Cape et chapeau noir, le baryton français Laurent Naouri est omniprésent dans Les contes d'Hoffmann, un opéra où il joue les méchants esprits et qui lui vaut une belle reconnaissance à New York, où il s'était déjà produit en 2012.

Parmi les différents personnages de cet opéra fantastique de Jacques Offenbach qui raconte le destin torturé du poète Hoffmann, le Français a su imposer son style: «Je suis principalement une émanation de l'imagination de Hoffmann, une part destructrice de lui-même», explique Laurent Naouri.

Durant les presque trois heures et demie de chaque représentation, le baryton français de 50 ans se transforme à chaque acte, même si son personnage conserve essentiellement les mêmes traits de caractère.

Laurent Naouri, qui est à la ville le mari de la soprano Nathalie Dessay, connaît parfaitement ce rôle polymorphe de la pièce d'Offenbach qu'il joue depuis près de 20 ans, mais c'est la première fois qu'il se produit à l'opéra de New York.

Il s'était déjà produit au Met en 2012 pour quatre représentations de Madame Butterfly et la qualité de ses prestations devrait lui permettre d'y décrocher des rôles plus importants à l'avenir.

Le New York Times a par exemple salué «la voix robuste et le style français parfait» du baryton dans «Les contes d'Hoffmann».

«Je suis content parce qu'ils parlent d'autres rôles. C'était un rêve depuis que j'ai commencé et c'est devenu réalité. Cela a pris du temps mais je suis content que le fait de chanter à New York ne soit pas qu'une expérience isolée», savoure encore Laurent Naouri.

Né à Paris, celui-ci s'est lancé dans le chant assez tard, après des études prestigieuses d'ingénieur à l'école Centrale de Lyon. À l'âge de 25 ans le Centre national d'insertion professionnelle des artistes lyriques à Marseille le choisit pour une tournée de Cosi Fan Tutte, une opéra composé par Mozart.

Stature imposante

Laurent Naouri engage alors un agent qui lui permet de lancer sa carrière professionnelle tout en étoffant sa formation à la Guildhall School of Music and Drama de Londres.

Sur scène, son charisme est évident mais le baryton a dû apprendre à maîtriser sa voix: «Ce n'est pas comme une voix typique de baryton lyrique. Cela m'a pris du temps pour trouver toutes ses nuances».

Dans Les contes d'Hoffmann, Laurent Naouri campe plusieurs méchants, du grotesque au plus menaçant, comme quand son personnage persuade une jeune femme de chanter jusqu'à la mort, dans le deuxième acte tragique de l'opéra. La scène inclut un trio intense avec Hoffmann et le père de la jeune femme, dans lequel la voix puissante du chanteur français fait merveille.

«C'est l'un de mes rôles favoris car il m'a ouvert de nombreuses portes», dit-il.

Laurent Naouri a tenu d'autres grands rôles, comme celui du toréador Escamillo dans Carmen, ou Alfredo Germont dans La Traviata.

Le baryton français apprécie également le rôle du comte dans Le mariage de Figaro, ou le rôle-titre de Falstaff, le dernier opéra composé par Verdi.

Mais sa voix et sa stature imposante font de Laurent Naouri un candidat tout désigné pour d'autres rôles de méchants, comme Iago dans Othello, qu'il a déjà interprété.

«La seule chose dans laquelle je n'aimerais pas être cantonné, ce serait d'être le «Monsieur spécialiste français», parce que j'aime chanter dans toutes les langues», souligne-t-il.

Le baryton chante aussi régulièrement en duo avec sa femme Nathalie Dessay pour des récitals. Les époux ont ainsi chanté ensemble dans la comédie musicale Les parapluies de Cherbourg, grand succès du Théâtre du Châtelet à Paris en septembre dernier.

Mais la soprano ne participe plus à des opéras depuis 2013: «J'aurais pourtant aimé faire des choses avec elle», conclut Laurent Naouri avec une pointe de regret.