En plein Festival Bach, l'Orchestre Métropolitain présente deux concerts sur le thème Bach et les romantiques. Immédiatement, on fait le lien entre le Festival et ces deux concerts...mais il n'y en a pas. Ce sont deux opérations tout à fait indépendantes. Pourtant, ces deux concerts auraient pu être inclus dans le Festival. Ils auraient donné à celui-ci une dimension additionnelle et lui auraient amené quelques centaines d'auditeurs de plus. Au départ, ils ne s'écartent en aucune façon de la formule du Festival. Une oeuvre de Bach y alterne avec une symphonie du romantisme germanique, tout comme plusieurs concerts du Festival font voisiner le Cantor avec d'autres compositeurs. Il serait intéressant de savoir pourquoi exactement le «mariage» n'a pas été possible.

Quoi qu'il en soit, le premier concert nous a valu une stimulante interprétation de la quatrième Symphonie de Mahler par Yannick Nézet-Séguin et ses quelque 70 musiciens. Le jeune chef avait dirigé l'oeuvre en 2003, en prévision d'un enregistrement qui parut l'année suivante. Le concert avait été bien mauvais (il s'agissait effectivement d'une répétition!), mais une brillante réussite couronna l'enregistrement. Cette fois, le concert est, aussi, une brillante réussite, et même davantage car Nézet continue de progresser comme interprète : il va plus loin dans le détail orchestral et instrumental, aidé en cela par l'acoustique beaucoup plus vive de la nouvelle salle, et il a approfondi son traitement du mouvement lent.

Cette symphonie est à la fois la plus connue, la plus courte et la plus légère des 10 de Mahler. Dirigeant de mémoire, le jeune chef en souligne bien le côté caricatural, principalement au Scherzo (le deuxième mouvement), avec son violon-solo aux deux instruments accordés différemment et son trio central auquel il donne une allure inhabituellement capricieuse. Les premiers-violons sont légèrement faux dans leurs longues tenues au suraigu, vers la fin du premier mouvement, mais retrouvent leur justesse dans un passage semblable du début du mouvement lent, où les seconds-violons les appuient. De ce même mouvement lent se détache le hautbois de Lise Beauchamp, on ne peut plus «klagend», c'est-à-dire plaintif, et donnant le ton de cette page très émouvante qui contraste avec le reste.

En début de concert, l'éclatante Cantate no 51 de Bach trouve l'OM réduit à 25 musiciens, comme le veut le sujet. Stéphane Beaulac, le trompette-solo de l'orchestre, est irréprochable dans ses quelques interventions, mais Suzie LeBlanc gâte tout, comme plus tard dans son solo final du Mahler. La voix est toute petite, monochrome, pas toujours juste, inaudible au grave et ratant presque toutes les notes aiguës. La frêle chanteuse connaît aussi quelques problèmes de rythmique élémentaire mais possède une certaine souplesse dans les mélismes.

ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN. Chef d'orchestre : Yannick Nézet-Séguin. Solistes : Suzie LeBlanc, soprano, et Stéphane Beaulac, trompettiste. Vendredi soir, Maison symphonique, Place des Arts.

Programme :

Cantate Jauchzet Gott in allen Landen, pour soprano, trompette, cordes et continuo, BWV 51 (1730) - Bach

Symphonie no 4, en sol majeur, avec soprano-solo au 4e mouvement (1899-1901) - Mahler