La merveilleuse température aidant, les résidents de Repentigny et des environs étaient nombreux au premier rendez-vous estival de l'OSM, mercredi soir, au Parc de l'Île-Lebel. Ils étaient entre 15 000 et 17 000 à s'être déplacés avec leurs chaises pliantes, foule calme et attentive pendant une heure et demie, sans entracte. Ils ont eu droit à une belle fête de la musique.

Comme il est de mise lors de pareils événements, on leur avait concocté un programme bonbon rempli de pièces accessibles, mélodiques, très rythmées et, pour la plupart, bien connues à force d'être entendues au cinéma, dans les dessins animés ou les messages publicitaires, comme la Suite Peer Gynt no 1, de Grieg. L'amplification était bien dosée.

Nathan Brock, chef en résidence de l'OSM, démontre qu'il est consciencieux, rigoureux et compétent, mais aussi prudent et conservateur. Il en résulte une interprétation un peu carrée, martiale et qui manque de souffle, de fluidité et d'inspiration personnelle, même si le jeu des musiciens est impeccable.

Ces lacunes se sont fait sentir dans le fameux Adagio de Samuel Barber, le tout se limitant au développement de crescendos sans véritable montée de la tension dramatique indispensable pour rendre à cette oeuvre tout son lyrisme déchirant. En sortant de sa zone de confort et en prenant plus de risques pour s'approprier les oeuvres, le jeune chef pourrait mieux déployer sa personnalité de musicien et tout le talent qui semble être crispé à l'intérieur de lui. Il pourrait ainsi passer de la catégorie des chefs compétents à celle des chefs qui touchent vraiment les coeurs et marquent les esprits.

Quelques mots sur l'animateur. Au début du spectacle, Charles Lafortune avait l'air un peu guindé mais il a retrouvé son naturel au fil de la soirée et réussi à être drôle, accomplissant, dans l'ensemble, un bon travail d'animation. Il devrait cependant s'abstenir de jouer avec son téléphone cellulaire à cinq mètres de la scène et à la vue de tous pendant que l'orchestre joue. On dira que ce n'est qu'un détail, mais au contraire: ce geste, banal en d'autres lieux, a une certaine portée dans un concert. L'ambiance a beau être décontractée, si l'un des messages que l'orchestre espère livrer en allant dans les parcs est «la musique classique est une chose formidable», son porte-parole pourrait mieux le véhiculer et montrer qu'il y croit en écoutant.

Pour la première fois cette année, le public avait voté en ligne afin d'inscrire au programme trois oeuvres de son choix. Personne ne sera étonné d'apprendre que ce vote s'est manifesté sous le rythme du Boléro de Ravel, pour une finale jubilatoire bien dans la tradition.

On pourra réentendre le même programme jeudi soir au Parc de la Rivière-aux-Pins de Boucherville et vendredi soir au Parc Ahuntsic, 19h30.