La quatrième Académie internationale de quatuor à cordes de McGill, qui s'est ouverte dimanche et se poursuit jusqu'au 23, réunit neuf ensembles qui, presque tous de l'étranger, y viennent pour la première fois.

Deux sont bien connus: le Miami et le Vogler. Le premier a ouvert le stage dimanche et le second jouera au concert de clôture. La programmation comprend également quatre concerts partagés entre quatre quatuors en début de carrière: les Calidore, Navarra, Schumann et Van Kuijk. Chacun participe à deux concerts. Une troisième catégorie de participants réunit de très jeunes quatuors encore aux études: Goldmund, Sonoro et Yul. Un quatrième était annoncé dans cette catégorie, le Furioso, d'Azerbadjïan, mais il ne vient pas, pour des raisons de visa, semble-t-il. Peut-être le nom a-t-il suscité quelque crainte...

Mercredi soir, un Pollack Hall presque rempli - tous les concerts sont gratuits - écoutait le Navarra, à la triple origine européenne, et le Calidore, qui est américano-canadien.

Le Navarra ouvre sa prestation avec un Schubert de jeunesse modérément intéressant où il fait bien d'omettre les reprises aux premier et dernier mouvements. Le Scherzo qui vient en deuxième lieu se ramène à un exercice d'appoggiatures que les jeunes cordistes exécutent correctement, pour atteindre dans l'Adagio qui suit une étonnante profondeur d'expression.

Dans le premier Quatuor de Brahms, qui complète leur participation, on retrouve toutes les qualités caractéristiques de l'univers chambriste brahmsien: charme, sérénité, riche pâte sonore. Le premier-violon fait perdre quelques points à l'ensemble, qui laisse néanmoins une bonne impression.

Contraste total avec le Calidore. Dès la première mesure du Haydn - le célèbre Kaiserquartett, ou Empereur -, on est situé. L'attaque précise, le son plein, la pensée lumineuse: tout est d'un niveau infiniment supérieur, d'un professionnalisme absolu, et le restera jusqu'à la fin, sans une seconde de défaillance. Nous sommes déjà en présence d'un grand quatuor.

La première des quatre variations sur l'hymne national autrichien fait briller le premier-violon. Au Menuet, le même musicien confère au Trio en la mineur un timbre voilé, presque mystérieux. Ailleurs, on admire l'imagination dans le phrasé.

Mais la grande surprise du concert, c'est le Hindemith. Le Calidore a choisi le troisième Quatuor (et non le quatrième, comme l'indique le programme). Quelle heureuse idée de sortir de l'habituelle formule Haydn-Mozart-Beethoven pour aller vers autre chose. L'oeuvre «librement atonale» (pour citer Tranchefort), en cinq mouvements contrastants, avait été jouée à Pro Musica par le St. Lawrence en 2007. Il faut mentionner aussi l'enregistrement célèbre qu'en signa, en 1951, le Hollywood String Quartet.

Le Calidore en a offert une lecture tour à tour très énergique et très intérieure. Avec lui, les motifs violemment martelés aux quatre archets ont un sens et la violoncelliste, seule femme du groupe, rend avec une incroyable maestria le solo du quatrième mouvement. L'ovation fut considérable et hautement méritée.

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QUATUOR NAVARRA (Royaume-Uni/Irlande/Pays-Bas):

Quatuor no 10, en mi bémol majeur, op. 125 no 1, D. 87 (1813) - Schubert

Quatuor no 1, en do mineur, op. 51 no 1 (1873) - Brahms

QUATUOR CALIDORE (États-Unis/Canada):

Quatuor no 77, en do majeur, op. 76 no 3, Hob. III : 77 (Kaiserquartett) (1797) - Haydn

Quatuor no 3, op. 22 (1921) - Hindemith

Dans le cadre de l'Académie internationale de quatuor à cordes de McGill. Mercredi soir, Pollack Hall.