Le colloque sur la participation culturelle piloté par Montréal Culture a pris fin hier après deux jours de conférences. Les nombreux exposés portaient essentiellement sur le profil des consommateurs de culture, notamment sur les publics issus de l'immigration, mais aussi sur les pratiques numériques des jeunes, qui bousculent les habitudes de fréquentation des lieux culturels.

«Nous n'avons qu'une vision partielle de la participation culturelle, dit Simon Brault, président de Culture Montréal. On réalise aujourd'hui qu'il y a un mouvement migratoire immense d'une partie de la culture vers le web et les médias sociaux. Et qui attire, entre autres, les jeunes issus des communautés culturelles.»

La vidéaste Myriam Verreault en a fait la preuve en présentant son webdocumentaire Ma tribu,c'est ma vie, produit par l'ONF, qui mesure l'impact de l'internet auprès de huit personnes qui ont en commun leur attachement à un style musical. «J'avais le souci de montrer que l'internet peut avoir des effets positifs. De toute façon, son impact sur notre manière de communiquer est irréversible. À la fin, on voit bien qu'il y a au moins huit manières d'utiliser l'internet.»

Des bibliothèques repensées

Même son de cloche de la part de la directrice de la bibliothèque Gabrielle-Roy, Marie Goyette, qui estime que les bibliothèques publiques, en tant que premiers diffuseurs de culture, ont l'obligation de réaménager leurs lieux pour s'adapter aux besoins des jeunes. Ordinateurs, livres électroniques, bédés et mangas doivent compléter l'offre de prêts de livres, selon elle.

«Nos lecteurs deviennent des blogueurs, a-t-elle dit. Même la notion de silence peut être remise en question. La bibliothèque devrait être un lieu d'échanges, pas de silence. On peut bien sûr aménager des espaces silencieux, mais il faut repenser notre modèle. On sait que plus les gens sont actifs sur l'internet, plus leur participation culturelle est importante.»

Cette participation culturelle se fait de plus en plus sur le web, où la frontière entre les amateurs et les professionnels est plus diffuse que jamais. Plusieurs jeunes refusent aussi les codes des lieux officiels comme les théâtres et les musées. Ils ne sont pas passifs pour autant. «Les jeunes consomment différemment, croit Simon Brault. Ils produisent leurs propres contenus artistiques et culturels. Ils ne sont pas inactifs. Ils ne regardent pas la télé!»

Selon le président de Culture Montréal, le milieu culturel professionnel, subventionné, ne parvient plus à augmenter ses parts de marché. «Il y a une culture non officielle qui est de plus en plus dominante et qui nous échappe, regrette-t-il. Même les statistiques officielles que nous colligeons ne tiennent pas compte de cette réalité.»

Que faire alors? Simon Brault croit qu'il faut établir des ponts avec cette clientèle, sans la forcer à fréquenter les lieux culturels officiels. «C'est un wake up call. C'est change ou meurs! On ne peut pas continuer d'ignorer toute la vitalité de l'expression culturelle sur le web. Nous devons prendre de nouvelles mesures statistiques et mettre de l'avant des projets en ce sens.»