Le Parsifal de Wagner, mis en scène par François Girard au Metropolitan Opera, fait excellente figure dans les bilans de fin d'année des médias américains. Qualifié de «mémorable» par The New York Times, il est décrit comme l'un des meilleurs spectacles de l'année par The New York Observer, Operavore et plusieurs autres.

Pour le metteur en scène, qui a travaillé pendant cinq ans à la production de cette oeuvre mythique, plusieurs facteurs expliquent ce succès.

«Parsifal est un opéra qui n'est pas banal dans le répertoire et ne passe jamais inaperçu, indépendamment de ce que nous en avons fait, dit François Girard. Il occupe une place cruciale dans l'histoire de la musique. Toutes catégories confondues, c'est le travail le plus difficile que j'ai eu à faire dans ma carrière et je tiens d'ailleurs à souligner qu'il s'agit d'un succès d'équipe, avec tous mes collaborateurs qui ont bossé là-dessus pendant des années.»

À Lyon

D'abord présentée à l'Opéra de Lyon au printemps 2012, la production s'est installée au Met en février 2013 avec les plus grandes voix de l'heure, le ténor superstar Jonas Kaufmann y tenant le rôle principal aux côtés, entre autres, de René Pape et de Peter Mattei.

«C'était une distribution de rêve, dit le metteur en scène. Le Met a toujours fait place aux meilleurs chanteurs du monde, mais dans le régime actuel, il y a également un souci de renouveler la qualité théâtrale. Des artistes comme Kaufmann sont non seulement de grands chanteurs, mais aussi de grands acteurs. Peter Gelb [NDLR: directeur général du Met] et son équipe veulent ramener le théâtre au Met. C'est ce qui a amené des gens comme Patrice Chéreau ou Robert Lepage à y travailler. Ce ne sont pas toutes les maisons d'opéra qui donnent autant de place à la mise en scène et j'ai été choyé. C'est pourquoi j'ai l'intention d'y retourner.»

Des discussions sont en cours entre le metteur en scène et la maison d'opéra new-yorkaise pour la réalisation d'autres opéras. Mais dans l'immédiat, François Girard retourne à la réalisation. Il prépare le film Boychoir, qui mettra en vedette Dustin Hoffman et dont le tournage commencera en février.

«Mes sept dernières années ont été consacrées à des mises en scène de théâtre, d'opéra ou du Cirque du Soleil, mais là, je suis vraiment dans mon retour au cinéma», dit-il.

Plusieurs projets

Pour le long terme, une foule de discussions et de projets sont en cours, tant au cinéma qu'au théâtre ou à l'opéra. Aurons-nous la chance un jour de voir un opéra signé François Girard à Montréal?

«Évidemment, je suis intéressé et j'ai souvent discuté avec les gens de l'Opéra de Montréal, dit-il. À deux reprises dans le passé, nous avons annoncé en conférence de presse que mes opéras y seraient présentés. Mais les deux fois, les projets ont été annulés, par malchance ou manque de moyens. C'est une frustration pour moi, car Montréal est la ville où je vis et c'est mon premier public. De tous les opéras que j'ai faits, aucun n'a été présenté ici», dit-il.

«Le public québécois peut donc se réjouir que le cinéma rende maintenant accessible des grandes productions comme Parsifal, car même pour une maison de premier plan comme le Met, où l'oeuvre ne reviendra pas au programme avant l'an prochain, il s'agit d'un gouffre financier.»

Le plus cher

«Parsifal n'est pas seulement l'opéra le plus difficile, ajoute-t-il, c'est aussi le plus cher du répertoire. Très peu de maisons peuvent se le permettre. Quand tous les artistes sont réunis, ils sont environ 250, et en comptant les techniciens et le reste du personnel, il faut payer quelque 550 personnes pour chaque représentation, qui dure près de six heures.»

Actuellement, à la Canadian Opera Company de Toronto, qui a coproduit Parsifal, on est d'ailleurs en plein débat pour savoir si l'oeuvre sera présentée dans la Ville reine, et ce, même si la maison d'opéra a des moyens financiers supérieurs à ceux de l'Opéra de Montréal.