Centré sur la musique britannique de l'époque post-victorienne, ce programme de l'Orchestre Métropolitain est donné sept fois en autant de lieux différents, dont Montréal, bien sûr, mais aussi Toronto où le choix de la quatrième Symphonie de Vaughan Williams ne passera certainement pas pour un simple hasard.

Peter Oundjian et le Toronto Symphony ayant signé en 2011 un enregistrement de l'oeuvre, la comparaison sera inévitable entre la version des Torontonians et celle des Québécois. Sur la foi de ce qu'on a entendu vendredi soir dans une Maison symphonique très remplie, très attentive à l'exécution, et d'un enthousiasme total à la toute fin, Yannick Nézet-Séguin et l'OM devraient obtenir là-bas un véritable triomphe.

Le jeune chef et le « deuxième » orchestre montréalais ont reconstitué avec une extraordinaire vérité ce tableau très sombre, et comme annonciateur, dès 1935, du conflit mondial qui se préparait. Les sombres bruits de guerre et les rythmes qui les accompagnent : tout était là, comme la trame sonore d'un film. Rare moment de répit dans ces 33 minutes de violence orchestrale, le mouvement lent découvrit un émouvant dialogue des cordes et un inquiétant solo final de la flûte.

Un très bon choix, donc, ce Vaughan Williams. Une rareté aussi : il ne fut joué qu'une fois ici, par l'OSM en 2013.

La première moitié du concert est consacrée à Sir Edward Elgar. On entend d'abord les fameuses Enigma Variations. Les cordes s'y révèlent déjà somptueuses, les bois également, notamment le plus mystérieux solo de clarinette qui soit. Nézet-Séguin dirige le tout avec humour ou tendresse, selon le cas.

Stéphane Tétreault et son célèbre violoncelle suivent, dans le Concerto d'Elgar, et en présence de la mécène Jacqueline Desmarais qui a mis le précieux instrument entre les mains du jeune homme (lequel a 22 ans et non 20, comme le répète encore le programme).

L'attaque au très grave du violoncelle rejoint l'esprit de cette musique souvent proche d'une lamentation. Le jeune Tétreault joue avec ses qualités habituelles de justesse et de sonorité. D'émotion aussi, bien que, cette fois, on observe chez lui une certaine tendance au maniérisme. Quelques traits rapides, à la fin, sont aussi à revoir. Il faut cesser de répéter qu'un tel résultat est « extraordinaire, pour 22 ans ». À 18 ans et à 20 ans, Tétreault nous a donné encore mieux.

ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN

Chef d'orchestre Yannick Nézet-Séguin.

Soliste Stéphane Tétreault, violoncelliste.

Vendredi soir, Maison symphonique, Place des Arts.

Programme Variations on an Original Theme (« Enigma »), op. 36 (1899) - Elgar

Concerto en mi mineur pour violoncelle et orchestre, op. 85 (1919) - Elgar

Symphonie no 4, en fa mineur (1935) - Vaughan Williams