Au-delà des formes dérivées de la chanson, l'écoute passionnée de la musique implique aujourd'hui un très vaste corpus: musique classique, musique contemporaine, opéra, musiques électroacoustique ou électronique, jazz, et plus encore. La rubrique Mélomanie fait un survol de l'actualité dans le domaine, deux fois par mois.

Romantique, postromantique, contemporain: Wagner, Ranjbaran, Mahler... soirée «titanesque» à l'OSM

Kent Nagano nous convie d'abord à l'exécution du prélude de l'acte I de l'opéra Lohengrin de Richard Wagner, soit le sixième du compositeur, librettiste et homme de théâtre allemand. Cet opéra fut composé de 1845 à 1848 et créé en 1850 à Weimar. Le prélude de son premier acte est assurément magnifique et peut briller dans un programme consacré à la musique instrumentale. On plongera ensuite dans un poème symphonique de Behzad Ranjbaran, inspiré de la culture perse et commandé par Ali Yazdanfar, contrebasse solo de l'OSM. Puis l'orchestre servira le plat de résistance, soit la Symphonie no 1 en ré majeur, dite Titan, de Gustav Mahler. Sa première version fut achevée en 1888 alors que Mahler n'avait que 28 ans. Peu prisée au départ, cette symphonie fut sans cesse modifiée jusqu'en 1903. On accusait alors le compositeur et chef d'orchestre de transgresser les lois de la musique, immuables dans les milieux (forcément) conservateurs. On lui suggérait de rester derrière le pupitre! À tort, il va sans dire. De toute évidence, cette oeuvre du jeune Mahler a traversé l'épreuve du temps et... on peut faire confiance à Kent Nagano, grand mahlérien, comme on le sait, pour son exécution... un soir de Saint-Valentin, pourquoi pas?

À la Maison symphonique, les 14 et 15 février, à 20 h.

Moderne: Jacques Lacombe, Alina Ibragimova et l'âme russe

Professionnel de haut niveau, le Québécois Jacques Lacombe est chef principal de l'Opéra de Bonn, en Allemagne, directeur musical de l'Orchestre symphonique de Trois-Rivières et bientôt directeur musical et artistique de l'Orchestre symphonique de Mulhouse, en France, poste qu'il occupera à partir de septembre 2018. Chef invité à l'OSM au coeur de l'hiver, il compte immerger les mélomanes de grandes musiques russes. Sous sa direction, la soliste Alina Ibragimova exécutera le Concerto pour violon no 2 en do dièse mineur, op. 129, de Dmitri Chostakovitch (1906-1975). Reconnue comme l'une des violonistes trentenaires les plus accomplies de sa génération, la musicienne de 32 ans dit s'intéresser à tout le répertoire. Elle s'exécute sur des instruments tant anciens que modernes. Après le concerto pour violon, l'OSM enchaînera avec la sublime Symphonie no 5 en si bémol majeur, op. 100, de Sergueï Prokofiev (1891-1953).

À la Maison symphonique, ce soir à 19 h et demain matin à 10 h 30.

Contemporain: Shakespeare pour la voix, le son, l'esprit et le corps

Stephanie Moore et Tim Brady ont imaginé des oeuvres sur des textes de Shakespeare, combinant les qualités propres du choeur Voces Boreales, sous la direction d'Andrew Gray, et de l'ensemble Of Sound, Mind and Body, constitué du guitariste Tim Brady, du violoniste Helmut Lipsky, du marimbiste Ben Duinker et du percussionniste Shawn Mativetsky. À ces Créations sur des textes de Shakespeare, signées Stephanie Moore, et à cette Symphonie no 8 Whose Motion Sounds de Tim Brady, aussi construite sur des textes de Shakespeare, s'ajoutent des oeuvres d'Arvo Pärt (Which was the son of...) de Peter Klatzow (Return of the Moon).

À la salle Bourgie, ce soir à 19 h 30.

Jazz: Après l'Auguste Quartet, le Jazzlab Orchestra à l'Outremont

Initiative du contrebassiste et compositeur Alain Bédard, l'Auguste Quartet, qui existe depuis 20 ans, vient de nous proposer pour cet anniversaire la matière d'un nouvel album: Circum Continuum, sous étiquette Effendi (qui lui appartient). Autre véhicule construit et assemblé par Alain Bédard, le Jazzlab Orchestra est une cohorte à géométrie variable. Cette fois, elle mettra en relief les compositions du pianiste Félix Stüssi (sous la bannière Quintessence), que défendront le trompettiste Jacques Kuba Séguin, les saxophonistes Samuel Blais, Mario Allard et Alex Francoeur, le tromboniste Jean-Nicolas Trottier ainsi que le batteur Louis-Vincent Hamel.

