La crise économique risque de faire d'autres victimes dans le milieu culturel: certaines bourses, décernées par le Conseil des arts du Canada à des artistes, semblent en effet menacées.

C'est du moins la crainte énoncée par la Conférence canadienne des arts (CCA). «Les fondations qui financent plusieurs des prix gérés par le Conseil souffrent de la chute des cours en Bourse et il faut s'attendre à ce que certains des montants alloués soient à la baisse ou même que la remise de certains prix soit suspendue pour une période indéterminée», écrit-on dans un bulletin informatif publié cette semaine.

 

«Le Conseil des arts a reçu, au cours des années, beaucoup d'argent qui provenait de fonds de dotation, a ajouté le directeur général de la Conférence, Alain Pineau, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse, hier. Tout ça est dans une certaine mesure menacé. Sans tomber dans la panique, il faut garder les yeux ouverts.»

Chaque année, le Conseil des arts du Canada, en reconnaissance aux gens qui travaillent notamment dans les domaines de la littérature, des arts de la scène ou encore de l'architecture, remet plus de 80 bourses et prix totalisant un montant de 3,5 millions. Il octroie également 7000 subventions à des organismes culturels et à des artistes, pour un total de 120 millions. L'Orchestre symphonique de Montréal, la Compagnie Marie Chouinard ou encore le Musée des beaux-arts figurent sur la liste des organismes qui reçoivent des dons.

Une part des fonds de dotation, dont les rendements sont affectés par la présente crise, sert à financer à la fois les bourses et les subventions, mais c'est une portion minime, tient à souligner le vice-président du Conseil des arts, Simon Brault. «On va essayer de faire en sorte que cette crise affecte le moins possible les artistes», assure-t-il.

Pour le moment, M. Brault assure que le Conseil, qui doit tenir une réunion en décembre, n'a pas encore envisagé de suspendre des bourses ou des prix. «On en n'est pas encore là», mentionne-t-il.

D'autres craintes

Par ailleurs, Alain Pineau de CAC souligne que plusieurs organismes culturels du pays s'inquiètent de voir la crise financière frapper dans d'autres secteurs. «Ils se demandent si le gouvernement ne se servira pas de la crise comme prétexte pour couper dans d'autres programmes.»

À la fin de l'été, le gouvernement Harper a sabré dans le budget de 15 programmes destinés aux arts pour un total de 45 millions $. Or, en raison de l'annulation de programmes comme PromArt et Routes commerciales, qui visent à favoriser le rayonnement de la culture québécoise et canadienne sur la scène internationale, plus de 600 représentations pourraient être annulées l'an prochain, selon les données d'un sondage réalisé par la Conférence internationale des arts de la scène (CINARS) auprès de 220 compagnies de théâtre, de danse et de musique du pays. Et le nouveau ministre du Patrimoine, James Moore, a confirmé cette semaine qu'il n'avait pas l'intention de remplacer ces deux programmes.

Autre interrogation: le gouvernement fédéral décidera-t-il de donner aux provinces tous les pouvoirs en matière de culture? Selon M. Pineau, cette nouvelle façon de faire ne serait pas souhaitable. «Avoir deux sources de financement, c'est mieux que d'en avoir une seule.»