Kent Nagano et l'Orchestre Symphonique de Montréal donnent la 4e Symphonie de Charles Ives en première montréalaise ce soir, demain et jeudi, 20h, à la Maison symphonique, dans les séries «Grands Concerts». L'orchestre sera augmenté à 102 musiciens pour cette oeuvre monumentale en quatre mouvements totalisant 30 minutes.

Aux bois et cuivres en nombre plus grand qu'à l'habitude et à la phalange normale des cordes (dont un petit groupe à l'arrière-scène) s'ajoutent deux pianos, un orgue, une section de percussions formant à elle seule un petit orchestre, ainsi qu'un choeur mixte au début et à la fin.

Pionnier de la musique américaine, le visionnaire Ives a ainsi décrit la dernière de ses quatre symphonies: «Un rêve fantastique qui se termine par l'intrusion soudaine de la réalité.»

Contemporaine de la Symphonie des Mille de Mahler, des Gurre-Lieder de Schoenberg et du Sacre du printemps de Stravinsky, l'oeuvre illustre le gigantisme orchestral en vogue au début du XXe siècle et dont l'une des toutes premières manifestations fut l'Elektra de Strauss qui, coïncidence, prend l'affiche à l'Opéra de Montréal samedi.

Ives travailla à son ultime symphonie de 1910 à 1916. Mort en 1954, il ne l'entendit jamais de son vivant. Bien que des mouvements aient été joués isolément en 1927 et en 1933, ce n'est qu'en 1965 que l'oeuvre fut créée dans son intégralité, à New York, sous la direction de Leopold Stokowski.

Il faut savoir que Charles Ives était un «compositeur à temps partiel». Millionnaire, il possédait un e compagnie d'assurance-vie (laquelle avait même une succursale à Montréal) et se souciait fort peu que sa musique soit jouée ou non. En bonne partie autodidacte, il avait quand même du métier et se livra à des expériences d'atonalité, de polytonalité et de polyrythmie avant même les Européens, produisant ce qu'un critique de l'époque qualifia d'«extraordinaire méli-mélo».

La partition est d'une telle complexité qu'un deuxième chef est requis pour certaines séquences. La chef assistante Dina Gilbert sera alors au poste.

En complément de programme: l'orchestration d'un mouvement de la Concord Sonata pour piano, de Ives également, et, cette fois sans besoin de présentation, le 1er Concerto pour piano de Tchaïkovsky avec Yefim Bronfman.

Par ailleurs, avant chaque concert, on chantera l'Agnus Dei du Requiem de Fauré, à la mémoire des victimes des attentats de Paris.

Elektra samedi

Samedi, 19h30, salle Wilfrid-Pelletier: première de quatre représentations d'Elektra de Richard Strauss à l'Opéra de Montréal.

Dans ce drame sanguinaire de la mythologie grecque, Électre (l'Elektra du titre allemand) veut venger son père Agamemnon, assassiné par sa mère Clytemnestre et l'amant de celle-ci, Égisthe. La nombreuse distribution comprend l'Américaine Lise Lindstrom en Électre (elle était Salomé en 2004), la Polonaise Agnes Zwierko en Clytemnestre et le Canadien John Mac Master en Égisthe. Mise en scène d'Alain Gauthier, avec Yannick Nézet-Séguin et l'Orchestre Métropolitain.

L'oeuvre n'a été donnée ici que deux fois: en 1967, à l'Expo, par l'Opéra de Vienne, avec Birgit Nilsson, puis en 2001, en version concert, par Dutoit et l'OSM porté à 115 musiciens. Cette fois, l'OM sera augmenté à 88.

Hommage à Landsman

La Faculté de musique de l'Université de Montréal présente samedi, 19h30, salle Claude-Champagne, un hommage au violoniste et pédagogue Vladimir Landsman à l'occasion de son départ à la retraite, après 40 ans d'enseignement. Jean-François Rivest dirigera alors un petit ensemble dans Bach et Brahms, avec le concours de M. Landsman notamment.

Bach dimanche

Le 9e Festival Bach s'ouvre dimanche, 15h, à la Maison symphonique, par un programme Bach-Telemann-Marcello de l'Akademie für Alte Musik Berlin. À 15h30, à l'Oratoire Saint-Joseph: Art de la fugue par l'organiste américain James David Christie et le musicologue Gilles Cantagrel. Écran géant, entrée libre.

D'autres concerts

Un jeune quatuor anglais à ses débuts, le Carducci, joue Haydn, Chostakovitch et Schubert demain, 19h30, salle Bourgie... Mireille Lebel chante Purcell avec les Musici de Zeitouni jeudi, 11h, vendredi, 12h et 17h45, et dimanche, 14h, à St. John the Evangelist... Les Boréades et L'Harmonie des Saisons, dir. Eric Milnes, donnent la pastorale Acis and Galatea de Handel en version concert au Conservatoire jeudi, 19h30... Louis Lavigueur dirige l'Orchestre à cordes du Conservatoire dans Mendelssohn, Mozart et Nielsen samedi, 19h30, salle Jean-Eudes, et dimanche, 14h30, au Conservatoire... Le pianiste Jean Saulnier joue Bach, Janacek et Schumann dimanche, 15h, à la Chapelle historique du Bon-Pasteur... Michel Brousseau dirige le Choeur et l'Orchestre Philharmonique de Montréal et Pascale Beaudin, entre autres solistes, dans le Requiem de Mozart et accompagne le pianiste Serhyi Salov dans le Concerto K. 488 samedi, 20h, à la basilique Notre-Dame.

Concours OSM

Partagé cette année entre piano et percussions, le Concours OSM débute au Tanna-Schulich Hall de McGill demain, 13h, et s'y poursuit jeudi, 13h également, et vendredi, 10h. Il rassemble 15 pianistes (entendus demain et jeudi) et 7 percussionnistes (vendredi). Épreuve finale samedi, 9h30, à la Maison symphonique.

Dimanche, 14h, salle Bourgie, un concert réunira trois membres du jury, soit les pianistes André Laplante et Benedetto Lupo et le percussionniste Éric Sammut, ainsi qu'un des lauréats et des musiciens de l'OSM dans des oeuvres de Chostakovitch, Bizet, Rota et autres.

Par ailleurs, on peut déjà annoncer que l'orgue sera au programme du Concours OSM l'an prochain.