Le Concerto Köln, ensemble jouissant d'un grand prestige international, visitait Montréal en ouverture du festival Bach, samedi soir, à la salle Bourgie. Hélas, ce que nous avons entendu n'était pas à la hauteur de la réputation de ce que l'on dit être l'un des «meilleurs orchestres de chambre du monde».

Des concerts de musique baroque plus passionnants que celui-là, on en a entendu des tonnes à Montréal, à commencer par les meilleurs d'Arion, ensemble bien de chez nous. Que l'on pense à celui dirigé, il y a deux ans, par Christophe Rousset ou, en octobre dernier, par l'exaltant Enrico Onofri. Les Violons du Roy interprètent aussi Bach avec plus d'intelligence, de panache et de chaleur que cet ensemble venu de Cologne.

Nous sommes forcés de constater que le Concerto Köln a perdu de son lustre et que son style d'interprétation est dépassé. L'exécution de la plupart des oeuvres était machinale, comme si un métronome invisible guidait l'ensemble. C'est bien en vain que l'on a attendu ce moment où les musiciens sortiraient de ce carcan, emportés par quelque élan d'inspiration. Tout était contrôle et mécanique.

Des interprètes sans joie

Le jeu était bien souvent vertical tandis que les phrases s'égrenaient note par note au lieu de couler dans un flux musical. À aucun moment de la soirée ces fameux interprètes n'ont réussi à nous convaincre qu'ils étaient dans la joie de faire de la musique.

La sonorité du Concerto Köln est quand même belle, la justesse est généralement au rendez-vous, la rigueur et la précision sont indéniables, mais ce sont là des exigences minimales à respecter de la part d'un orchestre d'une telle expérience. Dans le Concerto brandebourgeois no 5 de Bach, la flûtiste Cordula Breuer s'est avérée anémique, sans entrain et peu articulée. On aurait pu la croire en punition. Dans le Concerto pour violoncelle, cordes et basse continue en ré mineur d'Antonio Vivaldi, l'énergique violoncelliste Werner Matzke a agrémenté le Largo de tant de fausses notes que nous en étions gêné pour lui.

En finale, le Concerto brandebourgeois no 4 de Bach a ravivé notre intérêt grâce à l'utilisation de flûtes d'écho dont la sonorité était rafraîchissante. L'orchestre est revenu sur scène pour un rappel, mais nous nous dirigions déjà vers la sortie, déçu. La musique baroque est tellement vivante et dynamique. Elle ne mérite pas qu'on la recouvre ainsi de lassitude.