Près d'un mois après sa nomination, le ministre du Patrimoine, James Moore suscite déjà la grogne. Alors qu'il confirmait cette semaine sa décision de ne pas remplacer les programmes PromArt et Routes commerciales, il tarde toujours à s'asseoir avec les représentants du milieu culturel québécois pour discuter des coupes effectuées par son gouvernement.

M. Moore venait à peine d'arriver en poste que différentes associations d'artistes sollicitaient déjà des rencontres avec lui. Or, ces réunions, qui visaient notamment à trouver des solutions pour palier aux coupes de 45 millions en culture qui ont notamment mené à l'abolition de PromArt et de Routes commerciales n'ont toujours pas eu lieu.

 

De plus, l'ex-ministre du Patrimoine, Josée Verner avait déjà affirmé, peu de temps avant le déclenchement de la dernière campagne électorale fédérale, que de nouveaux programmes visant à aider les artistes à l'étranger seraient mis en place. Visiblement, M. Moore en a décidé autrement.

Le président de l'Union des artistes (UDA), Raymond Legault, s'explique mal comment le ministre peut prendre une telle décision alors qu'il n'a pas discuté avec le milieu culturel à ce sujet. «On avait pourtant un espoir de ce côté-là, admet M. Legault. Mais là, c'est comme se faire ouvrir une porte qui se referme aussitôt.»

Même son de cloche du côté de l'Institut national de l'image et du son (INIS) où le directeur général, Michel G. Desjardins, ne cache pas son inquiétude. «L'annonce de M. Moore est peut-être une stratégie pour ne pas avoir à rencontrer les organismes culturels», souligne-t-il.

Dans la foulée des différentes compressions, le gouvernement conservateur a annoncé au cours de l'été que le Programme de formation dans le secteur du film et de la vidéo (PNFSV), qui permettait à l'INIS de bénéficier de 900 000 $ par année, serait également aboli. À la suite de l'annonce du ministre cette semaine, M. Desjardins craint qu'Ottawa renonce également à trouver des mesures de substitution au PNFSV. «Aurons-nous l'occasion de nous expliquer?» se demande-t-il.

Le Conseil québécois du théâtre va plus loin en accusant littéralement le gouvernement Harper de plonger «volontairement les milieux artistique et culturel dans la pauvreté».

«Ce gouvernement nous a menti de façon éhontée en disant qu'il n'y aurait pas de vide et que ces programmes seraient remplacés», a déclaré par voie de communiqué, le président du Conseil, Martin Faucher. C'est indigne d'un gouvernement, quel qu'il soit.»