La violoniste italo-écossaise Nicola Benedetti, 25 ans, a au moins un mérite: elle nous aura appris l'existence en Islande d'un volcan nommé Eyjafjallajökull.

On se rappellera que l'éruption dudit volcan, en avril 2010, perturba le trafic aérien et entraîna, entre autres choses, l'annulation du récital qu'elle devait donner à Pro Musica, salle Maisonneuve.

Partie remise, la nouvelle venue, avec trois ans de plus sur ses belles épaules, a enfin pu remplir son engagement et, du même coup, bénéficier du décor de la Maison symphonique qui, en 2010, n'était pas encore prête à la recevoir.

Une chose est certaine: il n'y a rien, absolument rien, de volcanique - au sens d'ardent, d'impétueux - dans le jeu de la visiteuse et jusque dans sa façon d'entrer en scène et de se tenir debout, face à son lutrin. On dirait une élève appliquée venue faire tranquillement ses gammes. L'élève joue toujours juste et avec un son nourri, mais tout ce qu'elle fait demeure au premier degré: pas un instant d'imagination ou d'originalité dans l'attaque, dans le phrasé, dans la sonorité... sauf à un endroit.

Ici, prière de bien noter: dans le Brahms, tout à la fin de l'Adagio, le passage en doubles cordes est pris un peu bas, c'est-à-dire pas tout à fait faux mais presque, histoire de «faire dramatique». Assez réussi, cet effet. Mais il ne dure que quelques secondes.

Pour le reste: rien, le néant absolu. Le Beethoven et le Brahms sont joués dans le même style, c'est-à-dire sans style. Dieu merci, il n'y a pas de reprises dans ces deux sonates (sauf au Scherzo du Beethoven). Même le Strauss pourtant plus lyrique ne lève pas de terre. À ce compte-là, la violoniste aurait pu faire la coupure de deux pages qu'on fait souvent et personne ne s'en serait plaint. Seule l'agitation du pianiste, derrière, nous empêche de tomber de sommeil.

Il faut toutefois préciser, à la décharge de la jeune fille, que la Maison symphonique, même en partie fermée, reste bien grande pour un récital de violon. Le slogan de Pro Musica, «La musique dans toute son intimité», ne correspond donc pas à la réalité.

Les applaudissements modérés de l'auditoire peu nombreux ne justifiaient pas un rappel. Hélas! rappel il y eut. La violoniste vanta d'abord la beauté de la salle, puis annonça le thème de Schindler's List. Une banale musique de film. Or, c'est ce qu'elle a joué avec le plus d'âme. On voit le niveau.

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NICOLA BENEDETTI, violoniste, et ALEXEI GRYNYUK, pianiste. Lundi soir, Maison symphonique, Place des Arts. Présentation: Société Pro Musica.

Programme:

Sonate no 7, en do mineur, op. 30 no 2 (1802) - Beethoven

Sonate no 1, en sol majeur, op. 78 (1879) - Brahms

Sonate en mi bémol majeur, op. 18 (1888) - Strauss