L'événement restera inscrit dans les annales du piano: Charles Richard-Hamelin est devenu, hier, le premier pianiste canadien à remporter une médaille au très prestigieux Concours Chopin de Varsovie. Il a décroché la médaille d'argent ainsi que le prix Krystian-Zimerman pour la meilleure interprétation d'une sonate.

Le pianiste a brièvement échangé avec La Presse juste après avoir joué en finale, hier, alors que l'on ne connaissait pas encore les résultats.

Le Concours Chopin, qui existe depuis 1927, se déroule tous les cinq ans. Cette année, il a reçu plus de 400 candidatures. Quelque 80 pianistes ont été invités à y participer, et dix ont accédé à la finale. Le simple fait d'être finaliste est donc déjà exceptionnel. Et même s'il ne savait pas encore qu'il finirait parmi les trois meilleurs, Charles Richard-Hamelin était satisfait de sa dernière prestation.

«Je suis content de ce que j'ai fait et de mon expérience, dit-il. J'étais dans la bonne zone, c'était plaisant. Je vais m'en souvenir toute ma vie.»

Charles Richard-Hamelin repartira de Varsovie avec un total de 35 000$ en prix. Le jury international, dont faisaient partie Martha Argerich, Yundi Li et Philippe Entremont, entre autres, a délibéré pendant plus de quatre heures avant de rendre sa décision. C'est le Sud-Coréen Seong-Jin Cho qui a remporté la médaille d'or. La médaille de bronze est allée à l'Américaine Kate Liu. Quant à l'autre Canadien qui s'est rendu en finale, le jeune Yike Tony Yang, 16 ans, il est arrivé cinquième.



L'épreuve finale


Chopin n'a composé que deux concertos. Les dix finalistes avaient donc le choix de jouer l'un ou l'autre. Le hasard a voulu que neuf d'entre eux aient choisi le premier. Charles Richard-Hamelin s'est donc retrouvé le seul à jouer le Concerto no 2 en fa mineur. Cela l'aurait-il avantagé?

«Je ne crois pas que ça ait changé quelque chose, dit-il. Les étapes jouées en solo, notamment la demi-finale, un récital d'une heure, comptent davantage que le concerto pour déterminer les gagnants. Le jury considère l'ensemble des étapes. Mais au moins, le fait de passer en premier ce soir et de jouer un concerto différent des autres m'assurait que les juges seraient plus attentifs que s'ils venaient d'entendre la même oeuvre quatre fois de suite.»

Il y a six mois, le pianiste avait fait part à La Presse de son intention de participer à un autre concours, en novembre, à Hamamatsu, au Japon. Mais il n'a plus l'intention d'y aller. «C'est fou de m'être rendu aussi loin ici, dit-il. Si je termine dans les trois ou quatre premiers, je ne ferai plus de concours. Être en finale du Concours Chopin vaut plus que le premier prix d'Hamamatsu, en termes de visibilité et de concerts. De toute façon, je vais prendre une pause.»

Il faut dire que côté concours, il a déjà donné. En 2014, le pianiste, qui étudie au Conservatoire de musique de Montréal avec André Laplante, avait terminé deuxième au Concours musical international de Montréal et troisième à l'International Music Competition de Séoul, en Corée du Sud.

Il a également lancé son premier disque cet automne sous étiquette Analekta. Un album entièrement consacré à Chopin.