La ministre du Patrimoine du Canada, Josée Verner, est catégorique : les compressions budgétaires dans le domaine de la culture n'intéressent pas les citoyens sur le terrain. «Les gens ne m'en parlent pas. Et quand ils m'en parlent, je n'oserais même pas répéter ce qu'ils disent à ce sujet», a-t-elle affirmé hier au Soleil.

La candidate conservatrice dans Louis-Saint-Laurent estime qu'il est faux de prétendre que l'abolition de certains programmes fédéraux en matière de culture fait beaucoup jaser.

 

Selon elle, ce débat ne lève pas au sein de la population.

«Ça fait plusieurs activités que je fais et les gens ne m'en parlent pas. Les gens disent : continuez votre bon travail! J'ai eu zéro téléphone, a-t-elle soutenu. C'est vrai! On reçoit juste des courriels de félicitations», a rétorqué du tac au tac la réceptionniste du bureau de campagne, qui entendait la discussion.

Contrairement au gouvernement du Québec et aux artistes qui l'ont vilipendée lors du Gala des Gémeaux, la ministre n'a donc pas l'impression que son équipe a erré en sabrant 45 millions $ dans des programmes de soutien à la culture. Et elle répète que le gouvernement Charest peut très bien choisir de compenser ces compressions budgétaires s'il considère que le fédéral a eu tort d'agir de la sorte.

Les libéraux provinciaux en ont les moyens, car ils ont reçu 1,6 milliard $ de plus du fédéral depuis l'arrivée en poste des conservateurs, en 2006, a-t-elle soutenu. «Si, pour eux, c'est une catastrophe, si c'est quelque chose qui n'est pas acceptable, ils ont le choix de financer. Nous, on n'a pas mis de conditions sur les transferts. Ils ont le choix de mettre leurs priorités à cet endroit s'ils le veulent.»

Mme Verner ne nie pas sa responsabilité de soutenir les artistes à titre de ministre du Patrimoine. Mais elle ajoute que son rôle est d'abord et avant tout de représenter les citoyens de sa circonscription. Des citoyens qui ont aussi besoin d'argent et qui s'attendent à ce que le gouvernement fédéral gère leurs impôts de façon responsable. «Ces gens me disent : je te confie 5 $, je l'ai gagné durement, j'ai tout payé mes impôts, j'ai été honnête. J'aimerais que tu le gères comme il faut. Et si jamais il en reste, j'aimerais que tu me le retournes parce que j'en aurais besoin aussi. À eux aussi, je leur dois de faire ce travail. Oui, il y a des responsabilités ministérielles, mais oui, il y a des engagements qu'on a pris envers la population.»

La ministre du Patrimoine n'irait pas jusqu'à dire que les artistes sont gâtés, comme l'a affirmé mercredi la candidate conservatrice dans Québec, Myriam Taschereau. Mais elle ajoute qu'ils ne sont sûrement pas «maltraités». Et elle donne en exemple le Gala des Gémeaux, qui a lui-même reçu des fonds fédéraux. «On pense que c'est bien de reconnaître nos artistes. Et c'est bien aussi pour la population parce que ça établit des liens. Le Gala a donc reçu des fonds fédéraux. Et on ne remet pas ça en question.»

Le ménage

Par contre, il était normal selon elle que le gouvernement fasse le ménage de ses programmes et veille à ce que l'argent des contribuables soit utilisé à bon escient. Un exercice qu'Ottawa ne fait pas seulement avec la culture, mais aussi dans tous les autres secteurs d'activités, explique-t-elle. «Est-ce que le gouvernement fédéral doit être dans tout quand on réalise que l'argent qu'on met ne fait pas une différence? Non. Je veux faire une différence. Nous, on pense qu'en culture, il faut aider à la création, à l'inventif, à la recherche d'auditoire. C'est ça qui aide la culture. Il y a des domaines dans lesquels le gouvernement fédéral ne fait pas une différence.»

Mme Verner assure que son gouvernement a augmenté sa contribution de 8 % dans le domaine de la culture depuis 2006. Le Conseil des arts du Canada aurait à lui seul obtenu une augmentation de son budget de 20 %. Téléfilm Canada a aussi reçu des fonds, tout comme les festivals un peu partout au Canada. «Ce n'est pas comme s'il n'y avait plus rien pour les artistes et les groupes. Le patrimoine ne s'est pas écroulé au début du mois d'août. Il y a d'autres programmes qui sont disponibles.»

Les conservateurs ont aussi l'intention de remplacer le programme d'aide au rayonnement de la culture à l'étranger, chose qu'ils n'ont pas réussi à faire avant le déclenchement des élections, a soutenu la ministre.

Un choix critiqué

Mme Verner a en outre défendu sa décision de ne pas assister au Gala des Gémeaux, dimanche, et d'avoir plutôt choisi de visiter des peintres de sa circonscription qui exposaient leurs oeuvres dans le parc linéaire de la Haute-Saint-Charles. «Ça ne me dérange pas que ça fasse jaser. Je m'en fiche complètement. Moi, mon rôle, c'est d'aider tous les artistes, pas juste ceux qui foulent un tapis rouge. J'ai le droit de choisir. Je n'ai pas d'obligation. Les artistes sont libres, mais moi aussi.»