Le compositeur-interprète argentin Facundo Cabral, 74 ans, très connu en Amérique latine, a été abattu samedi à Guatemala où il avait donné deux récitals la semaine dernière, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Je ne sais pas comment cela s'est passé, ni pour quelle raison, parce que Facundo est connu dans le monde entier et je crois que personne n'a d'intérêt à le tuer», a déclaré son imprésario David Llanos à des journalistes sur les lieux du crime.

Le chanteur se rendait samedi à l'aube à l'aéroport de Guatemala pour se rendre au Nicaragua lorsque le véhicule dans lequel il circulait a été mitraillé par des hommes non identifiés.

Facundo Cabral a été frappé par plusieurs balles et est mort sur les lieux de l'attaque.

«Nous étions en train d'arriver à l'aéroport pour aller au Nicaragua. Je ne sais rien de plus et je ne sais pas se qui s'est passé. Mais c'est affreux», a déclaré David Llanos.

Un autre véhicule, dans lequel avaient pris place les gardes du corps de l'artiste: a reçu environ 25 balles, mais personne n'a été blessé, selon la police.

Le président du Guatemala, Alvaro Colom, est «consterné par cette lâche agression», a annoncé le secrétaire du service de communication de la présidence, Ronaldo Robles. «C'est triste que cet homme qui chantait l'amour, la paix et la joie ait été tué par des salopards au Guatemala», a-t-il ajouté.

Le président guatémaltèque a promis de «trouver ces criminels et de faire justice». Dans un communiqué, la présidence du gouvernement a indiqué qu'aucune hypothèse n'est écartée, allant «du vol à l'attaque ciblée».

La Guatémaltèque Rigoberta Menchu, Prix Nobel de la Paix 1992, s'est rendue sur place. Condamnant un «crime qui inspire la terreur», la leader indigène a déclaré soupçonner que l'artiste ait été «assassiné pour ses idées».

Au Salvador, le parti de gauche issu de la guérilla Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN)a condamné un acte «vil et lâche contre une personne qui a chanté la souffrance des peuples latino-américains».

Facundo Cabral, né le 22 mai 1937 dans la province de Buenos Aires, a eu une enfance misérable après que son père eut abandonné sa femme et ses six enfants. Il était connu pour ses chansons ironiques et ses compositions musicales. La chanson «No soy de aqui ni soy de alla» («Je ne suis ni d'ici, ni d'ailleurs») l'a propulsé à la célébrité dans les années 1970.

Il s'était exilé au Mexique durant la dictature militaire argentine 1976-1983). Il se vantait de ne rien posséder et allait d'hôtel en hôtel. Appelant sans relâche à la paix, il avait été distingué en 1996 par l'UNESCO qui l'avait nommé Messager mondial de la paix.

Le Guatemala, où sévissent bandes de malfaiteurs et narcotrafiquants, est l'un des pays les plus violents d'Amérique latine, avec une moyenne de 18 assassinats quotidiens.