Depuis une semaine, Dina Gilbert flotte sur un nuage. À 27 ans, elle devient chef assistante à l'Orchestre symphonique de Montréal. Elle entre également dans l'histoire en tant que première femme à occuper ce poste à l'OSM.

«Je me pince pour y croire, car je ne pensais pas que j'aurais une aussi belle occasion si rapidement», dit celle qui a terminé son doctorat en direction d'orchestre il y a à peine deux ans à l'Université de Montréal.

Le poste était très convoité: 36 candidats venus de partout au Canada étaient dans la course.

«Je suis consciente de la chance que ça représente dans une carrière et je sais que je suis très privilégiée», constate la jeune femme.

Son rôle consistera à assister aux répétitions et aux concerts de l'orchestre en étant dans la salle, pour aider Kent Nagano à mieux équilibrer certains détails en fonction de l'acoustique. Elle sera aussi appelée à mener des pré-répétitions avec des solistes, à diriger certains concerts des matinées symphoniques et à collaborer à la mise au point de la série Jeux d'enfants.

Ce mandat d'une année, renouvelable, est distinct de celui de chef en résidence assumé par Nathan Brock, dont les responsabilités sont plus importantes sur le plan de la direction musicale. M. Brock a lui-même débuté à l'OSM comme chef assistant, en 2009.

Cheminement

Elle a beau avoir l'air d'une collégienne avec ses cheveux noués en queue de cheval, Dina Gilbert cumule un bagage impressionnant. À 4 ans, elle commence le piano, et elle fait partie de chorales pendant toute sa jeunesse. Dès l'âge de 15 ans, elle dirige des choeurs et, plus tard, des orchestres d'harmonie. Au secondaire, elle s'initie à la clarinette, qui allait devenir plus tard son instrument principal. «Au cégep, j'ai eu un coup de coeur pour la clarinette, dit-elle. Elle me permettait de jouer avec d'autres musiciens au lieu d'être enfermée seule pendant des heures dans un tout petit local. J'aime travailler en équipe, être avec les autres. C'est cela qui m'a attirée vers la direction.»

C'est Paolo Bellomia, professeur, fondateur et responsable du programme de direction d'orchestre à l'Université de Montréal, qui a découvert son potentiel.

«Au baccalauréat, elle a suivi mon cours d'initiation à la direction d'orchestre, et j'ai tout de suite remarqué qu'elle avait une facilité de geste extraordinaire. Je lui ai dit qu'elle devrait sérieusement envisager de faire de la direction, puis je l'ai préparée pendant un an à passer une audition pour entrer à la maîtrise», raconte Paolo Bellomia.

Lui et le chef d'orchestre Jean-François Rivest ont guidé l'apprentissage de la jeune chef tout au long de sa maîtrise et de son doctorat.

«Je la décrirais comme une musicienne dynamique, consciencieuse, appliquée, méthodique, organisée. C'est une fille extrêmement travaillante et tenace. Elle a un beau mélange de force de caractère et de juste modération. Ça lui donne un bel équilibre. Et malgré toutes ces qualités, elle ne se prend pas pour une autre», dit Jean-François Rivest.

En 2010, Dina Gilbert a fondé à Montréal son propre ensemble à cordes, Arkea. En 2012, elle a été nommée chef assistante du Peterborough Symphony Orchestra et du Kawartha Youth Orchestra en Ontario. D'ici son entrée en fonction, à l'automne, elle passera son temps à étudier l'ensemble du répertoire dirigé par Kent Nagano pour la saison à venir.

«Je me sens comme une enfant dans un magasin de bonbons! Et je compte bien profiter de chaque seconde.»