Porte-parole de la 17e édition de Parle-moi d'amour, une exposition doublée d'un encan au profit de l'organisme Les Impatients, le comédien James Hyndman estime que, bien que les choses aient évolué, la santé mentale demeure taboue au Québec.

Février s'en vient, et avec lui, l'exposition hivernale Parle-moi d'amour des Impatients. Une exposition qui sera suivie d'un encan servant à financer les ateliers de l'organisme, qui a pour mission de favoriser l'expression artistique (dessin, peinture, musique) chez les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale.

Près de 300 oeuvres de participants aux ateliers sont exposées au grand public lors d'un encan silencieux. Suivra un encan crié d'une vingtaine d'oeuvres choisies, le 18 mars.

Au fil des années, outre les participants des Impatients, plusieurs artistes ont collaboré à l'événement et ainsi contribué à le faire connaître. Mentionnons Dominique Blain, René Derouin, Cynthia Girard, Stéphane La Rue, Francine Savard, Marc Séguin...

Fondé par Lorraine Palardy, et maintenant dirigé par son fils, Frédéric Palardy, l'organisme, qui a ses pénates rue Sherbrooke, à Montréal, prend désormais de l'expansion en région. Ce sont autant de nouveaux ateliers qui permettent aux personnes atteintes d'une maladie mentale (dépression, troubles de la personnalité, comportement «borderline») de s'exprimer par la création.

Fragile psyché humaine



Depuis son enfance, James Hyndman est sensible à la différence ainsi qu'au sort réservé aux personnes vulnérables dans la société. Son frère cadet Bernard, mort il y a trois ans, était atteint de trisomie. Ainsi, lorsque l'organisme lui a demandé, il y a quelques années, d'écrire une lettre dans le recueil 1000 mots d'amour, l'acteur a tout de suite accepté l'invitation.

Par la suite, il s'est impliqué dans diverses activités-bénéfices pour la fondation. Depuis deux ans, Hyndman est porte-parole de Parle-moi d'amour.

«C'est une cause qui me tient à coeur, dit-il en entrevue à La Presse. On a évolué depuis 40 ans au Québec. Mais il reste encore bien du travail à faire. La maladie mentale demeure taboue par rapport à d'autres maladies "physiques". Les gens sont pris de court lorsqu'un proche tombe malade. Le regard de l'entourage change subitement.»

Selon le porte-parole, les frontières entre la santé et la maladie mentales peuvent être floues. «Ça peut basculer, c'est mouvant et fragile, la psyché humaine.»

Lorsqu'on fait remarquer à l'acteur que la ligne entre génie et folie est parfois ténue, il hésite à faire le parallèle. «Pour moi, le travail des Impatients et le rôle de l'art brut ne correspondent pas à l'image du poète maudit qui souffre pour créer une oeuvre. Ça résonne plus à un niveau humain; ça interpelle plus l'homme que l'acteur.»

L'art, selon Hyndman, est d'abord un excellent moyen de communiquer, de sortir de la solitude dans laquelle les personnes atteintes de maladies mentales s'enferment. «Parler fait du bien, tout comme s'exprimer au moyen des mots, d'un pinceau, de la musique. Ces gens doivent pouvoir partager, comme nous. Et échanger avec les autres.»

Aux yeux de l'acteur, l'atelier des Impatients, au-dessus de la Chapelle historique du Bon-Pasteur, est «un espace de soleil».

«C'est un lieu très beau et invitant orné de vieilles mansardes et de fenêtres avec vue sur la ville. En général, on réserve les espaces beaux et chaleureux aux nantis et aux bien portants, tandis que les malades sont dans des espaces froids et cliniques. C'est dommage», déplore James Hyndman.

James chez Denis Côté



Côté professionnel, le nouveau papa d'un garçon de 7 mois jouera dans Boris sans Béatrice, le prochain long métrage du cinéaste Denis Côté (Curling). Le tournage est prévu pour l'été prochain.

«C'est un premier rôle et c'est la première fois que je collabore avec Denis, se réjouit Hyndman. Le film racontera l'histoire d'un homme riche et reconnu qui a atteint tous ses buts. Or, le jour où il apprend que sa femme est malade, cet homme se voit confronté à ses certitudes, à des remous intérieurs. Il vit une sorte de crise existentielle. Mais puisque c'est du Denis Côté, ce ne sera pas une midlife crisis comme on a l'habitude d'en voir au cinéma (rires).»

À la Chapelle historique du Bon-Pasteur du 4 février au 18 mars.

Les Impatients en région

L'organisme Les Impatients déploie beaucoup d'énergie pour répondre à la demande d'ateliers en région. Présentement, il y a cinq lieux des Impatients à Montréal et aussi des ateliers à Drummondville, dans les Laurentides, à Saint-Lambert et bientôt à Joliette. Le directeur général de l'organisme, Frédéric Palardy, se réjouit de ce développement, 20 ans après la naissance de la Fondation. Les ateliers en région organisent aussi cet hiver des expos-encans dans leur ville respective.

Parle-moi d'amour à Drummondville - 2e édition, jusqu'au 17 février

Parle-moi d'amour dans les Pays d'en Haut - 7e édition, du 29 janvier au 19 février à Piedmont

Parle-moi d'amour au Centre Wellington - 4e édition, du 8 avril au 13 mai, avec l'Institut Douglas

Information: impatients.ca