Adam Cohen et Coeur de pirate (Béatrice Martin) seront les invités de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) et du chef Simon Leclerc, mercredi et jeudi, à la Maison symphonique. La Presse les a rencontrés.

Q : Vous avez fait connaissance à l'émission de fin de soirée de la CBC animée par George Stroumboulopoulos en 2011?

B.M. Oui, c'était une émission de Noël et on avait chanté ensemble Silent Night, en anglais et en français. J'étais super malade ce jour-là.

A.C. Et moi je pensais qu'elle ne s'intéressait tout simplement pas à moi. Il se trouve qu'elle était malade...

Q : Adam, vous avez invité Béatrice à chanter dans vos concerts par la suite. Ce n'est donc pas par hasard qu'on vous retrouve au même programme de l'OSM?

A.C. J'ai été tout de suite charmé par Béatrice, par sa voix et son univers. Quand l'OSM m'a demandé quels artistes je trouvais intéressants, j'ai tout de suite dit que ça serait un énorme plaisir de partager la scène avec Béatrice.

Q : C'est vous qui avez proposé ce concert à l'OSM?

A.C.Oui. Je leur ai dit: j'ai déjà des partitions, je voyage souvent avec un quatuor à cordes et ma musique s'y prêterait. Ce que je fais n'est pas très dynamique, c'est très intime.

Q : Êtes-vous nerveux à l'idée de chanter sans vos musiciens habituels et votre instrument de musique?

B.M. J'avais un peu peur. Quand j'ai su que je n'aurais pas mon piano et que l'orchestre serait mon instrument principal, je me suis dit qu'il faudrait vraiment que j'écoute, que je suive le chef d'orchestre. Mais les arrangements sont assez solides et respectueux de nos chansons, et on ne va pas se perdre là-dedans. Mon travail, c'est d'être une interprète, de jouer le jeu. Je ne considère pas que l'orchestre m'accompagne, c'est moi qui chante avec l'orchestre.

A.C. Moi, je n'ai pas le courage de Béatrice. Je vais être accompagné de mes deux musiciens habituels [la violoncelliste Mai Bloomfield et l'homme à tout faire Michael Chaves], mais on ne fait pas beaucoup de bruit, on est un des groupes les plus doux du show-business. Je leur ai dit: il va y avoir 80 musiciens derrière nous, ils vont déplacer de l'air et on va être envahis par une puissance acoustique qu'on ne connaît pas. Ça risque d'être émouvant.

Q : Avec-vous déjà été témoins de mariages entre la pop et la musique symphonique?

B.M. Je me souviens d'avoir regardé un DVD du groupe Indochine accompagné par un orchestre au Viêtnam. Et j'ai chanté Hélène avec Roch Voisine et un orchestre sur son disque Duophonique.

A.C. J'étais dans une chambre d'hôtel à Londres et quelqu'un m'a envoyé un lien vers Joni Mitchell. Je me suis mis à pleurer tellement j'étais touché par cette femme qui chantait une chanson vieille de 40 ans, Both Sides Now, avec l'Orchestre symphonique de Londres. Avec un arrangement sublime, des mouvements intérieurs, des tensions, une énergie souterraine, et elle qui chantait presque une octave plus bas que dans la version des années 60. C'était magique.

Q : Comment avez-vous choisi vos chansons?

B.M. J'en ai choisi certaines qui me semblaient faites sur mesure et d'autres que je ne m'imaginais pas chanter avec un orchestre, comme Adieu, qui est très intense au niveau des arrangements. Simon Leclerc l'a complètement modifiée et elle est devenue très James Bond, avec des punchs très atypiques.

A.C. J'ai choisi des chansons en fonction des arrangements qu'avait déjà faits le réalisateur de mon dernier album Pat Leonard, un arrangeur d'expérience. Je vais également faire des chansons de mon prochain album que je vais enregistrer dans la maison familiale, à Montréal, pendant tout le mois d'octobre. J'ai tellement hâte!

Q : Quelles sont vos attentes par rapport à ce spectacle?

B.M. Quand on me l'a proposé, j'étais émue. J'ai 23 ans et je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour. Quand j'étais au Conservatoire, ceux qui faisaient des concerts avec des orchestres avaient un certain nombre d'années d'expérience, ils avaient fait une maîtrise, ils jouaient de la musique classique et ils répétaient six heures par jour. Ce n'est pas mon cas, et comme on dit en anglais, it's a big deal. Quand j'étais petite, j'allais souvent au concert et à l'opéra, et je me rappelle très bien avoir eu une espèce de petit serrement au niveau de la poitrine. Je pense que les spectateurs vont le ressentir eux aussi.

A.C. Moi, je l'aurai fait avant mon père, un concert avec un orchestre. C'est une petite, très petite victoire personnelle... La question qui me vient tout le temps à l'esprit, c'est qu'aurait pensé Beethoven? T'as une jeune fille tatouée alternative et un petit troubadour qui ne connaît que quatre accords sur une guitare acoustique. C'est un scandale! Mais je pense que ça va bien se passer.

____________________________________________________________________________

À la Maison symphonique, mercredi et jeudi, à 20 h.