Marie-Nicole Lemieux rêvait de faire un disque Rossini depuis longtemps. C'est enfin chose faite avec son nouvel album Rossini Sì, sì, sì, sì!, qui sort ces jours-ci sous étiquette Erato. Une belle incursion dans le bel canto pour la chanteuse qui nous a plutôt offert des programmes baroques ou français sur disque depuis quelques années.

Pour Marie-Nicole Lemieux, il s'agit d'un premier disque live. L'album a été enregistré devant public au cours de deux concerts à l'Opéra Berlioz Le Corum, à Montpellier, avec l'Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon, sous la direction du chef Enrique Mazzola.

«Je voulais faire cela depuis longtemps, dit Marie-Nicole Lemieux. J'en parle depuis mon premier disque. Depuis le début, on faisait généralement un disque et, plus tard, un concert avec le même programme. Chaque fois, on se disait qu'on aurait dû enregistrer le concert, car il s'y passe toujours quelque chose d'unique. Je me suis dit que ce serait le meilleur moyen de servir Rossini, car avec le bel canto, on est tellement obnubilé par la voix, l'égalité, le son. C'est peut-être, à la limite, ennuyant.» 

«J'écoute parfois des enregistrements studio de grands chanteurs, qui sont impressionnants techniquement, mais après, j'ai quand même envie de dire: "Mais encore?"»

Les enregistrements devant public permettent plus de liberté, de naturel et de spontanéité, selon elle. «C'est moins parfait, mais il se passe des choses qui n'arrivent pas en studio. Par exemple, j'ai enregistré deux semaines après l'attentat du Bataclan. En rappel, j'ai chanté Di tanti palpito, extrait de Tancredi. Ça dit: "Ô patrie, douce et amère patrie, je te reviens enfin." J'étais émue, j'ai parlé au public et j'ai dédié cet air à la France que j'aime tant. Cela a donné une couleur complètement différente, bien plus douce que ce que je faisais habituellement. Nous l'avons gardé.»

On y trouve des airs d'opéras de Rossini que la chanteuse a déjà chantés dans le cadre de productions ou de versions concert, comme Tancredi et L'Italiana in Algeri. L'album inclut aussi des airs d'opéras de Rossini plus rarement produits, comme La pietra del paragone et Matilde di Shabran.

«J'aime toujours aller chercher des choses moins connues et faire découvrir du répertoire. Les gens qui adorent Rossini connaissent ces opéras, mais pas tout le monde. Il y a aussi des airs connus comme un air de Rosine dans Le Barbier de Séville, rôle qui, à l'origine, avait été écrit pour un contralto. J'avais envie de faire Rosine, une fois dans ma vie, parce qu'on ne me demande jamais de la faire sur scène! D'ailleurs, quand Rossini donne des personnages féminins aux altos et aux mezzos, ce sont toujours des femmes avec des caractères forts.»

Vies multiples

Au cours des prochaines années, elle se tournera plutôt vers les opéras de Verdi sur les scènes européennes. Les rôles de Quickly dans Falstaff, Ulrica dans Un ballo in Maschera et Azucena dans Il Trovatore sont au programme.

«J'ai plein de vies! Le fait de chanter dans des styles et des rôles aussi différents me garde en santé.»

La réputation de Marie-Nicole Lemieux continue de grandir, et en plus des rôles à l'opéra, les tournées avec des orchestres feront désormais partie de sa carrière.

«À partir de cette année, je vais faire plusieurs tournées. Je suis invitée par trois orchestres, dont je ne peux pas parler tout de suite. Je vais évidemment participer à la tournée européenne de l'Orchestre métropolitain, avec Yannick Nézet-Séguin, en novembre. On va tellement avoir du plaisir! Je fais aussi une tournée Rossini avec Jean-Marie Zeitouni prochainement. Enfin, tout ce travail que j'ai fait sur disque me rapporte.»

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CLASSIQUE. Rossini Sì, sì, sì, sì! Marie-Nicole Lemieux. Erato. En vente dès le 3 mars.

Image fournie par Erato

Rossini Sì, sì, sì, sì !, de Marie-Nicole Lemieux