Dans le cadre des Journées Debussy présentées à la salle Bourgie du Musée des beaux-arts en lien avec l'exposition sur l'impressionnisme et le 150e anniversaire du célèbre compositeur, un programme axé sur sa musique de chambre réunissait vendredi en fin d'après-midi sept musiciens de l'OSM : les violonistes Olivier Thouin et Marianne Dugal, l'altiste Rémi Pelletier, le violoncelliste Sylvain Murray, le flûtiste Denis Bluteau, la harpiste Jennifer Swartz et le contrebassiste Ali Yazdanfar.

Des quatre oeuvres au programme, la plus ancienne est aussi la plus célèbre : c'est le Quatuor à cordes op. 10, de 1893, qui ouvrait le concert. Les trois autres sont d'un créateur entré dans le XXe siècle naissant et, dans le cas de la rare Sonate pour flûte, alto et harpe, de 1915, d'un être miné par la maladie et démoralisé par les événements qui secouaient alors le monde.

Toutes les exécutions furent de premier plan, le fait de musiciens accomplis qui travaillent bien ensemble et ont quelque chose à dire. Dans le Quatuor, la cohésion et la pensée étaient celles d'un ensemble professionnel. Parfait dans le célèbre et bref Syrinx, pour flûte seule, M. Bluteau ignora simplement l'indication finale de Debussy, qui se lit très clairement «très retenu - perdendosi». Qualifiée par son auteur d'«affreusement mélancolique» et considérée par certains comme un chef-d'oeuvre, la Sonate à trois instruments reste une chose abstraite et bien ennuyeuse. Elle fut pourtant magnifiquement jouée. Les deux Danses, sacrée et profane, respectivement en mineur et en majeur, mirent en relief le jeu brillant et subtil de la harpiste Jennifer Swartz. Le quintette d'archets y remplaçait adéquatement l'orchestre à cordes prescrit dans la partition.

L'événement avait attiré tout un public qu'on ne voit jamais aux concerts de musique de chambre et qui en ignore évidemment les habitudes - un public dont il faut se réjouir qu'il soit là mais à qui il faudrait expliquer que les applaudissements entre les mouvements sont superflus, qu'ils perturbent le déroulement musical, dérangent les musiciens et irritent les habitués de ces concerts. On vit aussi bien des gens entrer en retard ou sortir avant la fin, et toutes sortes de bruits, dans la salle et à l'extérieur, troublèrent l'audition. Or, s'il est un genre qui ne souffre aucun de ces maux, c'est bien celui, très particulier, de la musique de chambre.

MUSICIENS DE L'OSM. Programme Debussy. Vendredi après-midi, salle Bourgie du Musée des beaux-arts.