Salle presque comble hier soir à la Maison symphonique pour le programme Mahler-Wagner de l'Orchestre Métropolitain, avec Marie-Nicole Lemieux en soliste. Yannick Nézet-Séguin a d'abord indiqué que la chanteuse et lui-même étaient, à cette occasion, réunis pour la première fois sur une même scène depuis 13 ans. Autre brin d'histoire: nos deux artistes locaux devenus vedettes internationales ont le même âge, 38 ans, étant nés en 1975, à quelques semaines d'intervalle. Le jeune chef de l'OM a cependant laissé à d'autres le soin d'annoncer qu'il sera remplacé au piano par Olivier Godin lors du concert-bénéfice de la Chapelle historique du Bon-Pasteur demain (dimanche), 15 h 30. Tel qu'indiqué, Karina Gauvin y sera, de même que Mme Lemieux.

Nézet-Séguin ouvrait le concert d'hier soir avec la même oeuvre qui terminait le hors-série de mercredi dernier au Théâtre Outremont, soit The Young Person's Guide to the Orchestra de Britten. Cette fois, l'oeuvre était donnée dans sa version la plus courante, c'est-à-dire sans narration. La grande différence ne résidait pas là, cependant, mais plutôt dans le passage d'une salle à l'autre. Dans l'acoustique exceptionnelle de la Maison symphonique, l'oeuvre de Britten retrouvait sa pleine dimension de très virtuose et éblouissant «concerto pour orchestre». Mieux encore, elle soulignait le niveau extrêmement élevé, et souvent égal à celui de son concurrent, que le Métropolitain a atteint au cours des ans.

Marie-Nicole Lemieux avait choisi deux des oeuvres les plus célèbres du répertoire allemand pour voix et orchestre: d'abord les Kindertotenlieder de Mahler et leur réflexion sur la mort d'enfants, puis, après l'entracte, les Wesendonk-Lieder de Wagner, où pointe une lueur d'espoir. La chanteuse souligna le changement de climat en revenant sur scène dans une robe et une coiffure différentes. Partout, la voix se déploie avec naturel, elle n'est jamais forcée et reste belle, juste et égale sur toute la tessiture, en même temps qu'une vraie couleur de contralto continue de se manifester au grave.

Pour l'émotion, il faut chercher ailleurs: chez d'autres chanteuses comme l'incomparable Kathleen Ferrier ou, dans le cas présent, au sein de l'orchestre, tout simplement. De cet OM devenu le prolongement de lui-même, Nézet-Séguin tire une expression qui va droit au coeur et qu'il maintient, malgré d'infimes imperfections d'ensemble, jusqu'au dernier souffle du diptyque de Tristan und Isolde. À tirer les larmes, ce génial Wagner de Nézet-Séguin, alors que la chanteuse nous refuse jusqu'au plus petit sanglot...

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ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN. Chef d'orchestre: Yannick Nézet-Séguin. Soliste: Marie-Nicole Lemieux, mezzo-soprano. Hier soir, Maison symphonique, Place des Arts.

Programme:

The Young Person's Guide to the Orchestra, op. 34 (1946) - Britten

Kindertotenlieder, pour voix et orchestre (1904) - Mahler

Wesendonk-Lieder, pour voix et orchestre (1858) - Wagner

Prélude et Liebestod, de l'opéra Tristan und Isolde (1865) - Wagner