Les organisateurs du Moulin à paroles ont été tellement touchés par la réaction du public il y a deux ans qu'ils ont décidé d'organiser un nouvel événement dans le même esprit.

C'est-à-dire une prise de parole collective, qui se déroulera de midi à minuit, le 7 avril prochain au Monument-National. Cette fois, on ne lira pas les textes qui ont marqué l'histoire du Québec, mais les textes originaux de plus de 70 participants qui ont voulu répondre à la question des organisateurs : « Comment rendre visible, opérante, la liberté qui nous caractérise et qui nous échappe en même temps? La révéler?»

C'était jeudi qu'on dévoilait ce projet très spécial, intitulé « Nous? », dans un bar de la rue Rachel, en présence des concepteurs (Sébastien Ricard, Brigitte Haentjens, Pierre-Laval et Jean-Sébastien Pineault, Jean-Martin Johanns) et de nombreuses personnes qui ont accepté d'y participer - Alexis Martin, Denise Boucher, Évelyne de la Chenelière, Camil Bouchard, entre autres, étaient présents. Sur place, des affiches où l'on pouvait lire : « Nous sommes arrivés à ce qui commence »...

Cette journée de lecture publique qui durera douze heures est une invitation à « la réflexion sur l'état du Québec et de sa démocratie » et tout le monde est invité à y participer.

Vraiment tout le monde, insiste Sébastien Ricard - qui portait son carré rouge en appui aux étudiants - même si le « texte fondateur » du groupe expose ses partis pris.

On peut y lire : « La puissance révolutionnaire est intacte au Québec. L'esprit de liberté qui l'innerve et s'en nourrit s'est manifesté tout au long de notre histoire. Ce serait même ce qui nous caractérise essentiellement. Enclavés dans un milieu qui diffère du nôtre sur les plans historique, culturel, politique et social, nous sommes animés d'un mouvement propre qui résiste à l'enfermement et révèle, « au-delà d'une uniformité institutionnelle et d'un lien juridique artificiel entre nous et les autres, le phénomène bien plus profond de notre indépendance (Pierre Vadeboncoeur) ».

« Puisque nous réfléchissons sur la démocratie, nous laissons la libre parole à tous, note Brigitte Haentjens, en ajoutant que des participants vont lire leurs objections à ce texte fondateur.

« Voir des gens en chair et en os prendre la parole, c'est ce qui est le plus important, c'est la force de l'événement. Nous n'allons pas distribuer de carte de partis. »

C'est pourquoi aussi  aucun politicien n'a été invité à cet événement qui se veut citoyen, souligne Sébastien Ricard. «Pour ce projet, nous sommes sortis de notre cercle immédiat » ajoute-t-il. Il n'y aura donc pas que des artistes, même s'ils forment la majorité des 70 participants, mais aussi des professeurs, des sociologues, des journalistes, des économistes, des militants, etc.

Le point d'interrogation de « Nous? » n'est pas innocent. Le but est de s'interroger sur le collectif. Qui est ce nous? Que voulons-nous?

Pour Brigitte Hantjens, ce « nous » baigne dans un « discours marchand et complaisant,  une langue de bois perpétuelle. Ce sont toujours les mêmes individus qui sont sur la place publique, les mêmes intellectuels qui prennent la parole.

On a tenu pour acquis que le peuple en a assez d'entendre parler d'indépendance, de liberté, de démocratie, qu'il doit tout le temps applaudir le succès du Cirque du Soleil à l'étranger pendant qu'ici, il y a des problèmes.»

Sébastien Ricard l'avoue, le « momentum » est bon avec les manifestations étudiantes en cours ou l'appel à la mobilisation générale de Dominic Champagne le 22 avril.

« Ça fait un an qu'on prépare ce projet, nous n'avions par prévu qu'il allait se dérouler dans ce contexte! »

L'événement « Nous? » sera-t-il un bourgeon de plus dans ce « printemps québécois » que plusieurs espèrent? C'est ce que nous verrons le 7 avril. À noter que « Nous? » sera diffusé en direct au Canal Vox, de midi à minuit, et que les citoyens sont invités à se prononcer sur les réseaux sociaux.

« Nous? », le 7 avril au Monument-National, de midi à minuit. Entrée gratuite.