Au-delà des formes dérivées de la chanson, l'écoute passionnée de la musique implique aujourd'hui un très vaste corpus: musique classique, musique contemporaine, opéra, musiques électroacoustique ou électronique, jazz, et plus encore. La rubrique Mélomanie fait un survol de l'actualité dans le domaine, deux fois par mois.

Romantuque, moderne, musique de films: Science-fiction, bandes originales... musiques symphoniques!

Fort des précieuses informations fournies par l'astronome René Doyon, de surcroît directeur de l'Observatoire du Mont-Mégantic et de l'Institut de recherche sur les exoplanètes, l'animateur et comédien André Robitaille est ce soir l'hôte d'un programme de l'OSM consacré aux bandes originales de classiques de la science-fiction au cinéma. On pense ici aux fameuses productions Retour vers le futur, 2001: l'Odyssée de l'espace, Star Trek, La guerre des étoiles, E.T. l'extraterrestre ou L'arrivée. Imaginées par des compositeurs issus des deux siècles précédents, ces oeuvres associées à ces classiques du cinéma sont bien sûr intégrées par la vaste majorité du grand public... Sait-on cependant que ses créateurs sont Richard Strauss, John Williams, Alan Silvestri, Johann Strauss, Jerry Goldsmith, Antonín Dvořák? Pour le plus grand plaisir des cinéphiles, mélomanes et férus de science-fiction, les exécutions de ces extraits de B.O. seront effectuées sous la direction du jeune maestro canadien Nathan Brock, chef assistant à l'OSM.

À la Maison symphonique, ce soir, 20 h.

Musique improvisée et cinéma: Dr. Jekyll & Mr. Hyde... selon l'organiste

Parmi les organistes les plus doués et les plus accomplis de la scène internationale, l'interprète et compositeur anglais David Briggs est aussi un improvisateur de haut niveau. Il nous convie ici à l'accompagnement improvisé en temps réel de la projection du film mythique Dr. Jekyll & Mr. Hyde, réalisé par John S. Robertson en 1920. Pour le divertissement et la mélomanie, transmutations à l'horizon!

À la Maison symphonique, le dimanche 20 mai, 14 h 30.

Romantuque, moderne, musique de film: E.T. l'extraterrestre, John Williams, l'OSM et Dina Gilbert

Dans le même élan de science-fiction, l'OSM suggère l'exécution en temps réel de la trame sonore du film E.T. l'extraterrestre, réalisée en 1982 par Steven Spielberg et dont la musique est signée John Williams. Le compositeur américain étant lui-même très influencé par les musiques romantiques, post-romantiques et modernes, son oeuvre se prête fort bien à un programme symphonique. Et puisque cette oeuvre est très connue du public, ce dernier peut venir en apprécier l'interprétation en chair et en os. Pour cette occasion, l'OSM sera dirigé par Dina Gilbert, pendant que le film sera projeté en version originale avec sous-titres français.

À la Maison symphonique de Montréal, mardi 22 mai, 20 h.

Classique, post-romantique, moderne, contemporain: Deux pianos d'Amérique, Greg Anderson et Elizabeth Roe

Les trentenaires Greg Anderson et Elizabeth Joy Roe sont parmi les virtuoses émergents de la scène classique américaine. Ces pianistes ont d'ores et déjà manifesté leur attitude rock, en plus de souscrire à la grande tradition classique. Pour cette escale montréalaise, ils prévoient jouer leur propre arrangement du Grand Scherzo de Mozart, fondé sur le finale de l'acte 1 de l'Opera buffa Così fan tutte. Ils proposeront aussi une relecture très personnelle de Rondo à la turque, dernier mouvement de la Sonate pour piano no 11 en la majeur K.331, ainsi rebaptisé Ragtime alla Turca dans ce contexte. De plus, ils prévoient l'exécution de leurs arrangements pour deux pièces maîtresses du compositeur et bandonéoniste argentin Astor Piazzolla, Oblivion et Libertango. Ce programme comprend également une suite, la Suite no 1 «Fantaisie-tableaux», op. 5, de Rachmaninov, la pièce Hallelujah Junction du compositeur John Adams, sans compter une adaptation pour deux pianos d'un grand thème de Leonard Cohen... Hallelujah Variations. Deux siècles en revue!

À la salle Bourgie, ce soir, 19 h 30.

