Mardi dernier, Québecor annonçait un partenariat avec le géant du spectacle Live Nation pour le nouvel amphithéâtre de Québec, qui ouvrira ses portes en septembre.

En annonçant ce partenariat, «Québecor vient de clouer le bec à bien des sceptiques qui déchiraient leur chemise en se scandalisant du supposé futur éléphant blanc», écrivait mardi la chroniqueuse du Journal de Québec Karine Gagnon.

Or, l'annonce faite mardi n'implique rien pour l'instant, outre le fait que le futur amphithéâtre de Québec, qui comptera 18 400 places, pourra accueillir des spectacles du calibre de ceux de Live Nation (Taylor Swift, Nickelback) et de l'envergure d'amphithéâtres comme le Centre Bell. Quels spectacles? Rien n'est annoncé.

«Notre but est de faire de Québec un amphithéâtre de classe mondiale, a déclaré à La Presse Benoit Robert, président et chef de la direction du Groupe Sports et divertissement de Québecor Média. Cela nous donne ce qu'on veut devenir.»

Désuet, le Colisée n'intéressait plus les promoteurs, souligne-t-il. «Le Colisée n'était plus dans un état où c'était intéressant de se produire.»

La programmation du nouvel amphithéâtre sera annoncée à la mi-mars en vue de l'ouverture officielle de l'édifice en septembre. «On a encore du travail à faire», a indiqué Benoit Robert.

Québecor doit notamment conclure une entente avec AEG, un autre géant du spectacle.

Pour l'instant, Benoit Robert ne peut avancer combien de spectacles seront présentés par année et combien seront produits par Live Nation.

Il faudra attendre avant de pouvoir évaluer les effets de l'entente entre Live Nation et Québecor. «On annonce un partenariat qui n'est pas différent de tous les partenariats qu'a Live Nation avec d'autres amphithéâtres», a indiqué à La Presse le directeur général du Festival d'été de Québec (FEQ), Daniel Gélinas.

M. Gélinas voit le potentiel de faire rayonner Québec sur le circuit international des tournées. Mais lui et beaucoup d'autres observateurs se demandent à quel point les billets du nouvel amphithéâtre de Québec se vendront.

L'an dernier, le Festival d'été de Québec a inclus dans sa programmation un spectacle de Live Nation. Celui de Lady Gaga, dont l'équipe de gérance a choisi de faire deux «sorties d'aréna», à Ottawa et à Québec.

«Avec les critiques moins favorables de son album, Lady Gaga avait intérêt à le faire. Elle a attiré la plus grande foule de sa carrière», indique Daniel Gélinas.

Le nouvel amphithéâtre ne devrait pas faire de l'ombre au FEQ, qui occupe seulement 11 jours sur 365 du calendrier musical annuel. «Ton artiste, tu veux qu'il aille où? Dans un aréna comme les autres ou dehors dans un contexte événementiel?» illustre le directeur général du festival.

Du côté de Laval

Pendant ce temps se construit également la Place Bell à Laval. Situé à l'ouest du métro Montmorency, le projet devrait être achevé en septembre 2017. Estimé à 200 millions de dollars, l'amphithéâtre abritera une patinoire de 10 000 places (contre 21 000 pour le Centre Bell), où déménagera peut-être le club-école du Canadien. Il servira aussi de salle de spectacles de taille intermédiaire.

Le groupe et promoteur evenko, propriété du Canadien et du Centre Bell, a l'intention de proposer 120 jours de programmation culturelle par année. «Nous allons notamment y présenter des spectacles pour la famille. Notre force, c'est aussi la tenue d'événements d'envergure», a déclaré l'automne dernier, lors de la pelletée de terre officielle, le président Geoff Molson.

Les relations sont tendues entre Québecor et evenko. Québecor se bat toujours devant les tribunaux pour faire invalider l'appel d'offres faisant d'evenko le gestionnaire de l'amphithéâtre de Laval.

Selon nos informations, evenko ne craint pas de perdre des spectacles dans le calendrier du Centre Bell au profit de l'amphithéâtre de Québec. Le promoteur continuera également à programmer des événements dans d'autres salles de la Vieille Capitale.

De nouveaux marchés?

Est-il possible d'envisager le passage de grandes tournées mondiales à la fois à Montréal, Laval et Québec? Peut-être pour les U2, Bon Jovi et Bryan Adams, qui remplissent le Centre Bell plus d'un soir.

Vu la taille intermédiaire de la Place Bell à Laval, il serait toutefois surprenant que deux spectacles d'une même tournée se montent et se démontent dans le 514 et le 450 à moins de 50 kilomètres.

Un spectacle présenté à Montréal peut toutefois revenir à Laval en fin de cycle de tournée quelques mois plus tard.

Vaudra-t-il le coup pour un artiste de se déplacer à Québec? Vendre de 10 000 à 18 000 billets dans le marché restreint d'une région métropolitaine de 750 000 habitants représente un grand défi pour Québecor.

Dans son texte publié hier, la chroniqueuse du Journal de Québec Karine Gagnon rappelle que «Québecor possède une machine extraordinaire pour annoncer et promouvoir les spectacles dans les nombreux médias qu'il possède».

Selon elle, «le défi qui attend Québecor résidera donc plutôt dans sa capacité à bien cerner et établir le marché des spectacles de Québec. Québecor l'a dit dans le passé: on ne vise pas que les gens de la région, mais tout l'est de la province et même plus. Des gens qui se déplacent et acceptent de payer le gros prix pour voir un bon spectacle à Montréal seront bien contents de s'arrêter plutôt à Québec.»

La prochaine étape importante avant de prédire la suite des choses: la première annonce de la programmation du nouvel amphithéâtre de Québec en avril.