Fidèle à ses habitudes, l'Orchestre de la Francophonie (OF) est de retour avec la chaleur de juillet. Son chef, Jean-Philippe Tremblay, a concocté une tournée de concerts à Montréal et en région, dont plusieurs sont gratuits. Le point culminant de l'été: un concert à la Maison symphonique avec les enfants musiciens du Garage à musique de la Fondation du Dr Julien. Un projet qui marie l'action sociale à l'éducation musicale.

De plus en plus, le chef de 35 ans est attiré par les projets à portée pédagogique.

«Je recherche un équilibre dans mes activités, dit Jean-Philippe Tremblay. Je dirige des orchestres un peu partout en tant que chef invité une quinzaine de semaines par an. Je consacre aussi une partie de mon temps à la musique de chambre. Mais sur mon chemin, il y a des gens qui m'ont donné le goût de l'enseignement et c'est devenu très important pour moi.»

Rappelons que la mission de l'OF est de permettre aux jeunes musiciens professionnels d'avoir une expérience d'orchestre et de se perfectionner pendant un stage d'été où ils donnent plusieurs concerts. D'année en année, sa composition change. Depuis sa fondation, l'orchestre a donné plus de 300 concerts et enregistré cinq disques.

Quand il a cofondé l'OF en 2001, son chef en devenir avait déjà croisé de grands noms de la musique qui sont aussi de grands pédagogues: Pinchas Zukerman, Robert Spano, Kurt Masur et Michael Tilson Thomas, pour ne nommer que ceux-là. C'est d'ailleurs la New World Symphony, fondée par Michael Tilson Thomas, qui a servi de modèle à l'OF.

Garage à musique

Autre influence marquante: l'exemple d'El Sistema, au Venezuela. Depuis des années, Jean-Philippe Tremblay visite régulièrement ce pays à titre de chef invité de l'Orchestre symphonique Simón Bolívar, l'orchestre d'élite d'El Sistema.

«Là-bas, ils se sont dit: notre société n'est pas parfaite, alors nous allons en créer une à côté, avec un système d'orchestres où l'on va essayer de faire grandir les jeunes, dit-il. Partout dans le monde, de plus en plus d'écoles s'inspirent de ce modèle.»

«Peu d'écoles reçoivent la bénédiction de José Antonio Abreu, fondateur d'El Sistema, poursuit M. Tremblay. Mais il parle avec beaucoup d'amour et de respect de Moncton Sistema, au Nouveau-Brunswick, et du Garage à musique, à Montréal.»

Apprendre la musique

Fondé en 2009 par l'avocate Hélène Sioui-Trudel, le Garage à musique est situé dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Il permet aux enfants de ce quartier d'apprendre la musique gratuitement dans le contexte de la pédiatrie sociale développée par le docteur Julien.

Le but n'est pas d'en faire des musiciens professionnels, mais de leur donner l'outil puissant de la musique pour se développer en tant que personnes.

«Ces jeunes bénéficient de la discipline et des méthodes de travail apportées par l'apprentissage d'un instrument, mais aussi du lien émotionnel qui se crée avec la musique qu'ils jouent. Cela développe aussi leur personnalité et les aide à s'exprimer», dit Jean-Philippe Tremblay.

En 2010, Hélène Sioui-Trudel a accompagné Jean-Philippe Tremblay à Caracas pour rencontrer José Antonio Abreu.

«Je voulais voir sur place comment ça se passait et comment on pourrait intégrer leurs méthodes chez nous», dit-elle. Ce voyage a aussi marqué le début d'une belle amitié entre Tremblay, son orchestre et le Garage à musique.

Depuis trois ans, des stagiaires de l'Orchestre de la Francophonie deviennent les mentors d'enfants qui participent au camp d'été du Garage. Le 27 juillet prochain, une vingtaine de ces enfants, âgés de 6 à 12 ans, seront intégrés à l'orchestre pour jouer le Boléro de Ravel à la Maison symphonique.

«Les jeunes sont accompagnés par nos professeurs pour apprendre leur pièce, explique Mme Sioui-Trudel. Ils vont jouer un arrangement du Boléro écrit par Sandrine Zuyderhoff, violoniste, qui est aussi musicothérapeute. On voit souvent des orchestres réaliser des projets avec les jeunes, mais c'est rare qu'ils ont la générosité de les laisser jouer sur scène avec eux.L'OF croit beaucoup à notre mission et comprend que ce n'est pas seulement de la musique, mais un projet de pédiatrie sociale.»

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Le chef de l'Orchestre de la Francophonie Jean-Philippe Tremblay

Les concerts de l'OF cet été

> 21 juillet, 20 h

Musique de chambre avec quelques membres de l'OF. Société des arts technologiques. Gratuit.

22 juillet, 20 h

Symphonie no 6 dite Pathétique de Tchaïkovski. Société des arts technologiques. Gratuit.

23 juillet, 20 h

Concert d'oeuvres de Barber et Brady. Soliste: Robert Uchida, violoniste. Société des arts technologiques. Gratuit.

27 juillet, 13 h 30

L'OF à la Maison symphonique avec le Garage à musique. Gratuit.

29 juillet, 21 h

Musique de John Williams. Place de la Paix. Gratuit.

3 août, 15 h

Concert-dégustation au Festival international du Domaine Forget, Saint-Irénée. Soliste: Louis Lortie.

5 août, 19 h 30

Concert à Chicoutimi. Théâtre de la Banque Nationale.

9 août, 21 h

Dîner-concert-bénéfice de la Fondation du Concours musical international de Montréal, ferme Le Campanile, Dunham.

Orchestre de papier

Cet été, le Garage à musique reçoit des enseignants de Moncton Sistema qui viennent initier les élèves débutants sur des instruments faits de papier. Cette méthode a été conçue par El Sistema pour apprendre aux enfants à manipuler et transporter correctement les instruments avant qu'ils puissent en avoir de véritables entre les mains.

«Quand tu as un violon de papier, tu as hâte d'en avoir un vrai pour faire de la musique. Mais avant, il faut apprendre à bien le tenir pour éviter de le briser. L'Orchestre de papier va donner son propre concert juste avant celui avec l'OF», dit Hélène Sioui-Trudel.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE