Le jazz américain a perdu l'une de ses dignes représentantes, la chanteuse Abbey Lincoln. Elle s'est éteinte à New York, à l'âge de 80 ans.

Dans les années 50 et 60, Abbey Lincoln a enregistré de nombreux disques et tourné dans plusieurs films, dont «Mon homme» avec Sydney Poitier. Elle avait trouvé un second souffle comme auteur de chansons dans les années 90.

Au cours de sa longue carrière, Abbey Lincoln a collaboré musicalement avec le batteur Max Roach, qu'elle avait épousé en 1962, avant de divorcer.

Plus tard, elle devait prendre la tête des palmarès avec des albums comme «You Gotta Pay the Band», enregistré avec Stan Getz, et «Devil's Got Your Tongue», dans lequel elle fustigeait certains rappeurs, humoristes ou réalisateurs qu'elle accusait de faire de l'argent sur le dénigrement de la culture noire.

Abbey Lincoln, de son vrai nom Anna Marie Wooldrige, était née en 1930, au sein d'une famille modeste de 12 enfants dans le Michigan rural. Elle avait découvert très tôt la musique, apprenant toute seule à jouer du piano. Adolescente, elle avait travaillé comme employée de maison, avant d'entrer dans le circuit des clubs à Honolulu puis Los Angeles, où elle avait commencé à se produire dans les années 50.

Elle s'était fait connaître par sa voix autant que pour sa beauté, révélant ses formes dans des robes moulantes sur les couvertures de ses premiers albums. Dans «La Blonde et moi», un film de 1956 avec Jayne Mansfield, elle apparaissait dans le même fourreau pailleté que Marylin Monroe dans «Les Hommes préfère les blondes».

Après sa rencontre Max Roach, elle avait tourné le dos à cette image glamour et milité ardemment pour les droits civils. Elle arborait coiffure et tenues afro et avait donné à sa musique un ton plus politique. Fruit de sa collaboration avec Max Roach et Oscar Brown Jr, «We Insist! (Freedom Now Suite)» en 1960 était un plaidoyer contre le racisme.