Le chanteur irlandais Bono a relancé la polémique en Afrique du Sud sur une chanson de l'époque de la lutte contre l'apartheid, Shoot the farmer, accusée par un groupe de pression blanc de promouvoir la haine raciale.

Cette chanson est au coeur d'une polémique opposant le leader de la ligue de la jeunesse de l'ANC, le parti au pouvoir, Julius Malema, à un groupe de pression pro Afrikaner qui souhaite l'interdiction de ce texte prônant, selon lui, la haine raciale.

Dimanche, le chanteur de U2 qui se trouve à Johannesburg pour un concert, a déclaré dans une interview au Sunday Times que Shoot the farmer conservait toute sa place mais que ce type de texte ne devait pas être interprété dans n'importe quel contexte.

«Quand j'étais enfant, je chantais des chansons que mes oncles chantaient, des chants de révolte des premiers temps de l'Armée républicaine irlandaise», parlant de fusils et de préparation à l'action, a déclaré l'artiste.

«Tout dépend d'où et quand vous chantez ce type de chants. Il y a des règles pour ce genre de musique», a-t-il tempéré.

Les commentaires sur les radios et sur internet sont allés bon train pour savoir si les propos de Bono constituaient un soutien à Julius Malema, le bouillonnant dirigeant de la jeunesse du Congrès national africain (ANC) ou au contraire à Afriforum, un groupe de pression qui cherche à faire interdire la chanson et a attaqué Malema devant la justice pour l'avoir chantée en public.

«C'est un discours de haine. Ils ne savent rien de notre histoire», a accusé un auditeur de Talk Radio 702.

Dans Shoot the farmer, on peut entendre «Awudubele (i)bhulu» («Tirez sur les Boer» en zoulou), les Boer désignant en afrikaans les fermiers néerlandais qui ont colonisé l'Afrique du sud.

Afriforum considère que dans la chanson, le terme Boer doit être pris au sens large et désigne à la fois les fermiers, les Blancs et les Afrikaners.

Le chant repris par Julius Malema avait soulevé un vif débat l'an dernier après le meurtre en avril du leader blanc Eugène Terreblanche, qui fut un farouche partisan de l'apartheid.

Le chef du Mouvement de résistance afrikaner avait été tué dans sa ferme apparemment à la suite d'une querelle avec deux de ses employés noirs pour des salaires impayés.

La violence dans les régions rurales est une question très sensible depuis la chute de l'apartheid en 1994, ayant fait de nombreuses victimes, noires et blanches.

Le groupe U2 s'est engagé dans les années 80 dans la lutte contre l'apartheid.