En moins d'une semaine, notre Maison symphonique aura entendu nos deux principaux orchestres dans deux Quatrièmes Symphonies inspirées par les deux guerres mondiales qui ont secoué le XXe siècle. Vendredi, l'OM jouait la 4e de Ralph Vaughan Williams, annonciatrice, dès 1935, du conflit de 39-45. Cette semaine, l'OSM propose la 4e du Danois Carl Nielsen qui voyait, au-delà des hostilités de 14-18, la manifestation des forces vives et indestructibles de l'homme, des animaux et même du monde végétal. D'où ce titre d'Inextinguible qu'il donna à son oeuvre - Det Uudslukkelige en danois.

La quatrième Symphonie de Nielsen fut jouée à l'OSM dès 1982 et plus récemment par l'OM en 2008 à Lanaudière. L'OSM l'a placée cette fois dans le cadre d'un programme scandinave confié à un chef identifié à ce répertoire, le Finlandais John Storgârds, 51 ans, titulaire de l'Orchestre Philharmonique de Helsinki.

Le nouveau venu est certainement un chef qui compte: calme devant l'orchestre, il en obtient des interprétations exactes et vivantes. Le Nielsen, aux quatre mouvements enchaînés totalisant 35 minutes, est violent, souvent très bruyant aussi, comme l'était le Vaughan Williams. Toutes les sections de l'orchestre y ont beaucoup à faire, à tour de rôle, et, après quelques longueurs et naïvetés, se retrouvent au finale dans une sorte de combat infernal. Disposés de part et d'autre au fond de la scène, les deux groupes de timbales sont impressionnants (la liste des musiciens ne mentionne qu'un exécutant). Ils le seraient encore plus s'ils étaient placés à l'avant-scène, comme l'indique la partition.

Le chef invité lance le concert sur une autre oeuvre peu fréquentée, le poème symphonique op. 55 de Sibelius dont le titre se traduit en français par Chevauchée nocturne et Lever de soleil. Les notes de programme annoncent une durée de 10 minutes, dans une autre page on promet environ 14 minutes, et c'est finalement pendant 18 minutes que se déploie le petit scénario. Chef et orchestre en traduisent parfaitement bien le mouvement trépidant, d'abord, et ensuite l'éclat.

Seule oeuvre familière du programme, le Concerto de Grieg découvre un André Laplante maintenant âgé de 65 ans mais encore capable d'une étonnante force pianistique. Malgré bien des fausses notes, la technique reste très solide. Concernant l'interprétation, Laplante - qu'on entend chantonner à la dernière rangée de la corbeille - favorise la grandiloquence et le chef le suit à chaque instant dans ce sens. À signaler, au début de l'Adagio, la chaleur des cordes précédant l'entrée du piano.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: John Storgârds. Soliste: André Laplante, pianiste. Mercredi soir, Maison symphonique, Place des Arts. Reprise jeudi, 10 h 30 (sans le Sibelius) et dimanche, 14 h 30.

Programme:

Chevauchée nocturne et Lever de soleil, poème symphonique, op. 55 (1909) - Sibelius

Concerto pour piano et orchestre en la mineur, op. 16 (1869) - Grieg

Symphonie no 4, en mi majeur, op. 29 (L'Inextinguible) (1916) - Nielsen