 30 ans à cause de son importance dans l'histoire culturelle du pays. Qui la posera? Patrice Roy, enfant du sérail devenu chef d'antenne de RC, ou Yves Boisvert, notre éminent collègue de La Presse qui assurera par ailleurs la webdiffusion du débat à lapresse.ca?

Outre Radio-Canada, «carrefour de notre identité» envers lequel on demande un «engagement indéfectible» avec financement stable, adéquat et indexé, Culture Montréal réclame une stratégie culturelle numérique «pour favoriser la production, l'exportation et l'accès aux contenus culturels canadiens en ligne». Problématique vaste et complexe dont le noeud, argue-t-on, tient dans les redevances que les diffuseurs de contenus devraient payer aux créateurs. «Il faut une volonté politique...» Assurément, mais la seule volonté politique du Canada suffirait-elle à faire plier les géants supranationaux du net? Autre question, plus «canadienne»: comment la Commission du droit d'auteur peut-elle prétendre suivre la parade numérique quand elle met plus de deux ans à rendre une décision?

Ça faisait un peu drôle, par ailleurs, d'entendre les interpellations «numériques» lancées au Conseil des arts du Canada (CAC) que dirige maintenant Simon Brault, le cofondateur et, pendant plus de 10 ans, la dynamo de Culture Montréal... Le CAC, dit-on, tarde à arriver à l'ère numérique.

Quant à l'engagement du gouvernement fédéral pour Montréal métropole culturelle, Culture Montréal le voit dans la conservation du patrimoine et l'appui aux fêtes du 375e anniversaire de la ville qui coïncide, rappelle-t-on, avec le 150e anniversaire de la Confédération canadienne (voir culturemontreal.ca pour la plateforme complète).

Comme think tank, Culture Montréal a fait ses devoirs pour bonifier cette plateforme que l'organisme veut «ouverte et évolutive». Rencontrés par les membres de son comité politique, les représentants du Parti libéral et du NPD se sont montrés, nous dit-on, au fait des problématiques et ouverts. Bon début auquel pourraient s'ajouter un ou deux éléments précis au débat de jeudi.

Entre-temps, le magazine La Scena Musicale présente, ce soir, à la Chapelle du Bon-Pasteur (19h), un débat sur les arts et la culture réunissant quatre candidats à l'élection du 19 octobre. Ce sont: Pierre Nantel, ancien producteur de disques devenu député NPD de Longueuil-Saint-Hubert et critique de son parti en matière de culture et de patrimoine; l'humoriste Jean-Claude JiCi Lauzon, candidat du Parti vert dans Pierre-Boucher-Les Patriotes-Verchères; Stéphane Dion, ancien chef du Parti libéral du Canada et député de Saint-Laurent-Cartierville; Sophie Stanké qui, après deux défaites sous la bannière péquiste, se présente pour le Bloc québécois dans Châteauguay-Lacolle.

Le débat se déroulera en français et en anglais. Il faut se procurer des billets (debate@lascena.org). Sera-ce drôle, laid ou les deux?

Un automne à Pékin

Des 18 entités qui comptent des représentants dans la mission commerciale québécoise qui s'envole pour la Chine aujourd'hui, huit évoluent dans la création artistique, le divertissement ou l'événementiel.

Accompagneront le ministre Jacques Daoust (Économie, Innovation et Exportations) dans sa mission chinoise: le facteur d'orgues Casavant Frères de Saint-Hyacinthe (Grand Orgue Pierre-Béique de la Maison symphonique); le producteur de spectacles équestres Cavalia, qui montera bientôt son chapiteau à Zhengzhou; le studio d'animation CinéGroupe; le concepteur d'éléments scéniques Show Canada; le concepteur d'expositions gsmprjct° Création, qui a conçu le pavillon du Canada à l'expo de Shanghai en 2010; l'agence Circo de Bakuza, spécialisée dans l'événementiel; le créateur de divertissement QuébéComm (Madonna et Céline Dion sur les plaines d'Abraham); le créateur de jeux aquatiques Vortex.

Devant cette forte représentation, on ne peut que remarquer l'absence d'un représentant de l'un des grands festivals, signature internationale de Montréal Métropole culturelle dont on sait aussi, pour l'avoir maintes fois entendu, que l'expertise est exportable. On pourra par contre se dire que la présence de «Montréal ville de festivals» est assurée par Michel Leblanc, le nouveau président du conseil de Montréal en lumière qui fait partie de la mission à Pékin en tant que président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Le ministre Daoust, pour sa part, a déjà indiqué qu'il allait rencontrer la direction de Fosun Capital Group, le nouveau propriétaire majoritaire du Cirque du Soleil, pour s'enquérir des intentions de la société quant à l'évolution des activités du Cirque à Montréal.

Notons finalement qu'une autre mission commerciale, dirigée par le maire de Montréal, celle-là, se rendra en Chine au début de novembre. Denis Coderre décidera-t-il d'écrire sa propre version d'Un automne à Pékin en déboulonnant au marteau-piqueur la statue de Mao? On va suivre ça sur Twitter...