Le nom est bien long : Orchestre philharmonique des musiciens étudiants de Montréal. C'est-à-dire OPMEM. On pourrait laisser tomber le «philharmonique», comme d'autres ont laissé tomber le «symphonique» (exemples : l'Orchestre de l'Université de Montréal ou, à un autre niveau, l'Orchestre de Paris). Cette formation, qui entre dans sa quatrième saison, est donc jeune et pourrait encore devenir simplement l'OMEM, sigle qui, au surplus, inviterait à de délicieux calembours.

Pour l'instant, voici donc l'Orchestre philharmonique des musiciens étudiants de Montréal qui, comme son nom l'indique (abstraction faite du «philharmonique»!), groupe des étudiants en musique de l'UQAM (où il est en résidence), de l'UdM, de McGill et du Conservatoire - une cinquantaine en tout.

Le jeune orchestre n'a pas fait beaucoup parler de lui depuis sa création en 2010, mais il a décidé de le faire, avec une campagne d'abonnement en bonne et due forme qui promet une saison de huit concerts dont le premier, samedi soir, salle Pierre-Mercure, avait attiré quelque 200 personnes.

Quiconque connaît notre public mélomane aura remarqué que l'auditoire de samedi était majoritairement composé de nouveaux visages. Excellente idée, donc, de confier à un animateur la présentation de chaque oeuvre au micro. Réjean Gaudreau (c'est son nom) a lu avec clarté et intelligence un texte très au point préparé par le chef lui-même, Philippe Ménard. Un détail cependant : on dit «sur le thème» et non «sous le thème».

Concernant le concert, ce serait mentir et, surtout, rendre un bien mauvais service à ces jeunes de dire que ce fut là une absolue réussite. En premier lieu, ce fut une expérience des plus sympathiques, la rencontre de vrais amoureux de la musique : exécutants sur scène, donnant manifestement leur maximum, et auditeurs dans la salle, silencieux et attentifs.

L'orchestre lui-même a du potentiel. Son chef de 31 ans, ancien élève de Raffi Armenian, y maintient un bon sens rythmique et un bon équilibre sonore. Longues et nombreuses furent les séquences où l'impression était celle d'écouter un vrai orchestre, même s'il est petit. Ainsi, le Mendelssohn d'entrée, ou encore l'accompagnement du Vaughan Williams, confié au chef assistant.

Comme c'est souvent le cas chez les orchestres d'étudiants, les bois sont remarquables; on peut même en dire autant du cor-solo, ce qui est moins courant. Ces bons éléments permirent au chef d'établir à l'Andante de la troisième Symphonie de Brahms un envoûtant climat de mystère. Hélas! les violons archi-faux ont complètement gâté le mouvement suivant et le reste a donné lieu à quelque désordre. Conclusion : le chef aurait dû travailler davantage la symphonie plutôt que de préparer une Danse hongroise du même Brahms en rappel...

Chef et orchestre s'étaient d'ailleurs complètement égarés dans la section finale des Variations symphoniques de Franck, pendant que le soliste, le jeune pianiste Matthieu Fortin, poursuivait sa route comme il l'avait entreprise dès le début, c'est-à-dire avec une imperturbable sérénité et une entière musicalité. Il a simplement pris trop vite la section médiane, bien indiquée «molto più lento».

L'autre soliste, la jeune violoniste Katia Darisio, élève d'Anne Robert et de Vladimir Landsman, a apporté au Vaughan Williams toute la justesse et la pureté de ligne que requiert le délicat morceau.

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DES MUSICIENS ÉTUDIANTS DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre :  Philippe Ménard, assisté de Nicolas Ellis. Solistes : Katia Darisio, violoniste, et Matthieu Fortin, pianiste. Samedi soir, salle Pierre-Mercure de l'UQAM.

Programme :

Ouverture Die Hebriden, op. 26 (1830) - Mendelssohn

The Lark Ascending, pour violon et orchestre (1914, rév. 1921) - Vaughan Williams

Variations symphoniques, pour piano et orchestre (1885) - Franck

Symphonie no 3, en fa majeur, op. 90 (1883) - Brahms