Après «six années merveilleuses», le chef d'orchestre français Lionel Bringuier raccroche sa baguette de chef résident de l'Orchestre Philharmonique de Los Angeles, le LA Phil, et prépare son arrivée en 2014 à la direction musicale de l'Orchestre de la Tonhalle de Zurich.

C'est en 2007 que le chef prodige, aujourd'hui âgé de 26 ans, entre au LA Phil comme assistant du directeur musical de l'époque, le Finlandais Esa-Pekka Salonen. Avant d'y gravir les échelons.

«Ce qui a été merveilleux pendant toutes ces années, c'est la confiance que l'orchestre m'a accordé», explique Lionel Bringuier à l'AFP, à la veille de ses derniers concerts en tant que chef «maison». «Tous les deux ans, j'ai été promu: chef assistant, associé, puis résident. Une belle progression».

Au cours de ces six années, ce Niçois lauréat à 19 ans du prestigieux concours de direction d'orchestre de Besançon, a également assisté en 2009 à l'arrivée du nouveau directeur musical de l'orchestre, le fougueux Vénézuélien Gustavo Dudamel, devenu un ami proche.

Le jeune chef a «énormément appris» avec ses deux directeurs musicaux, et se souvient aussi du «bonheur» de rencontrer certains chefs invités prestigieux «comme Lorin Maazel, avec qui j'ai partagé la scène pour le War Requiem de Britten, écrit pour deux orchestres. C'était un grand moment».

«Je retiens aussi les tournées avec l'orchestre - pendant lesquelles se crée un lien très personnel avec les musiciens - notamment tout le cycle Mahler dirigé par Gustavo Dudamel à Caracas. Pour la 8e symphonie, nous étions 1800 sur scène», se souvient-il.

À Los Angeles, Lionel Bringuier a tout dirigé, du grand répertoire à la musique contemporaine, en passant par les concerts d'été à ciel ouvert du Hollywood Bowl ou les concerts pour enfants.

«J'ai toujours senti que c'était un orchestre très flexible, avec lequel il n'y avait pas besoin de parler beaucoup», dit-il. «Je me souviendrai toujours que lors de l'audition (pour le poste d'assistant), on s'était compris tout de suite, on n'avait pas besoin de se parler. Et heureusement, parce qu'à l'époque, je parlais très mal anglais!».

«Et ce qui est beau, c'est que j'ai déjà le projet de revenir au LA Phil comme chef invité, dès la saison prochaine. Donc, ce n'est pas une fin, pour mon plus grand bonheur», déclare-t-il.

Pour ses derniers concerts comme chef résident, ce week-end au Walt Disney Concert Hall, le chef a choisi un programme 100% français, avec Les offrandes oubliées de Messiaen, le Concerto pour piano n°5 de Saint-Saëns et deux oeuvres de Ravel: la Suite n°2 de Daphnis et Chloé et La valse.

Lionel Bringuier retrouvera pour l'occasion le pianiste français Jean-Yves Thibaudet - installé depuis quinze ans à Los Angeles - et bouclera la boucle, puisque c'est avec lui qu'il avait donné son tout premier concert au LA Phil.

En septembre 2014, le chef deviendra directeur musical de l'Orchestre de la Tonhalle de Zurich, une vénérable institution qui fêtera ses 150 ans en 2018.

«La Townhalle, ça a été le coup de foudre, comme le LA Phil. Dès les premières mesures de L'oiseau de feu de Stravinsky, j'ai senti qu'on était connectés. À tel point qu'on a organisé un autre concert dans la saison, alors que les dates sont habituellement bloquées des années à l'avance», dit-il.

D'ici là, tout en préparant sa première saison, il poursuivra ses collaborations, comme chef invité, avec les plus prestigieuses phalanges européennes et américaines.

Il fera notamment ses débuts avec les orchestres symphonique de San Francisco et Sydney, et avec l'Orchestre de l'Opéra de Paris. Il fera également ses premiers pas à la Scala de Milan, dans une production de Carmen.