Les programmations mises à part, quels événements ou quelles personnalités pourraient marquer la rentrée culturelle?

L'élection fédérale du 19 octobre, qui mettra fin à la plus longue campagne de l'histoire politique canadienne, apparaît comme la grosse affaire de l'automne, bien que la culture n'y occupe pas une grande place. Et cela ne devrait pas changer beaucoup au cours des quatre prochaines semaines... Au début de la campagne, la Fédération culturelle canadienne-française (fccf.ca) a été la première organisation à rendre publique sa plateforme qui s'articule autour de trois «priorités»: la culture comme pilier de développement («au même titre que l'éducation, la santé et l'économie»); le financement du secteur; la «bonification» des budgets des grandes institutions culturelles fédérales telles le Conseil des arts et Radio-Canada, qui reste au centre de tout questionnement culturel au Canada.

Culture Montréal, «mouvement citoyen pour les arts et la culture», publie sa plateforme jeudi, et il devrait y être question des moyens mis de l'avant pour affirmer la place de Montréal comme métropole culturelle et des fêtes du 375e anniversaire.

Nous reviendrons bientôt sur ces questions «électorales» quand, avec le fil d'arrivée en vue, les partis choisiront, ou seront forcés, de préciser leur «pensée» culturelle - si tant est qu'ils en ont une - et de chiffrer leurs promesses.

Et les livres?

Entre-temps, Victor-Lévy Beaulieu tente d'organiser la résistance à la nouvelle directive du ministère du Patrimoine qui exige de tout éditeur subventionné par le Fonds du livre du Canada qu'il «reconnaisse l'appui du gouvernement du Canada en anglais et en français». Cette «bilinguisation», argue l'écrivain de Trois-Pistoles, va à l'encontre de la loi 101, mais M. Beaulieu se dit bien seul de son camp. Après avoir souligné que l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) se disait «préoccupée», le fougueux éditeur s'en prend à l'Union des écrivaines et des écrivains, «ce club de voyages que finance allègrement le gouvernement fédéral, [qui] est restée muette comme la carpe qu'elle est».

Dans le commerce du livre, par ailleurs, il faudra suivre l'évolution de Renaud-Bray, devenu le seul gros acteur du marché avec l'aval du Bureau de la concurrence du Canada qui vient d'accepter la transaction avec Québecor, faisant passer chez Renaud-Bray les 14 magasins de la chaîne Archambault.

Les questions sont nombreuses. Quelle influence le nouveau géant aura-t-il sur le marché du livre et le marché du disque? Dans sa nouvelle position de force, comment se comportera Blaise Renaud, un héritier que l'on sait porté à l'affrontement?

Spectacles, tourisme et le Conseil des arts

Dans un tout autre ordre d'idées, l'intégration de l'Équipe Spectra et d'evenko, les deux filiales spectacles du groupe CH de Geoff Molson, se poursuit. Après les opérations de promotion - Montréal en lumière (Spectra) nous invitait par exemple à suivre le festival de cuisine urbaine YUL EAT (evenko), présenté le week-end dernier dans le Vieux-Port ­ -, le processus de rationalisation touchera les ressources humaines. Cette étape pourrait se traduire par des pertes d'emplois chez Spectra, qui produit entre autres le Festival de jazz, les FrancoFolies et Montréal en lumière.

À la suite des nominations récentes, il sera intéressant de voir comment Liza Frulla abordera son mandat à la tête de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec. Quand on connaît l'ancienne ministre du Patrimoine canadien, on se dit que la culture «gastronomique» de l'ITHQ pourrait connaître de profondes transformations au cours des prochains mois... 

Autre question d'intérêt: qui remplacera Stéphan La Roche à la direction du Conseil des arts et des lettres du Québec, un poste de la plus haute importance culturelle? On sait que M. La Roche, un proche du Parti québécois qui avait été nommé à la tête du CALQ il y a 30 mois, a accepté la semaine dernière le poste de PDG des Musées de la civilisation, à Québec.

Québec, oui, la capitale où plusieurs se demandent qui sera le premier artiste québécois à faire salle comble au nouveau Centre Vidéotron, inauguré cette semaine. Vous en voyez d'autres que Céline?

Auditorium 75 

Iron Maiden s'y est produit deux fois, en 1982 et 1983. D'autres groupes de même allégeance ont suivi : Mötley Crüe, Metallica, Motörhead, Megadeth et Ozzy Osbourne, deux fois lui aussi. Est-ce que ça fait de Verdun une ville de métal, comme Guy A. Lepage le disait cette semaine de Québec? En se défendant d'être «baveux»... En 1993, l'Auditorium de Verdun a élargi la palette, en s'ouvrant d'abord au grunge avec Nirvana et Pearl Jam, et Bob Dylan y a chanté aussi dans le temps qu'il faisait les petits arénas (1996). Plus tard, Verdun a reçu les Backstreet Boys, Bad Religion, Foo Fighters. Ouvert au début de la Deuxième Guerre (1939), l'Auditorium de Verdun fête cette année ses 75 ans et la grande fête a lieu samedi avec, en soirée, le spectacle Auditorium 75, une rétrospective musicale menée par les Porn Flakes, des gars de party à qui se joindront notamment Lulu Hughes et deux anciens de La voix, Fred Lebel et Rémy Chassé. L'entrée est gratuite, mais il faut se procurer des laissez-passer, à l'Auditorium même (4110, boul. LaSalle) ou sur le réseau Admission. Faites vite.