En avant la musique! Les deux orchestres de Radio France inaugurent vendredi soir, avec Wagner, Mozart et Prokofiev, le nouvel auditorium, clou de la réouverture de la Maison de la Radio après 5 ans de travaux.

Une foule de quelques centaines de personnes se pressait vendredi soir à l'entrée: parmi eux des invités et des gens venus dans l'espoir d'accéder à un concert gratuit mais complet depuis plusieurs jours.

Plus de 10 000 visiteurs - dont le Premier ministre, Manuel Valls, et la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, pour le concert de vendredi - étaient attendus durant trois jours dans le grand hall et les espaces rénovés, parmi lesquels le célèbre studio 104.

L'incendie intervenu le 31 octobre au 8e étage encore en travaux n'a pas compromis la fête. Toutes les antennes participent, avec des émissions en public et la retransmission en direct par France Musique des cinq grands concerts du nouvel auditorium.

Situé sur l'emplacement des anciens studios 102 et 103, l'auditorium est conçu en forme d'arène, les spectateurs entourant l'orchestre, comme à Berlin et à la future Philharmonie de Paris. Aucun spectateur n'est à plus de 17 mètres de l'orchestre.

Ses dimensions sont plus modestes que celles de la grande salle de la Philharmonie (1460 places au lieu de 2400). Son architecture l'apparente à un gros tonneau, tout en profondeur et entièrement recouvert de boiseries (cerisier, bouleau, hêtre) choisies pour leur qualité de réverbération. Radio France a fait appel au célèbre acousticien Yasuhisa Toyota, qui intervient également pour la Philharmonie, dont l'ouverture est prévue deux mois plus tard, le 14 janvier.

«Cela sonne un peu fort», a constaté le directeur de la musique de Radio France, Jean-Pierre Rousseau, sur France Inter, tout en louant «une des plus belles salles que je connaisse au monde».

«Cela demande des réglages, il faut que les musiciens s'y habituent, que le public s'y habitue. Les ingénieurs et les acousticiens continuent de travailler», a-t-il dit.

Le concert de vendredi soir permettra de juger sur pièces. L'Orchestre National (le premier orchestre symphonique permanent créé en France, en 1934) ouvre le bal avec une oeuvre moderne, d'Henri Dutilleux, décédé l'an dernier, l'ouverture de Tannhaüser, de Wagner, un extrait du Chevalier à la Rose, de Strauss, et le fameux Boléro de Ravel.

Rue traversante

Le deuxième orchestre de la maison ronde, le «Philharmonique» enchaînera avec Prokofiev, Mozart et Ravel.

Interrogé sur l'avenir des deux orchestres, alors que la radio allemande SWR fusionne ses deux formations à l'horizon 2016, M. Rousseau a lancé: «Est-ce que la culture doit toujours être la première variable d'ajustement? Moi, je dis non».

Il a insisté sur la diversification de l'offre musicale de la maison ronde «pour que tous les publics trouvent une réponse à leurs attentes».

Vendredi soir, à 21h, Jacques Higelin donne une lecture musicale dans le studio 104 rénové et, à 22h, le «Jazz club» est en public dans l'agora, une place dotée d'un puits de lumière, située au coeur de la maison ronde.

Les travaux de désamiantage et de rénovation (350 millions d'euros) ont été l'occasion d'ouvrir le «camembert», créant une «rue traversante» menant à l'agora. À terme, des restaurants et une librairie doivent ouvrir. Les travaux ne seront complètement terminés qu'en 2016.

Côté animations, un atelier famille où les enfants peuvent s'initier au journalisme «dans les conditions du direct», organisé par France Info, des expositions et une «bataille de pianos» permettant à deux pianistes de s'affronter via le jeu Street Fighter, des stands permettant de s'improviser journaliste pour la météo marine ou les commentaires de foot.

Parmi les concerts phares du week-end, la symphonie fantastique de Berlioz, un récital «de Carmen à Gershwin», avec le choeur et la Québécoise Marie-Nicole Lemieux et une soirée «DJ sets» samedi. Dimanche, une brochette d'artistes rend hommage à Nina Simone au studio 104.