Le milieu culturel reste aux aguets. À la lumière du résultat des élections de mardi, les artistes sont convaincus que leurs moyens de pression ont porté fruits mais ils sont conscients que la bataille n'est pas gagnée puisque les conservateurs sont toujours au pouvoir.

Des manifestations. Un spectacle d'appui. Des clips diffusés sur l'internet. La grogne des artistes envers le gouvernement Harper, qui a coupé dans de nombreux programmes destinés à la culture, s'est fait sentir tout long de la campagne. Malgré tout, les conservateurs ont fait élire 10 députés au Québec, soit à peine un de moins qu'avant la dissolution du Parlement.

Plusieurs leaders montréalais s'inquiètent par ailleurs de la disparition de Michael Fortier, comme promoteur de la culture et défenseur de Montréal, au sein du cabinet conservateur. La présence de Josée Verner au ministère du Patrimoine canadien est également remise en question. Mais tous s'entendent pour dire que le dossier de la culture ne peut tout simplement plus être ignoré du gouvernement conservateur.

La mobilisation a-t-elle vraiment eu un effet sur le vote ou a-t-elle été un coup d'épée dans l'eau? Voici quelques réactions recueillies par La Presse.

«Pour la première fois de ma jeune vie, j'ai senti qu'un groupe de personnes partageaient une même vision de ce que pourrait devenir ce pays. Ce qui s'est passé en nous a éveillé une force commune. Mais il ne faut pas que ça s'arrête.» - Anaïs Barbeau-Lavalette, réalisatrice du Ring et instigatrice du site internet Unissons nos voix

«Il est primordial que les intérêts de Montréal soient représentés au sein du cabinet du premier ministre du Canada. Il est indéniable que la deuxième ville en importance au Canada et la métropole du Québec a un rôle important à jouer comme moteur de développement économique, social et culturel.» - Gérald Tremblay, maire de Montréal

«Je pense qu'au Québec, la mobilisation a porté fruits. Ce dont je suis fier, c'est qu'on a parlé beaucoup d'art et de culture à l'intérieur de la campagne. Mais tout reste encore à faire. On se retrouve un peu comme avant les élections.» -Raymond Legault, président de l'Union des artistes

«Est-ce qu'il y a eu des élections? C'est le même résultat qu'avant. On doit donc continuer. Si c'est un gouvernement un tant soit peu démocratique, il doit prendre contact avec le milieu des créateurs.» - Jean-Pierre Lefebvre, président de l'Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec

«C'est clair que la réaction du milieu culturel a eu de l'influence sur le vote. Mais le problème des coupes dans les programmes demeure. On va devoir reprendre notre bâton de pèlerin pour demander le rétablissement de ces programmes.» - Jean Hamel, directeur des communications à l'Institut national de l'image et du son, qui perdra plus de 900 000 $ par année par suite des compressions.

«Il faut investir frénétiquement en culture. Ça comprend le Quartier des spectacles et le soutien aux créateurs. Pour défendre ces dossiers, ça prend quelqu'un qui a une forte présence au caucus des députés et à la table des ministres.» - Isabelle Hudon, présidente de la chambre de commerce du Montréal métropolitain

«La culture ne fait pas gagner des élections, mais elle peut en faire perdre. Le secteur a besoin de quelqu'un d'autre au Patrimoine canadien. Ça prend quelqu'un qui a des qualités exceptionnelles.» - Liza Frulla, ancienne ministre à Ottawa et à Québec

«C'est clair qu'il y a eu une incidence, mais je ne fais aucun autre commentaire. Je suis allé au bâton. Maintenant, je rentre dans mes terres, mais je continuerai mes actions sociales, dans la lutte contre la pauvreté notamment.» - Vincent Graton, comédien