Deux ans après son dernier passage ici, le Toronto Symphony nous revenait dimanche après-midi, de nouveau avec celui qui est son titulaire depuis 2004, Peter Oundjian, mais avec un programme plus étoffé. Comme pièce de résistance, le TS avait choisi la douzième Symphonie de Chostakovitch. Sorte de documentaire sonore sur la Révolution bolchevique de 1917, la longue et lourde partition, en quatre mouvements enchaînés, fait généralement 40 minutes; elle en faisait cette fois 45.

Par-dessus tout, elle requiert un orchestre très gros, très virtuose et très fort en percussions. Toronto nous a donné tout cela, dans une Maison symphonique bien remplie où il faisait à son tour ses débuts. Tout comme dans les deux oeuvres qui précédaient le Chostakovitch, l'orchestre torontois s'est révélé très solide dans ses composantes et dans son tout. Aucune réserve à faire sur les cordes, les cuivres ou les percussions. Seule petite exception: les bois de l'OSM ont plus de personnalité. C'est d'ailleurs par eux que l'OSM s'est toujours distingué de tant d'autres orchestres.

L'interprétation maintenant. Ce qu'on a entendu là n'efface évidemment pas le souvenir des grands orchestres russes et des documents qu'ils ont laissés de ce répertoire. Pensons à l'enregistrement que Mravinsky et le Philharmonique de Leningrad réalisèrent de cette oeuvre l'année même, 1961, où ils la créèrent. Dutoit et l'OSM nous avaient donné en mars 2000 une bouleversante Douzième de Chostakovitch. Oundjian-TS constitue un très bon deuxième choix.

Tout comme en 2010, M. Oundjian s'est adressé au public, en français puis en anglais, et a invité au micro le Québécois Marc-André Savoie, assistant-violon-solo du TS, qui, dans un lapsus, a déclaré: «Nous sommes toujours contents de venir jouer à Toronto.» M. Oundjian a aussi salué la comédienne Monique Mercure, venue entendre la pièce de son mari qui ouvrait le concert. Ce Triptyque de 10 minutes, aux trois plans très contrastants, sonne encore parfaitement bien après plus d'un demi-siècle, et même plus «moderne» que bien des musiques plus récentes.

L'oeuvre avec soliste en comptait cette fois trois: c'était le fameux Triple Concerto de Beethoven. On y avait réuni le pianiste André Laplante, l'ex-Montréalais Jonathan Crow, devenu violon-solo du TS, et la violoncelliste Shauna Rolston, professeur dans la Ville reine. Totalisant 43 minutes, l'exécution se ramena à une bonne première lecture. Le tempo beaucoup trop lent adopté pour le Largo central affecta la synchronisation des trois solistes et de l'orchestre. À ces problèmes s'ajouta le déséquilibre causé par l'insuffisance sonore du violoncelle. Ce qui venait du violon et surtout du piano était, par contre, impeccable.

TORONTO SYMPHONY ORCHESTRA.

Chef d'orchestre: Peter Oundjian.

Présentation: OSM, série «Dimanches en musique»