L'Orchestre symphonique de Montréal (OSM), la Société des arts technologiques (SAT) et des créateurs québécois s'unissent pour créer Harmonielehre, un audacieux film musical projeté sur la Satosphère dans le cadre de Montréal en lumière. Une oeuvre musicale, un film et une immersion sensorielle.

Ce soir, l'OSM explose en mille morceaux. Harmonielehre, film immersif et musical unique en son genre, est projeté en première mondiale à la Satosphère, le dôme théâtral de la SAT.

On pourrait dire que l'OSM et son chef Kent Nagano y tiennent les rôles principaux. Mais la vraie tête d'affiche, c'est Harmonielehre, l'oeuvre originale. Grâce à des moyens techniques imposants, cette pièce orchestrale en trois mouvements du compositeur américain John Adams se métamorphose en expérience sensorielle où flotte le spectateur allongé par terre, la tête appuyée sur un gros coussin. La Presse a pu en visionner en exclusivité quelques extraits fort prometteurs.

L'idée est née dans la tête de Pascal Pelletier qui, par l'entremise de ses entreprises, Productions Figure 55 et Studio Plasma, conçoit des projets multimédias depuis 15 ans.

En 2012, il avait capté des images de la Virée symphonique de l'OSM. Peu de temps après, il a vu une projection à la SAT.

«Je me suis dit: il faut que je réunisse ces deux mondes», dit-il.

Une fois son idée acceptée par les deux parties, le producteur a confié la réalisation du film à Michel Lam, qui s'est notamment fait connaître pour son documentaire de l'ONF sur l'influence de la musique sur les enfants, intitulé ... et la musique, en 2009.

«C'est la première fois que l'on capte des images d'un orchestre pour un écran à 360 degrés comme celui-là», dit le réalisateur.

L'oeuvre de John Adams, très imagée, l'a beaucoup inspiré.

«J'ai utilisé l'iconographie qui l'entoure pour concevoir un voyage, dit-il. L'idée n'est pas de recréer un concert. Au début, on est avec l'orchestre, mais rapidement, il se fragmente au rythme de la musique. Plus le film avance et plus on entre dans l'imaginaire du compositeur. On dépasse le symbolisme et les métaphores pour explorer les sensations et se laisser emporter par elles.»

Le scénario s'inspire aussi d'images de San Francisco. En effet, l'idée originale de la composition d'Harmonielehre est née d'un rêve de John Adams dans lequel il traversait le Bay Bridge, qui relie Oakland à San Francisco.

Le choix de l'oeuvre pour ce projet est venu de Kent Nagano.

«Je voulais que le côté visuel ajoute une dimension à la musique sans prendre le dessus sur elle, dit le chef d'orchestre. Nous avons beaucoup discuté de répertoire avant de choisir. J'ai pensé que le côté fragmenté de la musique minimaliste de John Adams se prêterait bien à l'utilisation d'images générées par ordinateur qui se transforment au gré de la composition.»

Kent Nagano connaît John Adams depuis ses années d'études.

«Quand je l'ai connu, il n'avait pas encore acquis sa renommée mondiale. Nous avons développé une amitié assez rare. Quand j'ai entendu Harmonielehre pour la première fois, j'ai été bouleversé. À l'époque, c'était complètement nouveau. On lui attribuait l'étiquette, peut-être injuste, de nouveau romantisme. J'ai décidé de diriger l'oeuvre à Tanglewood, et comme John Adams venait de cette région, ce retour aux sources l'a ému. Je crois que ce moment a cimenté notre amitié.»

Si tout se passe bien, Harmonielehre pourrait voir du pays. «C'est possible de le présenter dans des planétariums inclinés, qui sont à la recherche de contenu pour séduire un nouveau public. Actuellement, nous avons quatre oeuvres qui tournent ailleurs dans le monde, et nous allons leur proposer celle-ci», dit Monique Savoie, présidente, fondatrice et directrice artistique de la SAT.

Le projet en dates

1922 : Arnold Schoenberg publie Harmonielehre, un traité d'harmonie.

1985 : John Adams compose Harmonielehre, en référence au traité de Schoenberg.

2012 : Pascal Pelletier présente son projet à l'OSM.

2013 : L'OSM enregistre Harmonielehre.

2014 : Première du film à la SAT.

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Harmonielehre du 20 février au 21 mars à la SAT et en supplémentaires dans le cadre du Festival international du film sur l'art, du 20 au 30 mars.