La Scala de Milan propose à partir de lundi deux représentations complètes de L'Anneau du Nibelung, menées chacune «tout en une semaine, comme le voulait Richard Wagner» par le maestro israélo-argentin Daniel Barenboïm, un défi logistique que le célèbre théâtre italien n'avait plus accompli depuis 1938.

En cette année de célébrations pour le bicentenaire de la naissance du compositeur allemand, la Scala affichera, pendant deux semaines d'affilée (17-22 et 24-29 juin), les quatre spectacles composant le Ring: son «prologue», L'Or du Rhin, suivi des trois «journées», La Valkyrie, Siegfried et Le Crépuscule des Dieux.

Mis en scène par le Belge Guy Cassiers, ils ont été co-produits par le Staatsoper Unter den Linden de Berlin. L'ensemble du Ring représente environ 15 heures de musique réparties sur quatre soirées.

Si La Scala, qui se flatte d'avoir «une histoire wagnérienne dotée de racines solides et anciennes», a présenté huit fois la Tétralogie intégrale au cours du XXe siècle, il faut remonter à 1938 pour sa dernière représentation en l'espace d'une semaine, sous la baguette de Clemens Krauss.

Wagner lui-même avait réalisé la première exécution intégrale de la Tétralogie dans son théâtre du Festspielhaus de Bayreuth entre le 13 et le 17 août 1876, rappelle-t-on à la Scala.

Il s'agit d'une oeuvre «monumentale, au point qu'elle devient une partie de votre vie», souligne le metteur en scène Guy Cassiers, interrogé par l'AFP quelques jours avant la première du Ring complet.

«La plus grande difficulté est de montrer ces quatre oeuvres de manière si fluide que personne ne se rende compte à quel point c'est en réalité complexe. Faire tout cela en l'espace d'une semaine n'est pas facile», souligne-t-il, citant en exemple les «problèmes de circulation» des différentes pièces de décors sur la scène.

Comme la musique de Wagner, sa mise en scène repose sur des «leitmotivs», «des éléments visuels qui sont explorés, développés et finalement rassemblés dans le dernier chapitre, le Crépuscule des Dieux», explique-t-il, reconnaissant éprouver un brin de «nervosité» avant d'assister à «ce que nous avons préparé pendant si longtemps».

«C'est ce qui est si beau dans le théâtre ou l'opéra: quand à l'extérieur les choses vont de plus en plus vite et que l'on perd le contact direct, le théâtre est l'ultime endroit où prendre du temps, où faire grandir le temps dans un espace isolé. Je pense qu'on en aura de plus en plus besoin : pour moi, les théâtres sont en train de devenir les églises du XXIe siècle», conclut-il.

Le Ring sera le premier spectacle d'envergure joué à la Scala depuis la récente nomination à sa tête de l'Autrichien Alexander Pereira. Il succédera au Français Stéphane Lissner, choisi en octobre dernier pour prendre la tête de l'Opéra de Paris à partir de septembre 2015.