Romantique, moderne: Double fonction, identité double

D'origine ukrainienne et Britannique d'adoption, Maxim Rysanov est aujourd'hui considéré internationalement comme un altiste virtuose, mais aussi comme un maestro fédérateur. Il occupera ainsi cette double fonction avec l'orchestre de chambre I Musici de Montréal, dans le contexte d'un programme témoignant de son identité double, slave et britannique. Ce concert d'une heure prévoit ainsi les exécutions d'Andante cantabile de Tchaïkovski, de la Suite dans un style ancien pour alto, cordes et clavecin de la compositrice anglo-bulgare Dobrinka Tabakova, le tout coiffé par les Variations sur un thème de Frank Bridge, op. 10, du grand compositeur anglais Benjamin Britten.

À la salle Bourgie, jeudi 17 mai, 11 h et 18 h (deux représentations).

Photo fournie par I Musici

Maxim Rysanov

Mireille Boily et Jean-Nicolas Trottier joués par l'ONJM

Sous la direction de Philippe Côté, l'Orchestre national de jazz de Montréal (ONJM) se met au service de la chanteuse Mireille Boily pour «un parcours initiatique inspiré par la légende du phoenix, oiseau fabuleux de l'Égypte ancienne et symbole d'immortalité». Les chants du Phoenix, en fait, est une oeuvre en cinq mouvements pour voix et orchestre de jazz. Pour sa composition, la soliste invitée par l'ONJM se serait inspirée des écoles classiques et jazz, ce qui n'exclut pas les saveurs brésiliennes, argentines ou même chinoises. L'autre création au programme résulte d'une commande de l'ONJM: Éléments, suite orchestrale du tromboniste, du compositeur et arrangeur Jean-Nicolas Trottier, qui avait fourni à l'orchestre The Mystic Mind en 2016. Le concept d'Éléments évoque la pensée humaine présocratique; la terre, l'air, l'eau et le feu étaient jadis perçus comme la substance du monde. Qu'en est-il du son?

À l'Astral, jeudi 17 mai, 20 h.

Classique, contemporain: Matt Haimovitz clôt la saison d'I Musici de Montréal

Montréalais d'adoption, le violoncelliste d'origine israélienne Matt Haimovitz est le soliste invité de l'orchestre de chambre I Musici de Montréal pour son concert de clôture de la saison 2017-2018. Dans ce programme, il jouera la célèbre Sonate en la mineur, D. 821, dite Arpeggione, de Schubert, en version pour cordes. Par la suite, avec From Jewish Life, du compositeur juif Ernest Bloch (Américain d'origine suisse), Matt Haimovitz nous mène à observer toutes les facettes de l'âme juive. De Pēteris Vasks, formidable compositeur letton, I Musici de Montréal interprétera Viatore, pour cordes seules. Autre part importante de ce concert, l'orchestre de chambre interprétera la Grande fugue op. 133, de Beethoven, dans une orchestration de leur directeur musical et maestro Jean-Marie Zeitouni - qui dirigera ce soir-là, inutile de le souligner.

À la salle Bourgie, jeudi 24 mai, 20 h.

Moderne, contemporain: Katia et Marielle Labèque, deux pianos pour Stravinsky, Philip Glass et Bryce Dessner

On a connu les frangines Katia et Marielle Labèque dans les années 80, une large part de leur carrière a été construite sur leurs exécutions à deux pianos en studio ou devant public. De retour à Montréal, les musiciennes françaises joueront une adaptation pour deux pianos du Sacre du printemps de Stravinsky, qu'elles ont d'ailleurs enregistrée en 2016 chez Deutsche Grammophon - album Invocations. Puis elles interpréteront Four Movements for Two Pianos de Philip Glass, une oeuvre qui marque un retour du compositeur américain à la musique de chambre après avoir connu tant de succès avec ses oeuvres destinées au cinéma. D'autre part, les soeurs Labèque ont eu l'excellente idée de choisir une oeuvre du compositeur et guitariste Bryce Dessner, qui vit à Paris mais qui fait aussi partie du fameux groupe The National, en plus d'assurer la direction artistique du festival MusicNOW à Cincinnati. En milieu de programme, les pianistes joueront ainsi El Chan, fable musicale de Dessner inspirée d'une légende mexicaine.

À la salle Bourgie, le vendredi 25 mai, 19 h 30.

Photo fournie par l'ONJM

Mireille Boily