Retenu en France par la maladie, Dominique Joubert était remplacé par Vincent Boucher dimanche aux récitals d'orgue de 19 h de la Basilique Notre-Dame. Comme celui qu'il remplaçait, le jeune organiste montréalais fit de son programme un rappel de la mort de Bach, survenue le 28 juillet 1750.

La Toccata et Fugue en ré mineur, BWV 565, l'oeuvre la plus célèbre du répertoire d'orgue, et la Toccata, Adagio et Fugue, BWV 564, autre sommet de la production de Bach et son seul triptyque pour l'instrument, dominaient le programme.

Ces récitals sans entracte font habituellement une heure. M. Boucher régla le tout en 55 minutes. Après avoir remplacé la sixième Sonate de Mendelssohn (en quatre mouvements) par un bref Tournemire tiré de L'Orgue mystique, il traversa la Toccata et Fugue à un train d'enfer.

Cette approche, genre Michel Chapuis, pouvait paraître d'un goût douteux. Pourtant, la pièce est presque entièrement indiquée «prestissimo». M. Boucher a lu «prestississimo». Cette vitesse casse-cou affecta un ou deux détails de coordination et, surtout, empêcha d'apprécier tous les éléments du discours. Mais elle ne ralentit aucunement l'organiste dans ses initiatives en matière de rubato et d'ornementation.

Là comme ailleurs, sa technique était sûre et sa registration, imaginative mais jamais abusive. On en retiendra l'explosion de trompettes en chamades sur le récitatif annonçant la conclusion du BWV 565 et, dans l'Adagio du triptyque, le cornet qu'il composa à partir de trois jeux du Positif.

Les trois petits chorals qu'il glissa entre les deux grands Bach n'ajoutaient rien à l'ensemble mais donnèrent l'occasion d'entendre le caverneux tuba 8-pieds du clavier de Solo (l'un des jeux de Notre-Dame signés Cavaillé-Coll) chanter le cantus firmus du populaire Choral du veilleur.

Vincent Boucher lança son récital avec éclat sur le 12e et dernier des Voluntaries and Fugues de Handel, puis multiplia couleurs et plans sonores pour donner quelque dimension à l'inoffensive Chaconne de Pachelbel.

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VINCENT BOUCHER, organiste. Dimanche soir, Basilique Notre-Dame (orgue à traction électropneumatique Casavant (1890-1991); 92 jeux, quatre claviers manuels et pédale).