On a beau le présenter comme un chef ultra-compétent, appliqué, rigoureux et tout, dès l'instant où il monte sur le podium, Yannick Nézet-Séguin redevient un enfant qui meurt d'envie de s'amuser. Il ne s'agit d'ailleurs pas de diriger la musique, mais de la vivre, à chaque instant.

Avec lui, la répétition passe presque trop vite. L'atmosphère détendue et positive qui règne invite à la collaboration et au dépassement. Surtout, le chef québécois parvient à communiquer ses intentions avec une telle évidence que la plupart des problèmes se règlent avant même d'apparaître. Si, à l'occasion, surgit un décalage entre les exécutants, le chef transforme la difficulté en jeu. Un sourire, un regard espiègle, et hop! le tour est joué. L'efficacité on ne peut plus joyeusement incarnée.

Pour présenter le Requiem de Verdi, l'Orchestre philharmonique de Rotterdam s'associait à l'Orfeón Donostiarra, un choeur qui réunit des chanteurs amateurs de la région immédiate de San Sebastian (Donostia, en langue basque). La qualité de cette formation est absolument renversante. Pas étonnant qu'on l'invite à participer aux plus grands festivals européens.

«On va bien s'amuser!», lance Yannick Nézet-Séguin, manifestement impressionné après la toute première lecture, hier après-midi. Évidemment, il a dit ça en anglais, la langue qui prévaut ici, question qu'instrumentistes, solistes et choristes se comprennent bien. Souvent, le Québécois va se passer de mots. «Rrrrrrr!», fera-t-il aux bassons pour indiquer qu'il a besoin de plus de mordant.

L'Orchestre de Rotterdam et son directeur musical ne passent pas inaperçus à San Sebastian, en Espagne. Déjà, le concert donné par l'ensemble néerlandais, en 2011, avait fait forte impression. Nézet-Séguin, lui, en est à son quatrième passage au festival. Deux bonnes douzaines de journalistes, de photographes et de caméramans ont assisté au début de la répétition, hier après-midi. Quant au Requiem de Verdi, il affichait complet depuis longtemps.