Éclairages sur Brahms, Mozart, Bartók, Berlioz. Chefs invités, grands solistes récitals, créations d'oeuvres canadiennes, concerts d'orgue, tournées au Nunavik et en Europe. La saison 2018-2019 de l'OSM se dévoile à travers une soixantaine de programmes. Le chef principal et directeur musical Kent Nagano et la directrice de la programmation Marianne Perron en présentent 10 moments forts.

Ouverture de la saison

Les 6 et 8 septembre 2018

Sous la direction de Kent Nagano, l'OSM démarre la saison avec deux oeuvres signatures de l'OSM, Le sacre du printemps de Stravinsky et le Boléro de Ravel. Une oeuvre inédite est également inscrite au programme: Chaakapesh, le périple du fripon, opéra de chambre pour solistes (Owen McCausland, ténor, Geoffroy Salvas, baryton), narrateur (Florent Vollant pour la langue innue, un autre à déterminer pour la langue inuktitute) et orchestre. La musique est de Matthew Ricketts, le texte, de l'auteur cri Tomson Highway. Ce programme sera repris dans le cadre d'une tournée dans le Grand Nord québécois, en septembre prochain.

Kent Nagano: «Depuis que je suis à l'OSM, ce sera la première fois que nous présenterons une création au concert d'ouverture. Cette commande de l'OSM est liée à l'idée de mouvement, que l'on trouve dans les autres oeuvres au programme - le Boléro et le Sacre du printemps furent composés pour le ballet. Le texte de Chaakapesh est une fable, sorte de mythologie moderne mise en musique dans une forme hybride, entre opéra de chambre et cantate.»

Charles Richard-Hamelin et Chopin

Les 11, 12 et 14 octobre 2018

Lauréat du Concours international de piano Frédéric-Chopin en 2015, Charles Richard-Hamelin jouera le Concerto pour piano no 1 en mi mineur, op. 11 et le Concerto pour piano no 2 en fa mineur, op. 21 de Chopin. Avec l'OSM et Kent Nagano, ces exécutions seront enregistrées par Analekta. Également au programme: Sérénade en mi bémol majeur, op. 7, de Richard Strauss, et Musique pour cordes, percussion et célesta, Sz. 106, de Bartók.

Kent Nagano: «Depuis qu'il a gagné le prix en 2015, je suis la carrière de Charles Richard-Hamelin et je suis excité comme le sont tous les mélomanes québécois. Avec l'OSM, la chimie a été immédiate, à tel point que nous voulons travailler avec lui au moins une fois l'an. Dans ce cas-ci, la proposition est venue de son côté: il voulait enregistrer avec nous son premier album de Chopin avec orchestre.»

Blake Pouliot et le fameux concerto de Sibelius

Les 8 et 11 novembre 2018

Sous la direction du maestro allemand David Afkham, le violoniste canadien Blake Pouliot - lauréat du Grand Prix du concours OSM Manuvie de 2016 - interprétera le fameux Concerto pour violon en ré mineur, op. 47 de Sibelius. La Symphonie no 3 en ré mineur, «Wagner-Symphonie», WAB 103, de Bruckner figure aussi au programme.

Marianne Perron: «Blake Pouliot fait déjà partie de cette lignée de grands violonistes canadiens de la période actuelle; je pense à James Ehnes, Andrew Wan ou Jonathan Crow. Je rappelle également que la mission de l'OSM consiste à faire découvrir de nouveaux artistes, comme l'excellent chef de ce concert, David Afkham.»

La Messe en si mineur de Bach

Les 4 et 5 décembre 2018, dans le cadre du Festival Bach

À l'approche des Fêtes, la Messe en si mineur, BWV 232, de J.S. Bach, réunira l'OSM, le maestro Nagano, la soprano Hélène Guilmette, la mezzo-soprano Marie-Nicole Lemieux, le ténor Julian Prégardien, le baryton Peter Harvey et le Choeur de l'OSM sous la direction d'Andrew Megill.

Kent Nagano: «À l'époque de mon arrivée à l'OSM, Bach était peu joué à Montréal comme à Québec. Le Québec est pourtant une région d'Amérique où il n'y a jamais eu de rupture totale avec l'Europe, ce qui contribue à sa richesse. Il faut donc célébrer cette profondeur et Bach est la base de toute cette culture musicale européenne. Il n'était pas le premier compositeur, mais il a composé la musique parfaite à l'âge des Lumières. Aujourd'hui, je me réjouis que Bach soit vraiment établi chez les mélomanes québécois, qu'il fasse partie des attentes.»

La 4e Symphonie de Mahler

Les 16 et 17 janvier 2019

Le chef américain David Robertson dirige la Symphonie no 4 en sol majeur de Mahler, avec la voix de la soprano Karina Gauvin dans le dernier mouvement intitulé «La vie céleste». Également au programme: la version symphonique de la suite Ma mère l'Oye de Ravel et Lonely Child de Claude Vivier. Ce programme est «construit autour de l'enfance et de l'éternité».

Kent Nagano: «Au début de mon mandat, mon équipe me disait que Mahler se vendait très mal à Montréal, alors, comme je l'ai fait pour Bruckner, Schumann ou Brahms, j'ai implanté Mahler très lentement, en le plaçant dans un contexte pertinent pour l'auditoire de l'OSM. Aujourd'hui, on voit que Mahler n'est plus en danger à Montréal. Cette quatrième symphonie, d'ailleurs, est l'une des plus lyriques, particulièrement dans son dernier mouvement.»

