Faute d'un nombre suffisant de mots en français dans ses textes, Loud Lary Ajust sera écarté de la catégorie hip-hop au prochain gala de l'ADISQ. Et faute d'un nombre suffisant de mots en anglais, il ne peut s'inscrire dans la catégorie du meilleur album anglophone.

De quoi alimenter les critiques envers le gala de l'ADISQ. «Un exemple de plus de la déconnexion entre cette organisation et la manière dont les gens consomment, classifient, partagent et apprécient la musique dans la vraie vie», déplore Laurent K. Blais, fondateur du blogue de rap 10kilo.us.

«La nomination, je m'en sacre. Ce qui me dérange est de remettre en question le fait que nous sommes francophones», a dit à La Presse Lary Kidd, membre de Loud Lary Ajust.

«Pour être considérée francophone, une pièce doit être composée à au moins 70 % instrumental ou francophone», stipule le règlement de l'ADISQ.

Mais pour être considéré anglophone, un album doit avoir «plus de 50 % de contenu anglophone».

«L'ADISQ a pris la décision de ne pas classer l'album dans la catégorie hip-hop tel que demandé», a indiqué à La Presse Julie Gariépy, productrice exécutive et directrice des galas de l'ADISQ. Malgré des calculs faits de quatre façons différentes, aucun des résultats ne s'inscrivait au-dessus de 70 %.

Loud Lary Ajust a pourtant rempli les critères pour obtenir des bourses de Musicaction et du Fonds Radiostar afin de produire et de faire la promotion de son album Blue Volvo. Or, ces deux programmes d'aide financière visent à soutenir «les projets d'albums de musique vocale francophone au Canada».

L'an dernier, le groupe Dead Obies - qui se proclame carrément «franglais» - avait obtenu une nomination dans la catégorie hip-hop pour son album Montréal$ud.

Décision surprenante

La décision de l'ADISQ envers Loud Lary Ajust, issue d'un calcul mathématique, est surprenante. Le trio relève d'une maison de disques francophone établie, Audiogram. En lançant le site web palmares.ca, en mars dernier, l'ADISQ a fait valoir à La Presse son intention d'offrir une vitrine plus «diversifiée» et de faire ressortir davantage d'artistes émergents.

L'équipe de Loud Lary Ajust a fait parvenir une lettre à l'ADISQ. On peut y lire: «Puisque l'ADISQ a été fondée pour «défendre les intérêts de ses membres et favoriser le développement de l'industrie de la musique au Québec», nous croyons que des changements devraient être apportés pour poursuivre adéquatement cette mission.»

De son côté, l'ADISQ dit avoir simplement appliqué une règle mathématique «qui a toujours existé». «Plusieurs albums au cours des années se sont vus reclassés ou refusés», rappelle Julie Gariépy qui se trouve au MIDEM (Marché international du disque et de l'édition musicale) de Cannes.

L'ADISQ a d'abord suggéré à Loud Lary Ajust de s'inscrire dans la catégorie du meilleur album anglophone pour ensuite constater que Blue Volvo ne contenait pas «50% de contenu anglophone».

Quoi qu'il en soit, Lary Kidd n'accorde pas trop d'importance à l'ADISQ. «On remplit quand même nos salles», lance-t-il.

Loud Lary Ajust se produira dans plusieurs festivals cet été, dont La grosse lanterne (avec Malajube) et le Festival d'été de Québec.

Paradoxe: il se produira également dans le cadre de la Fête nationale, le 23 juin, à Laval.