Le principal élément d'intérêt à l'Orchestre de chambre McGill mardi soir, salle Bourgie, était le célèbre Quintette La Truite de Schubert tel que transformé en concerto par Boris Brott, le chef du petit orchestre, et joué par un pianiste américain de 16 ans qui faisait là ses débuts dans cette ville.

La publicité le décrit comme «enfant prodigue». On aura compris qu'il s'agit d'un «enfant prodige». Llewellyn Sanchez-Werner - c'est son nom - étudie présentement à New York, à Juilliard, avec la redoutable Yoheved Kaplinsky. Sa notice biographique nous apprend encore qu'il a joué devant le président Obama, devant le président du Rwanda, et jusqu'à Bagdad.

À 16 ans, le jeune homme est déjà un pianiste de premier plan: technique très forte et très complète, grande sonorité, belle musicalité. Rien à redire. Comme le Quintette de Schubert n'est pas la chose la plus profonde qui soit, le nouveau venu a voulu donner une meilleure idée de son talent en ajoutant en rappel le Nocturne op. 48 no 1 de Chopin. Là encore, une technique à tout casser et un véritable déluge sonore. Il faudra simplement réduire un peu les transports...

L'arrangement du Schubert avait été tenté il y a trois ans sur une scène concurrente, celle de Yuli Turovsky et ses Musici. Les deux travaux diffèrent en certains points. Brott conserve intacte la partie de piano et respecte toutes les reprises, sauf la très longue au premier mouvement. Le plus souvent, les 16 musiciens se partagent les quatre parties de cordes, produisant ainsi une bonne texture orchestrale. Brott crée aussi des plans différents en retournant à l'original: un musicien par partie. Ainsi, au quatrième mouvement, constitué de cinq variations sur le fameux lied Die Forelle, c'est-à-dire La Truite. Tout s'est bien déroulé, sauf la deuxième variation, nettement au-dessus des moyens de la jeune violon-solo, qui avait déjà connu des problèmes dans le Mendelssohn, avant l'entracte.

Ce Mendelssohn - neuvième des petites Symphonies de jeunesse, pour cordes - révèle un musicien très doué mais compte peu dans le répertoire. L'acoustique de la salle Bourgie lui donne, ainsi qu'au petit orchestre, beaucoup de relief. Les deux pièces du Torontois Sir Ernest MacMillan, grand ami de ce qu'on appelait alors le Canada français, furent dirigées et jouées avec le même sentiment.

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ORCHESTRE DE CHAMBRE McGILL. Chef d'orchestre: Boris Brott. Soliste: Llewellyn Sanchez-Werner, pianiste. Mardi soir, Salle Bourgie du Musée des beaux-arts.

Programme:

Two Sketches on French Canadian Airs (1927) - MacMillan

Symphonie pour cordes no 9, en do majeur (1823) - Mendelssohn

Quintette pour piano et cordes en la majeur, op. 114, D. 667 (Die Forelle) (1819) - Schubert, arr.: Boris Brott