Beethoven n'a jamais cessé d'inspirer les artistes. Mais on a rarement vu des portraits de lui plus modernes et fantaisistes que ceux de Ludwig, de Christian Quesnel. Le livre rétrofuturiste de l'artiste visuel et bédéiste a inspiré à son tour l'orchestre de chambre Appassionata, qui consacre un concert-événement multimédia à l'héroïque compositeur avec La révolution Beethoven, mardi soir au cinéma Impérial.

La soirée se déroulera en deux parties. Dans la première, on verra des projections des oeuvres de Quesnel avec une narration et une trame musicale faite d'un enchaînement d'oeuvres de Beethoven jouées par Appassionata. Dans la seconde, l'orchestre jouera la Symphonie no 3, dite Eroica, en formule concert traditionnelle.

«Nous pensons que le public est capable d'apprécier la musique sans soutien visuel, dit Daniel Myssyk, directeur musical d'Appassionata. Les gens sont intelligents et nous n'avons pas besoin de tout mâcher pour eux. On voulait élargir notre public avec ce spectacle. Mais une fois qu'on a vu la présentation, on laisse toute la place à la musique.»

Révolutions

Le spectacle s'articule autour de trois révolutions: la révolution sociale de l'époque, la révolution dans la vie de Beethoven et la révolution musicale qu'il a déclenchée, surtout à partir de sa troisième symphonie, dite Eroica.

«La portion multimédia suivra le cours d'une narration établie par l'auteure dramatique Jennifer Tremblay, qui s'est basée sur mes recherches, dit Daniel Myssyk. J'ai recueilli des citations de Beethoven, de ses contemporains, de ses amis et des critiques de l'époque. Il y a énormément de choses à dire sur le contexte postrévolutionnaire de cette époque, et sur le fait que Beethoven était très enthousiaste envers les idées de liberté, d'égalité et de fraternité, qu'il aurait voulu voir arriver aussi dans son pays. Il y a également beaucoup à dire sur la signification de cette Symphonie no 3.»

C'est bien connu, Beethoven avait d'abord dédié sa troisième symphonie à Napoléon Bonaparte. Apprenant que ce dernier s'était proclamé empereur, il biffa la dédicace en la remplaçant par la formule «À la mémoire d'un grand homme».

«Pour Beethoven, Napoléon devenait l'égal de n'importe quel autre despote en faisant fi des avancées de la Révolution française», affirme Daniel Myssyk, directeur musical d'Appassionata.

Beethoven métal

Au premier plan de ce spectacle, il y a le Ludwig de Christian Quesnel, roman graphique qui s'inspire librement de la fameuse Lettre à l'immortelle Bien-aimée écrite par le compositeur.

«J'ai déjà fait de la bande dessinée traditionnelle mais, maintenant, je suis davantage dans l'exploration, dit l'artiste. Je fais beaucoup de recherche pour mes albums. Pour produire Ludwig, il m'a fallu trois ans et demi de travail. En 2009, j'ai obtenu une résidence du Conseil des arts et des lettres du Québec à Londres, et c'est là-bas que j'ai eu l'idée de Ludwig

«Dans l'est de Londres, il y a une foule de galeries qui explorent des superpositions des formes d'art vraiment intéressantes. Je me suis demandé ce qui pourrait être fait en bande dessinée.»

L'artiste a découvert Beethoven assez jeune, en lisant un livre de la célèbre collection Grolier pour enfants Un bon exemple sur le compositeur.

«Chez nous, on n'écoutait pas de classique, mais j'ai été fasciné par ce livre et j'ai commencé à apprendre sur lui, à écouter de sa musique.»

Mais il a aussi choisi Beethoven comme héros de son livre parce que pour lui, c'est «le plus métal des compositeurs».

«Je travaille toujours en écoutant de la musique, mais je suis plutôt un amateur de black métal, notamment norvégien. Tous les maquillages et l'esthétisme des visages des compositeurs, dans mon livre, sont inspirés des groupes de black métal norvégiens comme Dimmu Borgir. Beethoven a quelque chose de métal dans son attitude et sa façon de composer.»

Pour créer ses oeuvres, Quesnel utilise des collages, de l'acrylique et du crayon. Les planches originales de Ludwig ont déjà été exposées dans des musées, notamment à Chicago. Quelques-unes seront exposées le soir du concert. La projection multimédia comprend des images tirées de Ludwig ainsi que de nouvelles oeuvres créées pour l'occasion.

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Au cinéma Impérial le 18 novembre, 19 h 30.