Le septième art et Brahms

Les 7, 8, 9 et 10 février 2019

L'intégrale des symphonies Brahms se déclinera en quatre concerts différents en autant de jours, articulés autour du cycle des saisons. Cela donnera le ton aux films muets projetés, pendant lesquels quatre oeuvres contemporaines seront aussi exécutées - Simon Bertrand, Zosha Di Castri, Régis Campo et une autre à confirmer. D'autres oeuvres concertantes de Beethoven, Dvořák, Mozart et R. Strauss contribueront à étoffer l'interaction entre les interprètes. Les solistes seront la violoniste allemande Veronika Eberle, le pianiste autrichien Rudolf Buchbinder et le clarinettiste québécois André Moisan.

Kent Nagano: «Nous aimons faire le cycle complet des oeuvres symphoniques d'un compositeur; avec Brahms, on ne peut parler vraiment d'un cycle puisqu'il n'a composé que quatre symphonies. Pour ces programmes, nous avons exploré la relation entre le sonore et le visuel. Dans cette optique, j'étais fasciné par l'idée de la renaissance des films muets avec la musique jouée en temps réel, notamment avec la projection de The Artist [le 8 janvier, avec la pianiste Lorraine Desmarais, sous la direction de Dina Gilbert]. Pour ces quatre concerts, nous avons voulu nous plonger dans cette époque de Brahms, celle de la révolution industrielle et des frères Lumière.»

Le sacre du printemps

Le 24 février 2019 et en tournée européenne en mars

Kent Nagano dirige Le sacre du printemps, et la contralto Marie-Nicole Lemieux chantera Jeux, poème dansé de Debussy, ainsi que les Wesendonck Lieder de Wagner.

Kent Nagano: «Ce concert sera repris par la suite, dans neuf capitales européennes, dont Paris et Berlin. Nous avons une relation privilégiée avec Marie-Nicole Lemieux depuis longtemps. Nous partirons avec elle en tournée, ainsi qu'avec le soliste français Jean-Yves Thibaudet [piano]. Nous rétablissons ainsi la présence européenne de l'OSM. C'est pour nous très important à cette époque où la diffusion des enregistrements est bouleversée par l'internet et que le financement des tournées est de plus en plus difficile pour les orchestres symphoniques.»

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, archives LA PRESSE

Charles Richard-Hamelin

Rendez-vous Mozart

Les 16, 17 et 18 avril 2019

L'OSM a orchestré trois concerts sous la bannière Mozart. La Symphonie no 41 en do majeur, K. 551, «Jupiter» et le Requiem seront exécutés sous la direction du chef français Hervé Niquet, avec les chanteurs Heather Newhouse, Marie-Claude Chappuis et Frédéric Antoun et le Choeur de l'OSM. Le soir suivant, Bernard Labadie dirigera Le directeur de théâtre: «Ouverture», K. 486 et le Concerto pour piano no 21 en do majeur, K. 467 avec le soliste Alexandre Tharaud, La clémence de Titus: «Ouverture» et la Symphonie no 39 en mi bémol majeur, K. 54. Le dernier soir, Labadie dirigera Timothy Hutchins (flûte) et Valérie Milot (harpe) dans Une petite musique de nuit, K. 525, Concerto pour flûte et harpe en do majeur, K. 299, et la Symphonie no36 en do majeur, K. 425, «Linz».

Kent Nagano: «Pour la musique de Mozart, les orchestres nord-américains en maîtrisent la technique mais... le style, le détail, le raffinement, la fluidité des exécutions ne sont pas acquis. Aujourd'hui, je crois que l'OSM est l'un des rares orchestres de ce continent complètement à l'aise avec Mozart. On parle la langue! Pour le maintenir et lui donner une nouvelle perspective, j'ai invité deux chefs dont l'approche est très personnelle et un pianiste spécialiste de Mozart.»

Michael Tilson Thomas à Montréal

Les 22 et 23 mai 2019

Le très connu chef américain Michael Tilson Thomas et le jeune prodige George Li font tous deux leurs débuts à l'OSM avec le Concerto pour piano no 1 de Liszt et le Concerto pour orchestre de Bartók. Également au programme dirigé par le fameux MTT, la Symphonie no 81 en sol majeur, Hob. 81 de Haydn.

Marianne Perron: «MTT occupe une position vraiment unique dans le monde classique: il a fait beaucoup pour expliquer les oeuvres et rendre accessible la musique classique. D'autant plus qu'il est un très bon chef! Je trouve d'ailleurs très intéressant qu'il vienne avec le pianiste George Li, un des lauréats du concours Tchaïkovski 2015.»

Clôture de la 85e saison

Les 29 et 31 mai, 1er juin 2019

Kent Nagano, l'OSM et son Choeur dirigé par Andrew Megill consacrent la clôture de leur 85e saison au compositeur français Hector Berlioz, dont ce sera le 150e anniversaire de la mort. La Symphonie fantastique sera précédée de Lélio, monodrame lyrique écrit en complément à la symphonie. Dans le rôle de Lélio, l'acteur français Lambert Wilson sera le narrateur invité; le ténor Frédéric Antoun sera le soliste invité.

Marianne Perron: «Berlioz fut extraordinaire dans l'éclatement des formes musicales de son époque. Lélio et la Symphonie fantastique étaient des oeuvres conçues pour être jouées ensemble. Or, Lélio est peu jouée. Chose certaine, nous ne pouvions passer à côté de Berlioz en 2019... et de Lambert Wilson, un grand mélomane qui adore ce type de collaboration avec les orchestres.»

Photo Jeff Fasano, fournie par l’OSM

Blake Pouliot