Avec un père chef d'orchestre et une mère pianiste, on peut dire sans exagérer que Karin Kei Nagano est tombée dans la potion musicale quand elle était petite. À 1 an, elle écoutait déjà Mozart. À trois ans et demi, elle commençait le piano. À ce rythme, un premier disque à 15 ans est une suite logique pour cette jeune pianiste qui a grandi avec la musique comme langue maternelle.

«Comme je viens d'une famille musicale, ça me paraissait naturel d'apprendre le piano, et c'était normal, pour moi, que n'importe quelle personne souhaite devenir pianiste», explique la jeune fille dans un français impeccable, avec une diction parfaite.

C'est qu'elle habite Paris et y fréquente l'école depuis l'âge de 4 ans. Elle étudie le piano en privé avec trois professeurs différents, dont le Russe Alexander Paley.

Mais ce premier disque, c'est au Québec qu'elle est venue l'enregistrer, à la salle multimédia de l'École de musique Schulich de l'Université McGill. L'album, sous étiquette Analekta, est consacré aux Concertos nos 12 et 13 de Mozart. Karin Kei Nagano y joue accompagnée du Cecilia String Quartet, quatuor à cordes canadien composé uniquement de femmes.

«Mozart n'a pas composé beaucoup de concertos qui peuvent être joués avec un quatuor, c'est pour cela que j'ai choisi ces deux-là. Et aussi parce qu'ils sont très différents l'un de l'autre. J'ai aimé travailler avec le Cecilia String Quartet. Quand on joue avec un orchestre, la relation se passe surtout avec le chef. Mais avec un quatuor, il y a une relation avec chaque musicien et on trouve des solutions ensemble. C'est beaucoup plus intime.»

Le grand orchestre ne l'intimide pas pour autant. Elle a d'ailleurs joué à la Maison symphonique avec l'OSM en 2011, sous la direction de son père, dans le Carnaval des animaux de Saint-Saëns.

Mais si, pour une raison ou pour une autre, il lui était impossible de faire carrière comme musicienne? Quel métier choisirait-elle?

«Ce serait sûrement quelque chose qui demande de la créativité, dit-elle. Productrice de films, ou diplomate. C'est un métier où il faut aussi être créatif, je crois.»

Dans ses temps libres, la jeune fille danse le ballet, écrit, dessine et tourne des petits films à la maison. Récemment, elle a aussi découvert le tennis. Et comme toutes les adolescentes, elle rêve.

«Quand j'étais petite, je rêvais de fonder une ville sans crime et sans violence, dit-elle. Maintenant, j'espère contribuer un peu à cela à travers la musique. En tout cas, personnellement, la musique m'aide beaucoup à devenir une meilleure personne.»