Le Fauré Quartett offre la particularité de défendre le rare répertoire destiné à la combinaison piano-violon-alto-violoncelle et, surtout, d'avoir adopté le nom d'un compositeur français tout en venant d'Allemagne, où il a été formé en 1995 par les musiciens qui le composent encore aujourd'hui.

Le LMMC le fit connaître ici en 2008, le ramena en 2010 et le présentait de nouveau dimanche. Fauré n'ayant laissé que deux quatuors pour piano et cordes, l'ensemble a vite épuisé cette partie du catalogue. En 2008, il avait joué l'op.15; cette fois, l'op. 45.

On se dit que le nom de Brahms conviendrait davantage à l'ensemble : Brahms est lui aussi allemand et il a composé non pas deux mais trois quatuors pour cette formation. De Brahms, le groupe joua l'op. 60 en 2008 et choisissait cette fois l'op. 26. Procédant à rebours, il offrira sans doute l'op. 25 à sa prochaine visite.

Car il reviendra très certainement, ayant donné dimanche un concert exceptionnel qui suscita une longue ovation de la part de ce public averti.

Le Fauré Quartett joue son «saint patron» avec une intensité et une passion peu fréquentes, et même mal vues, en tradition française. D'accord, le pianiste a tendance à jouer trop fort, à mettre deux «f» où le compositeur se contente d'un seul.

En fait, le piano devient ici l'élément unificateur autour duquel gravitent les trois cordistes et ceux-ci s'engagent dans Fauré avec la même totale générosité de geste et de son. Mais la nuance y a aussi sa place, au piano comme aux cordes. Ainsi, a-t-on jamais entendu, au mouvement lent, des pizzicati d'un tel velouté?

Discutable, ce Fauré? Peut-être. En tout cas, toujours convaincant et, surtout, jamais mièvre, comme c'est souvent le cas. Avec le pianiste toujours en autorité, l'ensemble allemand va encore plus loin dans le Brahms; le contraire eût surpris. Le très long op. 26, joué avec la reprise au premier mouvement, fait près d'une heure et prend des proportions quasi orchestrales et tout à fait appropriées.

Brahms, comme tout à l'heure Fauré, poussé au maximum. Il n'y avait rien à ajouter. Pourtant, le violoncelliste annonça... un arrangement du Marché de Limoges, l'un des Tableaux d'une exposition de Moussorgsky.

FAURÉ QUARTETT - Dirk Mommertz (piano), Erika Geldsetzer (violon), Sascha Frömbling (alto) et Konstantin Heidrich (violoncelle). Dimanche après-midi, Pollack Hall de l'Université McGill. Présentation : Ladies' Morning Musical Club.

Programme :

Quatuor no 2, en sol mineur, op. 45 (1886) - Fauré

Quatuor no 2, la majeur, op. 26 (1862) - Brahms