Au Théâtre Outremont, demain à 20 h.

Photo fournie par Arte Musica

Stephanie Moore

Jazz: Robi Botos à l'Upstairs

Transplanté à Toronto, le pianiste tzigane d'origine hongroise Robi Botos jouera à l'Upstairs la matière d'Old Soul, troisième album de cet excellent jazzman - étiquette A440 Entertainment. Botos n'est pas tant un compositeur doué qu'un performeur hors pair. Intense et virtuose, il est sans contredit un grand maître du groove. L'accompagnent sur ce nouvel opus le mirobolant saxo canadien Seamus Blake, le contrebassiste Mike Downes et le batteur Larnell Lewis, sans compter les invités Cory Henry à l'orgue Hammond B3, Lionel Loueke à la guitare, Ingrid Jensen à la trompette ainsi qu'un quatuor à cordes. Réalisé par Robi Botos et Scott Morin, Old Soul fut enregistré aux Planet Studios de Montréal en juillet dernier. La prise de son des musiciens réunis dans une seule pièce confère à cet enregistrement des qualités comparables au concert auquel il nous convie en trio, cette fois accompagné de Mike Downes et du batteur Jim Doxas.

À l'Upstairs, le vendredi 9 février, à 19 h et 21 h 45.

Classique, romantique, moderne: Kent Nagano et l'Orchestre symphonique de McGill

Beaucoup considèrent l'Orchestre symphonique de McGill (OSMG) comme le meilleur orchestre de toutes les facultés de musique québécoises. D'année en année, l'excellent maestro Alexis Hauser prépare ses élèves de l'École de musique Schulich à passer avec succès des auditions dans les grands orchestres du monde, exigeant de chacun l'atteinte de l'excellence. On comprendra que le chef Kent Nagano accepte de diriger cet orchestre, à la Maison symphonique, s'il vous plaît. Au programme de cette rencontre intergénérationnelle, Siegfried Idyll, WWV 103, de Richard Wagner, Sérénade (d'après Le banquet de Platon) de Leonard Bernstein et la Symphonie no 1 en si bémol majeur, opus 38, de Robert Schumann. Le premier violon de l'OSM, Andrew Wan, sera également impliqué dans l'opération.

À la Maison symphonique, le mardi 13 février, 19 h 30.

Photo fournie par A440 Entertainment

Robi Botos

Baroque, moderne: Les Violons du Roy aux XVIIIe et XXe siècles

Le chef Leonardo García Alarcón dirigera bientôt les Violons du Roy dans un programme extrêmement varié, puisqu'on y puisera dans deux époques fort différentes: Concerto grosso en ré mineur, op. 6, no 10, HWV 328 de Georg Friedrich Händel (1685-1759), Concerto grosso no 1 d'Ernest Bloch (1880-1959), Concerto brandebourgeois no 2 en fa majeur, BWV 1047, de J. S. Bach (1685-1750), Concerto en ré d'Igor Stravinski (1882-1971), Adagio pour cordes, op. 11, de Samuel Barber (1910-1981). Tout un buffet!

À la salle Bourgie, vendredi 16 février, à 19 h 30.

Baroque, classique, postromantique: Après son passage à l'OM, Alexandre Tharaud en récital

De retour à Montréal, quelques mois à peine après avoir exécuté le Concerto pour la main gauche de Ravel avec l'Orchestre Métropolitain, le pianiste français Alexandre Tharaud offre un récital dont la matière est traversée par 250 ans de musique: de Domenico Scarlatti (1685-1757), il jouera sept sonates; de Sergueï Rachmaninov (1873-1943), il exécutera Cinq Morceaux de fantaisie, op. 3; de Maurice Ravel (1875-1937), il interprétera Miroirs; de Gustav Mahler (1860-1911), il offrira son adaptation de l'adagietto, tiré de la Symphonie n° 5.

À la salle Bourgie, le mardi 20 février, à 19 h 30.

Photo fournie par Arte Musica

Leonardo García Alarcón