Alors qu'André Sauvé souhaitait un troisième spectacle «très petit et intime», voilà que l'humoriste débarque sur scène avec 80 musiciens de l'OSM à la Maison symphonique pour une soirée de 90 minutes. La Presse a assisté à son dernier rodage à Val-Morin avant la grande première montréalaise vendredi soir.

Près d'un an après avoir présenté l'idée inusitée de construire un spectacle d'humour autour du prolifique Orchestre symphonique de Montréal (OSM), André Sauvé met au point les derniers détails avec le chef d'orchestre Adam Johnson et le metteur en scène Pierre Bernard. La grande première de son spectacle, présenté à seulement trois reprises, a lieu dans quelques jours.

André Sauvé était tout petit lorsque son père l'a initié à la musique classique. Depuis, l'humoriste écoute quotidiennement les répertoires de Mozart, Haydn et Chopin. C'est un besoin de vertige qui l'a amené à combiner ses deux passions: les textes et la musique.

«J'aime les projets qui nous semblent irréalisables, plus grands que nous-mêmes.»

«La réponse de l'OSM a été instantanée. Ils ont accepté d'entrée de jeu avant même qu'il y ait une ligne d'écrite», s'étonne encore l'artiste en entrevue après de longs étirements sur scène.

Rencontre entre deux univers

Dans un «chaos délimité dans le temps et l'espace», l'artiste s'est mis à l'oeuvre.  J'écris cinq jours par semaine tous les matins. Je m'habille comme il faut, je mets mes souliers, comme si je m'en allais au travail», explique-t-il.

Le défi pour André Sauvé a surtout été de tenir compte des 80 musiciens. Mais le tout s'est peu à peu dessiné pour lui. «En humour, il y a beaucoup de sous-textes. La musique peut illustrer [ça]», raconte-t-il.

«Parfois, j'ai déjà un texte d'écrit et je vois qu'une musique marche avec. Ou à l'inverse, c'est la musique qui me fait penser à quelque chose», lance André Sauvé.

De concert, Pierre Bernard et André Sauvé ont présenté à plusieurs reprises une sélection de pièces à Adam Johnson, chef assistant à l'OSM, qui a offert à son tour quelques suggestions. Tous étaient d'accord pour sélectionner un répertoire pas trop connu, qui refléterait réellement les textes de l'humoriste.

Johnson, chef «d'une ouverture exceptionnelle», selon le metteur en scène, précise que le mélange des sons et de la profondeur d'André Sauvé fait naître chez le spectateur des émotions encore plus fortes.

Mise en scène minimaliste

La mise en scène, signée Pierre Bernard, se veut très minimaliste. Les 80 musiciens servent littéralement de décor. Il aurait été disproportionné d'y ajouter d'autres éléments, selon l'artiste, qui travaille avec Sauvé depuis près de 10 ans maintenant. Tout se joue dans la mise en valeur de l'humoriste et de l'orchestre.

Photo Olivier PontBriand, La Presse

André Sauvé s'étire avant un spectacle de rodage.

«Il faut beaucoup d'humilité de la part du metteur en scène pour signer un spectacle comme celui-là», affirme Pierre Bernard, qui a davantage agi à titre de mentor dans toutes les étapes du projet.

Quelques maquettes d'éclairage ont été travaillées au préalable, mais le tout va se jouer la veille de la première, alors que les instigateurs du projet rencontreront pour la première fois les musiciens pour la répétition. En effet, les représentations en rodage sont toutes exécutées à l'aide d'une bande sonore, ce qui n'enlève en rien à la réponse du public, qui est unanime, selon les trois intervenants.

L'heure de vérité

Tous les artisans du spectacle se réuniront pour la première fois sur la scène de la Maison symphonique vendredi soir.

Un mois avant le concert, les interprètes de l'OSM ont reçu les partitions. «Souvent, les musiciens n'ont qu'une répétition pour mettre le tout ensemble», souligne Adam Johnson, chef d'orchestre pour cette production. Cette fois-ci, deux générales sont prévues.

Leur professionnalisme incontestable rassure l'humoriste à la routine très stricte. Adam Johnson, qui participe au rodage, a pris soin d'insérer les textes d'André Sauvé dans ses partitions.

Les thématiques du spectacle demeurent celles auxquelles l'artiste nous a habitués. La philosophie autour de l'être humain reste son créneau favori - même la parole sera remise en question! L'oeuvre combinée laissera aussi place à un numéro de personnification des instruments. «Un pipeau a une personnalité différente d'un tuba», lance l'artiste, imitant les objets en question. Quelques moments sont réservés à la musique uniquement, pour faire profiter les spectateurs des sonorités de l'OSM.

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André Sauvé avec l'OSM, à la Maison symphonique de la Place des Arts, le 21 juillet, à 20 h, et le 22 juillet, à 14 h 30 et 20 h.

Photo Olivier PontBriand, La Presse

Le chef d'orchestre Adam Johnson, l'humoriste André Sauvé et le metteur en scène Pierre Bernard ont combiné leurs forces pour créer le spectacle André Sauvé avec l'OSM.